Deux chercheurs américains en macroéconomie obtiennent le Nobel

Publié le 10-10-11 à 17:20    Modifié à 17:09     Réagir

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STOCKHOLM (AP) — Les Américains Thomas Sargent et Christopher Sims ont remporté le prix Nobel d'économie lundi pour avoir mis en lumière le lien de cause à effet entre l'économie et les instruments de politique comme les taux d'intérêts et les dépenses publiques.

Tous deux âgés de 68 ans, ils ont développé chacun de leur côté dans les années 1970 et 1980 des méthodes pour répondre aux questions de savoir par exemple comment la croissance économique et l'inflation sont affectées par une augmentation temporaire des taux d'intérêts ou des baisses d'impôts. Les méthodes qu'ils ont développées sont devenues "des outils essentiels de l'analyse macroéconomique", souligne le comité Nobel.

Thomas Sargent enseigne à l'Université de New York et Christopher Sim à celle de Princeton.

L'annonce des lauréats en économie boucle la saison 2011 des Nobel. La cérémonie de remise des prix et du chèque de 10 millions de couronnes suédoises (environ 1,1 million d'euros) versé pour chaque discipline aura lieu le 10 décembre -jour anniversaire de la mort d'Alfred Nobel en 1895- à Stockholm, à part pour le prix Nobel de la paix, remis à Oslo.

En ce qui concerne les lauréats en économie, "Sargent nous a aidés à comprendre les effets des changements politiques systématiques et Sims s'est concentré sur la façon dont les chocs se propagent dans toute l'économie", résume l'Académie royale des sciences de Suède. Ils ont développé des modèles servant à mesure la façon parfois surprenante dont les gens réagissent à des changements de politique économique.

Thomas Sargent a montré comment "la macroéconomie structurelle" peut servir à analyser les changements permanents dans la politique économique, une méthode qui peut être appliquée à l'étude de la façon dont les ménages et entreprises ajustent leurs attentes en fonction des événements économiques.

Christopher Sims a mis au point une méthode basée sur le "vecteur autorégressif" (VAR) pour analyser l'impact sur l'économie de changements temporaires dans la politique économique ou d'autres facteurs comme une augmentation des taux d'intérêts, précise l'Académie.

Les deux chercheurs, explique David Warsh, auteur du blog Economic Principles (Principes économiques), ont contribué aux modèles utilisés aujourd'hui par les gouvernements pour décider de réduire les déficits ou de dépenser plus afin de sortir l'économie de l'ornière.

"On peut dire sans exagérer que les méthodes de Sargent et Sim sont utilisées quotidiennement (...) dans toutes les banques centrales du monde développé que je connaisse ainsi que dans plusieurs ministères des Finances", a souligné l'un des membres du comité, Torsten Persson.

Thomas Sargent, qui conseille les banques centrales de Minneapolis, San Francisco et Chicago, selon l'université de New York, travaille notamment en ce moment sur le développement de modèles permettant de comprendre la persistance d'un chômage élevé en Europe.

Interrogé sur les turbulences financières actuelles, Christopher Sims a répondu qu'il n'avait "pas de réponse simple". "Mais je pense que les méthodes que j'ai utilisées et que Tom (Sargent) a développées sont au coeur de la solution pour nous sortir de cette pagaïe", a-t-il dit. "Je pense qu'elles indiquent un moyen de tenter de comprendre pourquoi nos graves problèmes se développent, et une nouvelle recherche utilisant ces méthodes pourrait nous permettre d'en sortir."

Le Nobel va-t-il changer sa vie? "J'espère que non, pas du tout. Je vais travailler et continuer à faire ce que je fais. J'aime bien ce que je fais", a-t-il dit à l'Associated Press dans un entretien téléphonique depuis le train qui l'emmenait de New York à Princeton pour donner ses deux cours de la journée.

Quant aux 5 millions de couronnes qu'il touchera, Christopher Sims a répondu: "la première chose que je ferai sera de les garder en liquide un moment pour réfléchir" à leur utilisation. AP

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