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Παρασκευή 2 Σεπτεμβρίου 2011


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Π. Μπεγλίτης: Στο Ισραήλ ύστερα από πρόσκληση του ισραηλινού υπ. Άμυνας — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

Π. Μπεγλίτης: Στο Ισραήλ ύστερα από πρόσκληση του ισραηλινού υπ. Άμυνας — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

ΤΟ ΒΗΜΑ - Στο Ισραήλ ο κ. Πάνος Μπεγλίτης - πολιτική

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Grèce : la tragédie a assez duré

Athènes lorgne vers Buenos Aires

Publié le 02 septembre 2011 à 15:55 dans Économie
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Avant-hier, la forte hausse du CAC 40 confirmait mon analyse de « la crise économique (qui) suspend son vol ». Mais voici qu’entre temps, les choses se sont considérablement compliquées à Athènes, dont le parlement juge « la dette hors de contrôle ».
Ajoutons à ce triste constat que les négociations pour appliquer le plan de « soutien » à la Grèce n’en finissent plus. Ainsi, sa ratification par les parlements nationaux est actuellement bloquée par les atermoiements de la Finlande. Depuis le 21 juillet, Helsinki – qui doit contribuer à hauteur de 2% des montants – refuse en effet d’accorder sa garantie sans obtenir de contrepartie de la Grèce . Athènes pourrait par exemple céder une de ses entreprises publiques à Helsinki si elle ne parvenait pas à rembourser ses dettes.
Si la Finlande obtenait gain de cause, cela ouvrirait une boîte de Pandore. L’Autriche, les Pays Bas, la Slovaquie ont d’ores et déjà formulé des exigences similaires, ce qui a fait hurler Jean-Claude Trichet ainsi que l’Allemagne et la France.
Bien évidemment, la Grèce ne peut fournir aucune garantie équivalente au montant du plan d’aide. Bref, contre toute attente, les difficultés qui s’amoncellent risquent de faire capoter la négociation du plan d’aide.
A Athènes, le ministre des finances a beau s’efforcer de répondre aux desiderata de la troïka bureaucratique (FMI, BCE et Commission européenne), la situation se tend. Le parlement grec ne se contente pas de tirer la sonnette d’alarme. Il affirme carrément que les différents plans d’austérité « ne peuvent pas restaurer l’état des finances », n’hésitant pas à contredire la politique suivie par le gouvernement grec depuis un an et demi !
Ses résultats sont totalement désastreux : après une chute du PIB de plus de 4% l’an dernier, la récession devrait s’aggraver en 2011, le second trimestre ayant même enregistré une dépression de 6.9% . Dire que la troïka avait prévu une légère croissance pour 2012 ! Même pioche pour le déficit budgétaire, qui dépasse lui aussi les prévisions les plus pessimistes : loin de la baisse de 7.6% attendue cette année, il s’aggrave en 2011.
Sans jouer les Cassandre, on peut dire que cette issue était prévisible. L’austérité sauvage imposée à Athènes pour renflouer ses créanciers plombe tellement la croissance grecque que l’augmentation des recettes permise par la réduction des dépenses et la hausse des impôts reste sans effets. S’ils restent englués dans le cadre actuel, les Grecs s’enfonceront dans une impasse et un troisième plan sera bientôt lancé, sans plus de succès que les précédents.
A terme, toute la question est de savoir si l’Union Européenne autorisera Athènes à restructurer sa dette ou si les dirigeants grecs, lassés de saigner leur pays, ne seront pas tentés d’imiter le précédent argentin. La Grèce se rapproche en effet de la situation de l’Argentine de 1999, lorsque Buenos Aires organisait une déflation pour retrouver sa compétitivité perdue face au Brésil et aux dragons asiatiques. Entre 1998 et 2001, le PIB argentin baissa de 10%, avant que la grave crise de 2002 aboutisse à une dévaluation et à un défaut de paiement. Cette période de gros temps avait finalement abouti au redressement de l’économie argentine.
Comme pour l’Argentine au tournant du siècle, la Grèce s’oriente probablement vers un défaut partiel sur sa dette devenue irremboursable, Une sortie de l’euro et une dévaluation de la nouvelle drachme paraissent non moins inévitables. La seule inconnue est de savoir quand tout cela arrivera. Pour rendre l’ajustement monétaire et économique moins brutal, le plus tôt serait le mieux.
Si la Grèce était sortie de l’euro cette année, elle devrait restructurer une dette équivalente à 160% de son PIB. Si rien n’est fait pour enrayer les processus en cours, ce chiffre déjà astronomique atteindra des sommets dans les mois et les années à venir.
A moins de vouloir se retrouver le couteau sous la gorge, les Grecs gagneraient à méditer l’exemple argentin…



02/09 | 07:00 | Trhierry Drilhon et Samuel Rouvillois4commentaires

DE THIERRY DRILHON ET SAMUEL ROUVILLOIS

Pour une Union européenne des diplômes

ECRIT PAR
Trhierry Drilhon
  
Samuel Rouvillois
A l'heure où l'on ne parle que de la crise économique grecque et de la survie de l'euro, les étudiants et jeunes diplômés européens nous montrent à quel point l'Union européenne est, pour eux, beaucoup plus qu'un concept ou un idéal : c'est leur terrain d'existence, leur écosystème.
Ayant grandi dans un environnement où se rendre à Londres est devenu aussi simple et naturel que de prendre le métro, où non seulement l'anglais est devenu omniprésent mais où le multilinguisme est en passe de le devenir, où étudier à l'étranger est devenu la norme et où la recherche d'emploi se décline à l'échelle d'un continent, il n'est plus envisageable, dans leur esprit, que l'Europe soit autre chose que cet espace ouvert dans lequel ils sont libres de grandir, d'évoluer, de partager, de se mouvoir et de s'émouvoir.
Mais cette intégration de l'Europe à leur vie quotidienne se heurte désormais à une double absence : celle de véritables références collectives et effectives, et celle d'un modèle éducatif européen unifié, normalisé, accessible à tous les unissant par-delà les frontières : un « Erasmus universel » en quelque sorte.
Creuset de richesses culturelles, l'Europe souffre à la fois d'une diversité qui n'arrive pas à trouver son unité de sens et de barrières persistantes quand il s'agit d'éducation que les jeunes ressentent comme des contradictions criantes : Erasme avait appris le grec à Paris, étudié en Angleterre, était devenu docteur en théologie à Bologne avant d'enseigner à Louvain. Pas besoin à l'époque de remplir de fastidieux formulaires pour obtenir une équivalence de diplôme, de recueillir des crédits de transfert ou d'espérer une reconnaissance académique élusive.
Il devient dès lors impératif d'avancer vers la simplification de la reconnaissance des diplômes au niveau européen et d'insister sur la mise en évidence d'un socle de valeurs communes pour enfin dépasser l'Europe des nations et aller vers l'Europe des peuples.
Nos étudiants sont attachés aux symboles identitaires de l'Union que sont son drapeau, son hymne et sa monnaie. Malheureusement, ces symboles manquent singulièrement d'humanité à force de vouloir être consensuels et incapables de signifier de manière effective notre fraternité commune. Titulaires de diplômes européens, reconnus comme tels dans le monde entier, qu'ils aient été obtenus à Paris, Berlin, Nicosie ou Vilnius, nos diplômés incarneront l'Europe et deviendront un symbole vivant du nouveau souffle européen. Ils en seront les ambassadeurs à l'étranger, les preuves vivantes d'un renouveau de cette intelligence et de cette créativité en réseau qui caractérise la « fratrie européenne ».
Riche de ses différences, de ses diversités, du génie méditerranéen à l'âme slave en passant par le pragmatisme anglo-saxon, l'Europe, en adoptant un système diplômant unique et en favorisant de véritables réseaux interpersonnels, renforcera son rôle de formidable vivier de compétences. Elle redeviendra le pôle d'attractivité et de savoir dont Erasme fut l'incarnation. Elle deviendra notre maison.

Τουρκικές απειλές για τις έρευνες πετρελαίου από την Κύπρο — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

Τουρκικές απειλές για τις έρευνες πετρελαίου από την Κύπρο — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

DW: Η αποχώρηση της τρόικας και η Γερμανία — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

DW: Η αποχώρηση της τρόικας και η Γερμανία — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

ΣΚΑΪ Player TV LIVE — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

ΣΚΑΪ Player TV LIVE — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

Espionnage de journalistes : refuser la « Stasi » française

Stasi, le mot peut sembler outrancier. Ce n'est pas moi qui compare la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) à l'ancienne police secrète de la RDA, c'est… Brice Hortefeux.
Il y a près d'un an, en pleine affaire Bettencourt, celui qui était encore ministre de l'Intérieur jurait ses grands dieux que la DCRI ne fouillait pas dans les relevés téléphoniques des journalistes : « La DCRI, ce n'est pas la Stasi ou le KGB, l'objectif de la DCRI n'est pas de suivre les journalistes », avait-il déclaré en novembre à plusieurs reprises. (Voir la vidéo de France 2)

A l'époque, le pouvoir admettait avoir farfouillé dans les relevés téléphoniques d'un des informateurs supposés du journal : un conseiller de l'ancienne garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie (qui sera brutalement mutée en Guyane).
C'était déjà scandaleux, mais les autorités assuraient qu'il n'était pas question d'en faire de même avec les journalistes. « Les seuls journalistes qui m'intéressent sont ceux qui fricotent avec les services étrangers », déclarait au Journal du DimancheBernard Squarcini, patron de la DCRI, un homme proche de Nicolas Sarkozy.

Basse police et police politique

Selon les informations publiées par Le Monde, le pouvoir mentait. Ces méthodes dignes, selon Hortefeux, de la « Stasi » étaient bel et bien utilisées. Le Monde le résume ainsi dans son éditorial  :
« Le contre-espionnage a bien demandé sur réquisition officielle, à France Télécom, les facturations détaillées (fadettes) de notre collaborateur Gérard Davet. Il a fait cette demande le 19 juillet 2010, juste après la publication, dans nos colonnes, d'un procès-verbal mettant directement en cause M. Woerth. »
Cette affaire est extrêmement grave, à plusieurs titres :
  • la police a utilisé en France des méthodes illégales. Selon la loi du 4 janvier 2010, aucune autorité ne peut « porter atteinte au secret des sources », sauf dans un seul cas : un juge peut décider de le faire si un « impératif prépondérant d'intérêt public » le justifie.
    Quand il a prévu cette exception, le législateur pensait à une menace terroriste, pas à la nécessité de trouver l'auteur d'une violation du secret de l'instruction… Et cette exception à la règle doit être décidée par un magistrat, pas par des services secrets. L'espionnage du travail d'un journaliste du Monde par la DCRI est donc clairement un acte de « basse police », un acte voyou ;
  • la police a été mise au service d'intérêts particuliers. Le pouvoir tente de justifier cet espionnage d'un journaliste par la nécessité de trouver « l'auteur, à l'intérieur de l'administration, de la divulgation de procédures judiciaires ». Personne n'est dupe : dans toute autre circonstance, ces moyens publics n'auraient jamais été mis en oeuvre.
    Mais il s'agissait d'une affaire bien particulière, l'affaire Bettencourt, mettant en cause Eric Woerth et le financement de l'UMP, le parti du chef de l'Etat. Autrement dit, la police a été dans cette affaire mise au service d'un parti politique, non pas au service de la nation. Un exemple de « police politique » indigne dans notre pays ;
  • la police a été poussée à agir contre la démocratie. Les dégâts sur notre démocratie causés par cette décision de consulter illégalement les relevés téléphoniques d'un journaliste risquent d'être beaucoup plus profonds qu'on ne le pense. Ils dépassent, et de loin, la simple affaire Bettencourt et le journal Le Monde.
    Car en constatant ces pratiques policières hors-la-loi, quel fonctionnaire, quel conseiller ministériel osera désormais prendre le risque d'informer la presse sur des pratiques qu'il considèrerait comme contestables ?
    Des journalistes sans secret des sources, ce sont des journalistes sans sources. Et une démocratie sans de tels contre-pouvoirs est une démocratie malade : certainement pas « irréprochable ».

ΔΝΤ: Φέρεται αντίθετο στη παροχή εγγυήσεων από την Ελλάδα — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

ΔΝΤ: Φέρεται αντίθετο στη παροχή εγγυήσεων από την Ελλάδα — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

ΤΟ ΒΗΜΑ - «Εμβόλιο» κατά της φαλάκρας - science - Ιατρική – Βιολογία

ΤΟ ΒΗΜΑ - «Εμβόλιο» κατά της φαλάκρας - science - Ιατρική – Βιολογία

Διαβάστε το πλήρες κείμενο της Εκθεσης του γραφείου Προϋπολογισμού — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

Διαβάστε το πλήρες κείμενο της Εκθεσης του γραφείου Προϋπολογισμού — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

DSK de retour dimanche

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ΤΟ ΒΗΜΑ - Η Αγκυρα απελαύνει τον πρεσβευτή του Ισραήλ - κόσμος

ΤΟ ΒΗΜΑ - Η Αγκυρα απελαύνει τον πρεσβευτή του Ισραήλ - κόσμος

http://www.protothema.gr/world/article/?aid=143128

http://www.protothema.gr/world/article/?aid=143128

Λευκός Οίκος: Aναθεωρείται προς τα κάτω το δημοσιονομικό έλλειμμα για το 2011 — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

Λευκός Οίκος: Aναθεωρείται προς τα κάτω το δημοσιονομικό έλλειμμα για το 2011 — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

Χρεοκοπία ή εκλογές — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

Χρεοκοπία ή εκλογές — ΣΚΑΪ (www.skai.gr)

François Hollande, "Miss Glaçon" et les "nantis"

Publié le 31-08-11 à 19:37    Modifié le 01-09-11 à 21:56     par Le Nouvel Observateur     15 réactions

Dans "François Hollande. Itinéraire secret", notre collaborateur Serge Raffy décrit les relations du candidat avec son père d'extrême-droite et sa rencontre avec Ségolène Royal à l'Ena. Extraits.

François Hollande, le 26 mai 1981. Il est alors auditeur à la Cour des comptes (Michel Clément/AFP)François Hollande, le 26 mai 1981. Il est alors auditeur à la Cour des comptes (Michel Clément/AFP)
Ne pas se fier à l'éternel sourire débonnaire derrière lequel il cache son ambition. Il y a bien un mystère Hollande. Dans "François Hollande. Itinéraire secret" (Fayard, septembre 2011), notre collaborateur Serge Raffy révèle qui est vraiment ce Corrézien d'adoption, héritier de François Mitterrand. Il raconte comment il s'est reconstruit après 2007, où il s'était fait doubler par sa compagne Ségolène Royal. Comment il a refait sa vie. Et d'où lui vient cette détermination qui fait de lui, à ce jour, le favori de la présidentielle.
Le Nouvel Observateur publie les bonnes feuilles dans son édition du jeudi 1er septembre.
En voici un extrait. A lire aussi vendredi : "La leçon faite à Jospin"


Un père d'extrême droite
Il fallait soudainement tout quitter. Décamper. Fuir Rouen, sa bourgeoisie de provincedevenue mesquine et rabougrie. Filer à Paris sans laisser de traces. Et surtout n'emporter aucun souvenir. La nouvelle est tombée comme un coup de grisou. Quand, au premier trimestre 1968, son père lui annonce ce déménagement express de toute la famille, le jeune François a du mal à encaisser. Il a 13 ans et un tas d'amis qu'il n'a aucune envie de perdre. Pourquoi abandonner une vie agréable, une enfance heureuse, dans ce havre de paix qui domine la ville de Rouen ?
Dans quelle aventure ce chef de famille autoritaire et ombrageux est-il en train de les entraîner, lui, son frère Philippe, de deux ans son aîné, et sa mère Nicole ? Ce père qui ne marque sa présence au domicile familial que par des diktats et des règles aussi martiales qu'incompréhensibles ? Heureusement, il n'est pas souvent à la maison. Son activité de médecin l'accapare. Il passe le plus clair de son temps à l'extérieur, dans sa clinique ORL, Le Trianon, à Bois-Guillaume, ou dans son cabinet de Rouen. Quand il s'absente, tout le monde respire. Durant ces moments, Nicole fait régner une tout autre atmosphère, pleine d'affection, de joie de vivre et de bons petits plats. Assistante sociale à TRT, une entreprise d'électronique de Rouen, elle est le soleil de la famille, si différente de son mari. Petit bout de femme intrépide et généreuse, tournée vers les autres, infirmière de formation, elle a le sourire en bandoulière. […]
Georges Hollande a été candidat malheureux en 1959 aux élections municipales de Rouen, sur une liste d'extrême droite. Ses penchants pour l'avocat Jean-Louis Tixier-Vignancour, ancien camelot du roi, croix-de-feu, sont connus de tous. Tout comme son aversion profonde pour le général de Gaulle. Georges, en 1944, a été mobilisé quelques mois et garde de cette période une certaine fidélité au maréchal Pétain. Il a un mépris profond pour ceux qu'il appelle "les résistants de la dernière heure". Durant la guerre d'Algérie, il ne dissimule pas sessympathies pour l'OAS. Il les clame même haut et fort. A Rouen, son caractère bien trempé lui joue parfois des tours. Dans les milieux feutrés de la bourgeoisie locale, ses coups de menton agacent.
Même ses amis médecins lui conseillent de tempérer ses ardeurs politiques, dans l'intérêt de son propre cabinet. Mais Georges n'en a cure. En 1965, il se présente à nouveau aux élections municipales, à Bois-Guillaume, à la tête d'une liste de "rénovation et d'expansion" à la composition sulfureuse. On y trouve des anciens de l'OAS, des élus soupçonnés d'avoir trempé dans la collaboration et des industriels du bâtiment plus intéressés par les terrains vierges de la commune que par le débat, qui fait rage alors, sur l'introduction du français à la place du latin dans les églises. Nouvelle déconvenue : il est battu à plate couture par la liste gaulliste.
Dans la famille, les activités politiques de Georges dérangent bigrement. Nicole se sent proche de la gauche. Elle a du mal à suivre les emballements politiques de son époux. Les voisins de Bois-Guillaume regardent avec une certaine méfiance ce toubib qui roule en Mercedes blanche et qui n'en finit pas d'acheter des terrains à construire. Tout en poursuivant ses activités de médecin ORL ! Le Conseil de l'Ordre lui suggère de mener avec prudence ses activités immobilières. Georges Hollande s'irrite de ces recommandations murmurées par des notables qu'il n'a jamais vraiment portés dans son cœur. Il décide d'envoyer tout balader. Il vend sa clinique, ses appartements du Clos du Hamel, la maison de Bois-Guillaume. Il brûle ses vaisseaux. Il tire un trait sur son activité politique.
Anticommuniste viscéral, il perçoit la révolte de Mai-68 comme la première étape de… l'invasion des communistes en France. Pour lui, il ne fait aucun doute que la médecine libérale vit ses derniers jours. Dans la famille, on se frotte les yeux en écoutant ses élucubrations. En tout cas, pour le déménagement express, il ne prend pas de gants et ne perçoit pas les dégâts psychologiques qu'il cause chez ses deux fils. Sans leur demander leur avis, il débarrasse leurs chambres sans faire le moindre tri et envoie de nombreux objets personnels à la décharge publique. Pour les deux frères, le coup est dur à encaisser. C'est toute une partie d'eux-mêmes, la plus intime, qui a fini quelque part dans un terrain vague. Une spoliation affective. Une forme de mutilation qui ne passe pas.
Compagnon de route
Aucun doute : Bakounine n'est pas sa tasse de thé. François Hollande n'est surtout pas un idéologue. Il ne supporte pas les débats théoriques qui émaillent les réunions des groupuscules gauchistes. Ils les trouvent d'une stérilité puérile. Au fond, il ne croit et ne veut consacrer son énergie qu'à la stratégie de François Mitterrand : entraîner le PC dans la conquête du pouvoir et former cette Union de la Gauche qui terrorise tant la droite française. […]
A Sciences-Po, François devient un militant exemplaire de l'Unef-Renouveau, proche du PC, toujours prêt à débattre, toujours prêt à perdre cinq minutes pour convaincre un sceptique. Il traîne à la cafétéria pour faire adhérer les récalcitrants. Quand les élections syndicales s'annoncent, il faut désigner une tête de liste, un étudiant pas trop marqué politiquement, et qui peut séduire au-delà de son camp. François est tout indiqué. Il n'est pas communiste. Il est "l'idiot utile" ou le compagnon de route. Certains apparatchiks pensent le manipuler, l'utiliser comme un simple pion ? Il laisse dire. Il est en train de se constituer sa propre bande. […]
Pour faire de la politique, il a choisi la tactique du commandoEt des réseaux. L'institution de la rue Saint-Guillaume n'est-elle pas idéale ? C'est même une parfaite rampe de lancement. La preuve : Edith Cresson, chargée de la jeunesse au PS, le rencontre dès 1975. Elle lui propose de prendre la tête du Cosef [NDLR : un syndicat étudiant proche du PS, concurrent des deux Unef]. […] En se mettant au service d'Edith Cresson, proche deMitterrand, il s'ouvrirait les portes de la garde rapprochée de son " héros ". Curieusement, il décline cette proposition alléchante. Il ne sent pas le coup.
Il préfère le compagnonnage avec ses amis communistes. Son ambition de se rapprocher de son père politique reste intacte, voire tenace. Le 1er décembre 1972, à 18 ans, à l'âge où l'on se rend aux concerts de Led Zeppelin, il va l'écouter lors du grand rassemblement de l'Union de la Gauche, porte de Versailles. Il ne cache pas l'immense émotion qui l'étreint ce jour-là. Au milieu de 100.000 supporteurs enfiévrés, il découvre l'ivresse des grands meetings populaires. Et la puissance d'une voix qui "veut changer la vie". Il est définitivement séduit par Mitterrand le tribun, cet avocat qui peut passer du chuchotement à l'incantation, de la confidence aux grandes tirades enflammées.
"Miss Glaçon" et les "nantis"
Elle l'agace prodigieusement depuis les premiers jours. Depuis l'époque du débat ayant secoué leur promotion de l'Ena à propos de ce qu'ils appellent en langage administratif la "péréquation salariale". A cette occasion, François Hollande et les siens, grands défenseurs de l'égalité entre les élèves de l'école, pointent du doigt une injustice. Au cours de leur stage, certains énarques se retrouvent installés dans des conditions très confortables, appartement ou maison de fonction, avec personnel et frais annexes. D'autres, au contraire, doivent se loger eux-mêmes et ne bénéficient d'aucun avantage matériel. Le Carena [NDLR : Comité d'Action pour la Réforme de l'Ena, créé par Hollande avec des copains de gauche] propose que les "nantis" redistribuent une partie de leurs avantages sur une caisse commune qui se chargera de les reverser aux stagiaires les plus désavantagés. Cette mesure semble aller de soi. La plupart des élèves sollicités s'y plient sans rechigner. Une seule refuse tout net : Ségolène Royal. François est horripilé. […]
Pour lui, pas de doute, celle qu'on surnomme "Miss Glaçon" fait partie des "nantis". Elle est en stage sous les cocotiers, à la Martinique, et bénéficie d'une maison de fonction et de tous les petits avantages d'un fonctionnaire éloigné de la métropole, femme de ménage, gardien, voiture de fonction. Elle doit verser son obole, lui conseille-t-il. La réponse de la jeune femme est cinglante. Celle-ci est même ulcérée. Pourquoi donc, elle qui a fait tant de sacrifices depuis des années, irait-elle se livrer à un quelconque acte de charité pour des gens qui sont nés avec une cuillère d'argent dans la bouche ? Pas question de donner un centime! Elle l'écrit à François Hollande, sur un ton ferme et définitif : "Si l'on doit tout remettre à plat, alors il faut prendre également en compte la scolarité depuis le bac." Elle n'a pas tort.
Après tout, la jeune Lorraine, que personne ne connaît vraiment et qui semble se tenir à l'écart de ses congénères, en les toisant avec méfiance, n'est pas la grande bourgeoise, voire l'aristocrate, que l'on croit. Au contraire. Elle s'est payé ses études elle-même, a vécu de petits boulots pour financer son logement dans le 6e arrondissement. François la prend pourtant pour une "fille de la haute", à cause de ses tenues de jeune fille sortant tout droit du couvent des Oiseaux ou des Demoiselles de la Légion d'honneur. Il semble que le vent de Mai-68 ne l'ait pas effleurée. Elle est mal fagotée et porte des lunettes qui lui donnent un regard de hibou. Elle a pourtant un certain charme, une énergie contenue et, si on s'attarde bien, des traits d'une incroyable délicatesse, quasi raphaéliques. Le leader du Carena n'y prête que peu d'attention. Il est alors absorbé par tant de tâches.
Serge Raffy
Retrouvez d'autres extraits de "François Hollande. Itinéraire secret", dans Le Nouvel Observateur en kiosque le jeudi 1er septembre.