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La journée commence par une histoire de train manqué. François Hollande, qui aime répéter que "l'important, c'est de monter dans le bon wagon", n'est, ce mardi matin d'octobre, pas monté dans le bon wagon... Il n'est même pas monté dans le bon TGV. Pour son Paris-Lyon, le candidat à la primaire du PS s'est trompé d'horaire, s'est trompé de gare d'arrivée.
L'histoire se termine bien : à peine une demi-heure de retard sur le programme. C'est tout sourire, accompagné de son ami le président du conseil général de l'Isère André Vallini, qu'il débarque à l'Institut national de l'énergie solaire (Ines) de Chambéry le 4 octobre peu après 14 heures. Sous le soleil savoyard, il trace dans l'air un sillon avec ses mains, évoque en riant "quelques difficultés d'aiguillage".
Supprimer le second tour, "une connerie"
À J - 5 du premier tour de ce scrutin qui doit désigner le candidat socialiste pour 2012, le grand favori ne voit pas de mauvais présage dans sa mésaventure : un petit retard n'est rien pour qui a tant d'avance. "Il est bien, détendu", assure Vallini. Fatigué, forcément, mais il tient le rythme. Chez ses concurrents, on décèle dans l'attitude du président du conseil général de Corrèze et de ses proches un excès de confiance. Europe 1 assure même qu'ils songent à supprimer le second tour de la primaire en cas de large avance ! "C'est une connerie ! On y sera, au second tour, et on va le gagner", lâche un proche de Hollande.
Pendant ce temps, le candidat évoque les moyens de diversification des énergies, puisqu'il propose dans son projet de réduire la part du nucléaire de 50 % d'ici à 2025. Une position trop frileuse pour les militants d'Europe Écologie-Les Verts venus l'accueillir devant le siège de l'Ines. Hollande ne s'en inquiète pas. Il voit loin, jusqu'en mai 2012. S'il remporte la primaire, c'est à son camp d'abord qu'il s'adressera, ne doutant pas que, des écolos aux communistes, le peuple de gauche votera socialiste face à Nicolas Sarkozy.
"Demi-finale"
La perspective de ce duel avec l'actuel hôte de l'Élysée l'emballe déjà. Mais il prévient, quelques heures plus tard, dans un amphithéâtre bondé et surchauffé de Sciences-Po Grenoble : "Il ne faut pas sous-estimer Sarkozy. Je le dis souvent : mauvais président, bon candidat."
Face à ces étudiants, Hollande évoque la présidentielle avec d'autant plus de facilité qu'il affiche une réelle confiance en vue de la primaire. Il la qualifie d'"étape décisive", certes, mais seulement "la première étape" : viendra ensuite "une étape beaucoup plus sérieuse, face à la droite, face à l'extrême droite". "Je suis venu il y a quelques mois, j'étais dans une phase qualificative. Maintenant, je suis en demi-finale, et je reviendrai pour la finale !" s'emballe-t-il. Plus tard, lorsqu'on s'étonne de l'emploi du terme "demi-finale", il rectifie, admet être plutôt en quart... Mais tout de même.
"En face, ils font des fiches..."
Hollande se prépare à une campagne dure. Preuve, s'il en fallait, cette révélation de L'Express le matin même, qu'il a découverte en même temps que la publication de l'article sur le site de l'hebdomadaire : sa compagne, la journaliste Valérie Trierweiler, aurait fait l'objet d'une enquête des services de renseignements début 2011.
Hollande réclame à Claude Guéant de lever les suspicions, mais promet : "Rien ne peut m'atteindre." Il s'offre même le luxe de plaisanter de l'affaire, dans l'après-midi, dans une petite salle de Chambéry, devant des militants conquis. Mettant en garde contre toutes les attaques entre candidats à la primaire, à la veille du troisième débat de campagne, il leur lance : "Il faut faire attention à ne pas s'attaquer. En face, ils font des fiches, c'est même des spécialistes !" Et puis, à ses militants, il raconte sa visite à l'Ines : "J'ai été rechargé par les piles solaires à côté ! Je suis reparti jusqu'au 6 mai 2012 ! Merci." Applaudissements.
Finalement, c'est Thierry Repentin, sénateur de Savoie, qui l'accompagne, qui résume le mieux la stratégie qui doit mener leur champion vers la victoire : "Ne rien faire avant le scrutin qui puisse l'empêcher de gagner." Et monter dans le bon wagon.