Procureur de la République à Paris? Magistrat ou serviteur?
Philippe Bilger - Blogueur associé | Mercredi 19 Octobre 2011 à 05:01 | Lu 805 fois
Notre blogueur associé Philippe Bilger, ancien avocat général, le constate : le commandement du parquet de la capitale a toujours été confié à « des professionnels sûrs, alliés et soutiens du pouvoir en place ». La preuve : le garde des Sceaux vient de proposer la candidature de son directeur de cabinet François Molins.
Cette interrogation ne concerne pas que les professionnels et les spécialistes de la Justice. Les remous qui agitent cette dernière, la gestion pour le moins controversée de certaines affaires ont rendu beaucoup de citoyens sensibles à ce qui hier serait apparu comme une inutile curiosité.
Le président de l'Union syndicale des magistrats (USM) a « étrillé » le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, devant le garde des Sceaux à cause de son attitude dans le dossier Bettencourt (Le Monde). Philippe Courroye est devenu une cible privilégiée et je n'ai pas été le dernier à participer à ce jeu de massacre, mais à ma manière.
Qu'on ne se fasse aucune illusion : Courroye est plus que jamais judiciairement vivant !
Depuis quelques jours toutefois, ce dernier n'est plus à la pointe de l'actualité. En effet, on a appris que le garde des Sceaux avait proposé au Conseil supérieur de la magistrature la candidature de son directeur de cabinet François Molins pour le poste de procureur de la République à Paris, vacant depuis le départ de Jean-Claude Marin à la Cour de cassation comme procureur général (Le Parisien).
Qu'on ne se méprenne pas, qu'on n'ironise pas : à quelques mois de la prochaine élection présidentielle, il n'est pas neutre ni indifférent que telle personnalité plutôt que telle autre vienne au poste de commandement du parquet de la capitale. C'est la fonction centrale par excellence, immédiatement au contact de la réalité judiciaire et politique, créatrice d'initiatives ou adepte des abstentions, à l'écoute du Pouvoir mais cultivant l'apparence de l'indépendance. Pour y être brillant, souple et adapté, un grand art est nécessaire et Jean-Claude Marin n'a pas démérité sur ce plan. Mais demain qui prendra la relève, et comment ?
Le président de l'Union syndicale des magistrats (USM) a « étrillé » le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, devant le garde des Sceaux à cause de son attitude dans le dossier Bettencourt (Le Monde). Philippe Courroye est devenu une cible privilégiée et je n'ai pas été le dernier à participer à ce jeu de massacre, mais à ma manière.
Qu'on ne se fasse aucune illusion : Courroye est plus que jamais judiciairement vivant !
Depuis quelques jours toutefois, ce dernier n'est plus à la pointe de l'actualité. En effet, on a appris que le garde des Sceaux avait proposé au Conseil supérieur de la magistrature la candidature de son directeur de cabinet François Molins pour le poste de procureur de la République à Paris, vacant depuis le départ de Jean-Claude Marin à la Cour de cassation comme procureur général (Le Parisien).
Qu'on ne se méprenne pas, qu'on n'ironise pas : à quelques mois de la prochaine élection présidentielle, il n'est pas neutre ni indifférent que telle personnalité plutôt que telle autre vienne au poste de commandement du parquet de la capitale. C'est la fonction centrale par excellence, immédiatement au contact de la réalité judiciaire et politique, créatrice d'initiatives ou adepte des abstentions, à l'écoute du Pouvoir mais cultivant l'apparence de l'indépendance. Pour y être brillant, souple et adapté, un grand art est nécessaire et Jean-Claude Marin n'a pas démérité sur ce plan. Mais demain qui prendra la relève, et comment ?
UN SERVITEUR OU UN MAGISTRAT ?
Il y a un mauvais procès, en tout cas vain. C'est celui de la nomination politique, partisane. Cette fonction, comme celle de procureur général à Paris, hiérarchiquement plus importante mais judiciairement moins décisive, a toujours été confiée à des professionnels sûrs, alliés et soutiens du pouvoir en place, qu'ils l'aient été ostensiblement ou subtilement, ce qui plaît davantage à ceux qui attendent tout d'eux.
Demain, si la gauche l'emporte, je ne me fais aucune illusion et à vrai dire personne ne s'en fait sauf peut-être les exaltés et inconditionnels le temps d'une campagne. Le procureur de la République sera choisi, sous toutes les latitudes, à cause de sa proximité et de sa familiarité avec le président, le gouvernement ou en particulier le garde des Sceaux.
Aussi, quand Virginie Duval, secrétaire générale de l'USM, déclare que « l'on est toujours dans des nominations éminemment politiques. Là c'est évident » (La Provence), je souhaiterais qu'elle nous indiquât la période bénie où cette sélection partisane ne s'est pas produite. Derrière le discours officiel mettant en avant la compétence, on entend toujours le ricanement de satisfaction devant la certitude d'avoir à disposition un affidé judiciaire.
Il peut l'être tout de même plus ou moins. Ce procureur peut être aussi plus ou moins intelligent, réaliste et ambitieux. Il y a des degrés dans les personnalités et l'assujettissement varie. Si François Molins est promu, qui sera-t-il ? Le procureur qu'il a été à Bobigny, paraît-il adoré de ses troupes mais cela ne prouve rien ni pour ni contre ? Le directeur de cabinet d'un garde des Sceaux calamiteux, Michèle Alliot-Marie, ou le directeur de cabinet d'un ministre de la Justice avisé et estimable - le président de l'USM l'a lui-même admis - qui est Michel Mercier ?
J'ai le droit de questionner puisque François Molins a été immergé dans un désastre - qu'on se rappelle notamment le traitement purement politique des dossiers Woerth-Bettencourt et accessopirement l'appel scandaleux dans l'affaire Fofana - puis sauvé par le successeur de MAM. Il n'a pas pu dissuader celle-ci d'être techniquement et politiquement médiocre mais Michel Mercier apparemment a su revigorer ce collaborateur ayant dû son maintien, à ce qu'on raconte, à Jean-Louis Nadal. Il a partagé le pire puis le satisfaisant. Il laisse perplexe.
Faut-il dans ces conditions être enthousiaste devant la proposition du garde des Sceaux ? Ce n'est pas le caractère politique qui doit faire peur mais le reste qui est l'essentiel : la compétence, le courage, la passion de la Justice. Ces vertus nécessaires existent-elles chez l'impétrant comme aurait dit Arnaud Montebourg ?
Si François Molins devient le procureur de la République à Paris, on verra très vite si un serviteur a été nommé, ou un magistrat.
Demain, si la gauche l'emporte, je ne me fais aucune illusion et à vrai dire personne ne s'en fait sauf peut-être les exaltés et inconditionnels le temps d'une campagne. Le procureur de la République sera choisi, sous toutes les latitudes, à cause de sa proximité et de sa familiarité avec le président, le gouvernement ou en particulier le garde des Sceaux.
Aussi, quand Virginie Duval, secrétaire générale de l'USM, déclare que « l'on est toujours dans des nominations éminemment politiques. Là c'est évident » (La Provence), je souhaiterais qu'elle nous indiquât la période bénie où cette sélection partisane ne s'est pas produite. Derrière le discours officiel mettant en avant la compétence, on entend toujours le ricanement de satisfaction devant la certitude d'avoir à disposition un affidé judiciaire.
Il peut l'être tout de même plus ou moins. Ce procureur peut être aussi plus ou moins intelligent, réaliste et ambitieux. Il y a des degrés dans les personnalités et l'assujettissement varie. Si François Molins est promu, qui sera-t-il ? Le procureur qu'il a été à Bobigny, paraît-il adoré de ses troupes mais cela ne prouve rien ni pour ni contre ? Le directeur de cabinet d'un garde des Sceaux calamiteux, Michèle Alliot-Marie, ou le directeur de cabinet d'un ministre de la Justice avisé et estimable - le président de l'USM l'a lui-même admis - qui est Michel Mercier ?
J'ai le droit de questionner puisque François Molins a été immergé dans un désastre - qu'on se rappelle notamment le traitement purement politique des dossiers Woerth-Bettencourt et accessopirement l'appel scandaleux dans l'affaire Fofana - puis sauvé par le successeur de MAM. Il n'a pas pu dissuader celle-ci d'être techniquement et politiquement médiocre mais Michel Mercier apparemment a su revigorer ce collaborateur ayant dû son maintien, à ce qu'on raconte, à Jean-Louis Nadal. Il a partagé le pire puis le satisfaisant. Il laisse perplexe.
Faut-il dans ces conditions être enthousiaste devant la proposition du garde des Sceaux ? Ce n'est pas le caractère politique qui doit faire peur mais le reste qui est l'essentiel : la compétence, le courage, la passion de la Justice. Ces vertus nécessaires existent-elles chez l'impétrant comme aurait dit Arnaud Montebourg ?
Si François Molins devient le procureur de la République à Paris, on verra très vite si un serviteur a été nommé, ou un magistrat.
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