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Τετάρτη 11 Ιανουαρίου 2012

Cachez ces putes que vous ne sauriez voir... pour mieux les exterminer !

Modifié le 11-01-2012 à 07h58
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Temps de lecture : 4 minutes
LE PLUS. Pourquoi pénaliser les clients des prostituées ? Certains députés le souhaitent. Pourtant, selon Peggy Sastre, auteur de "No Sex" et "Ex utero", cela risque surtout de rendre plus difficiles les conditions de travail de ces femmes.
> Par Peggy Sastre sexe, science et al.
Edité et parrainé par Melissa Bounoua

Dans le port de Constance, il y a une drôle de statue. Gigantesque, mouvante, gironde, c'est l'Imperia de Peter Lenk, la courtisane italienne – croisée aussi chez Balzac ou Gautier – qui tient entre ses mains un pape et un empereur, deux bouffons ridicules, minuscules et nus comme des vers.

La statue Imperia à Constance en Allemagne créée par Peter Lenk (Wikimedia Commons)

Au moment de son inauguration, en 1993, le sculpteur fit sa petite sensation en célébrant ainsi le Concile de Constance par la "petite porte", et préférant la figure d'une pute à d'autres plus respectables et moins anachroniques. Mais aujourd'hui, Imperia est parfaitement intégrée dans le paysage : la statue est devenue l'un des monuments les plus célèbres de la ville et celui que les touristes photographient le plus. Un peu émoustillés, sans doute, par la portée sulfureuse de son sujet.

En tournant, moi aussi, autour de cette statue, je me suis encore une fois demandé quel était le problème avec les putes. Pourquoi n'est-il pas possible, par exemple, de mentionner le sujet sans qu'une armada d'émotions se mette en branle et transforme la plus paisible des assemblées en brochure détaillée sur l'hystérie collective ?

Pousser les prostituées sous le tapis

Qu'est-ce que la prostitution peut bien invoquer de si grave, de si déshonorant, de si scandaleux ? Qu'est-ce qui pousse un Laurent Joffrin, directeur de la rédaction du "Nouvel Observateur", parce qu'il s'est fait prendre la main dans le sac sur un plateau de télévision, à supprimer les annonces "roses" de son hebdomadaire ? Qu'est-ce qui incite des représentants des forces de l'ordre à vouloir fermer un établissement comme le club échangiste les Chandelles ?

Pourquoi certaines personnes, représentant apparemment (et je sais bien qu'il ne faut pas se fier aux apparences) un prétendu consensus, s'acharnent, encore et toujours, à réitérer les mêmes erreurs, à faire circuler les mêmes demi-vérités et à s'envelopper dans les meilleurs sentiments du monde, pour éviter de parler de la réalité ?


Deux prostituées lors d'une patrouille de police à Cannes le 5 janvier 2012 (V. HACHE/AFP)

La réalité, c'est que tout ce que la prohibition et la réglementation de la prostitution arrivent et arriveront à faire, c'est pousser les putes sous le tapis – les cacher, dans un premier cas, dans les bras de "protecteurs" suffisamment puissants pour leur permettre de "vivre" en hors-la-loi (n'y a-t-il un proverbe qui dit que la seule force des lois, c'est d'arriver à créer des moyens de les contourner ?) et, dans un second cas, à l'abri de structures où la conscience et le progressisme sont peut-être tranquilles, mais où les putes sont infantilisées et tyrannisées. Et que, un jour ou l'autre, tout ce petit monde se mettra à sentir affreusement et à nous faire prendre conscience que les solutions choisies n'étaient pas les bonnes.

Car rien de tout cela n'arrangera les violences dont les putes sont victimes. Rien de tout cela ne fera disparaître la traite, les réseaux, l'abattage. Rien de tout cela n'aura d'"impact direct sur l'égalité des sexes" (j'ai envie d'oser un "lol") et ne poussera ceux qui ont la possibilité de le faire à ne plus vouloir payer pour du cul. Ce n'est pas une prédiction ou un pari sur l'avenir, c'est un fait.

Un problème d'ordre moral

Des fois, je dois bien admettre que tout cela me fatigue au plus haut point. Que de temps en temps, j'ai le mal de mer à force de tourner ces "questions"dans mon esprit – le terme est encore mal choisi, il n'y a pas tant des questions qu'une vérité à laquelle peu de gens ont envie de faire face – pour essayer de les comprendre ou, à défaut, de les centrifuger en-dehors de ma cervelle. Avec cette envie de baisser les bras et de me satisfaire d'un confort où, en effet, je n'ai pas finalement choisi la prostitution comme source principale de revenus. Alors, à quoi bon, même de loin, se mettre les mains dans le cambouis ? Qu'est-ce que ça peut me faire, à moi, qu'on entende exterminer les putes comme d'autres ont massacré un oiseau trop peu farouche ? C'est une question de sélection naturelle, après tout...

Désolée, non, je ne peux toujours pas m'en satisfaire. Car la vérité que d'aucuns ont peine à voir, c'est qu'il suffirait tout simplement de décriminaliser la prostitution pour que la situation s'améliore. En d'autres termes, laisser les putes faire leur travail, et faire en sorte que la prostitution soit un travail comme un autre.

Que les prostituées ne soient plus arrêtées, vilipendées et discriminées ni pour ce qu'elles font, ni pour la manière dont elles le font. Qu’une personne qui pratique n'importe quelle forme de travail du sexe soit considérée de la même façon que si elle effectuait n'importe quel autre type de travail. Que les prostituées aient les mêmes droits et les mêmes devoirs que les autres travailleurs – avec syndicats, conventions collectives, prud'hommes, etc. qui régiraient et protégeraient leur travail, et leur donneraient accès aux mêmes moyens de combattre les abus.

Ainsi, on pourrait voir que le seul (je dis bien le seul) problème de la prostitution est d'ordre moral. Et comme la morale n'a rien à faire dans une démocratie laïque et pluraliste, le plancher sera, pour le coup et pour de bon, facile à débarrasser.

Pour ceux qui auraient envie de voir ce que cela pourrait donner, et vivre quelques heures une parenthèse enchantée où la prostitution n'est ni dégradante, ni oppressive, ni tortionnaire, mais à la fois tendre, drôle, fragile, compatissante, lyrique et, il est vrai, un tantinet rébarbative (mais c'est aussi le but), dépêchez-vous d'aller voir la pièce "Clients", une merveilleuse mise en scène des encore plus merveilleux mots de Grisélidis Réal, cette péripatéticienne reposant aujourd'hui dans un cimetière de rois.

2 σχόλια:

  1. Les problemes du plus vieux metier du monde ne se resolvent pas de cette facon.La solution c'est la reglementation la legalisation.Les politiques d'autruches ne font que profiter aux proxenetes.

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