Contre la paix, la construction européenne
Pierre Lévy - Blogueur associé | Samedi 17 Décembre 2011 à 05:01 | Lu 2100 fois
Montebourg évoque la « politique à la Bismark » de Merkel et tout le monde lui tombe dessus : de Sarkozy à Mélenchon en passant par Cohn-Bendit. Selon ces derniers, l'entente franco-allemande est un « devoir » pour la paix en Europe. S'appuyant sur des contre-exemples, notre blogueur associé Pierre Levy n'en est pas si sûr...
« Désormais, l’Europe parle allemand ! ». Le 15 novembre, le président du groupe parlementaire des chrétiens-démocrates allemands (CDU), Volker Kauder, affichait par ces mots sa satisfaction en constatant que les normes, règles et désidératas économiques et monétaires d’outre-Rhin sont en passe de s’imposer au sein de la zone euro.
Que Berlin pèse de tout son poids pour faire prévaloir ses conceptions et ses intérêts, voilà qui n’est à proprement parler ni neuf, ni surprenant. Or, pour avoir évoqué à cet égard la « politique à la Bismarck » de la chancelière fédérale, Arnaud Montebourg a provoqué, d’Alain Juppé à Daniel Cohn-Bendit, une véritable union sacrée, si l’on ose dire, contre ses propos. C’est tout juste, à écouter certains, si la « germanophobie » dont fut accusé le député de Saône-et-Loire n’a pas déclenché un rappel sous les drapeaux des deux côtés du Rhin.
Pourtant, la volonté de Berlin de conforter son rôle, son influence, pour ne pas dire sa domination au sein de l’Union européenne relève d’une évidence factuelle qui ne peut échapper à personne (si ce n’est à Nicolas Sarkozy). Il est vrai cependant que la dernière période a vu le mouvement s’accélérer.
Que Berlin pèse de tout son poids pour faire prévaloir ses conceptions et ses intérêts, voilà qui n’est à proprement parler ni neuf, ni surprenant. Or, pour avoir évoqué à cet égard la « politique à la Bismarck » de la chancelière fédérale, Arnaud Montebourg a provoqué, d’Alain Juppé à Daniel Cohn-Bendit, une véritable union sacrée, si l’on ose dire, contre ses propos. C’est tout juste, à écouter certains, si la « germanophobie » dont fut accusé le député de Saône-et-Loire n’a pas déclenché un rappel sous les drapeaux des deux côtés du Rhin.
Pourtant, la volonté de Berlin de conforter son rôle, son influence, pour ne pas dire sa domination au sein de l’Union européenne relève d’une évidence factuelle qui ne peut échapper à personne (si ce n’est à Nicolas Sarkozy). Il est vrai cependant que la dernière période a vu le mouvement s’accélérer.
LE VIEUX TROPISME DE L'ELYSÉE
Ce qui mériterait, en revanche, d’être souligné, est plutôt l’attitude de l’Elysée, qui ne manque pas d’aller au devant des espoirs d’Angela Merkel, même si cela n’exclut pas des contradictions. Manifestement, les classes dirigeantes françaises caressent encore le vieux tropisme auquel elles ont souvent cédé : se ranger derrière l’étranger (les aristocraties européennes coalisées contre la jeune Révolution française en 1792, les forces prussiennes de 1870 jugées à même de mater le peuple de Paris, Hitler « plutôt que le Front populaire » à la fin des années 1930…) pour sauvegarder leurs intérêts quand ceux-ci semblent menacés par le peuple.
Que fait d’autre Nicolas Sarkozy quand il affirme qu’« il n’y a pas d’autre choix » que de coller étroitement à l’Allemagne ? Quand il promeut un abandon de souveraineté économique au profit d’une gouvernance européenne réglée sur les normes berlinoises ? Bref, quand il impose une austérité de plus en plus impopulaire au nom d’une « convergence » impérative avec le« modèle allemand » ?
Jean-Luc Mélenchon, pour sa part, s’est joint au chœur des indignés en rappelant au cancre Montebourg, sur un ton professoral, que « l’amitié franco-allemande est un devoir pour la paix et pour la construction européenne ». Passons sur cette étrange conception qui transforme l’amitié en « devoir ». Et notons que l’eurodéputé semble considérer comme un but en soi ladite « construction européenne » (une périphrase quelque peu surannée et involontairement ironique pour désigner l’intégration).
Que fait d’autre Nicolas Sarkozy quand il affirme qu’« il n’y a pas d’autre choix » que de coller étroitement à l’Allemagne ? Quand il promeut un abandon de souveraineté économique au profit d’une gouvernance européenne réglée sur les normes berlinoises ? Bref, quand il impose une austérité de plus en plus impopulaire au nom d’une « convergence » impérative avec le« modèle allemand » ?
Jean-Luc Mélenchon, pour sa part, s’est joint au chœur des indignés en rappelant au cancre Montebourg, sur un ton professoral, que « l’amitié franco-allemande est un devoir pour la paix et pour la construction européenne ». Passons sur cette étrange conception qui transforme l’amitié en « devoir ». Et notons que l’eurodéputé semble considérer comme un but en soi ladite « construction européenne » (une périphrase quelque peu surannée et involontairement ironique pour désigner l’intégration).
LA « CONSTRUCTION EUROPÉENNE » OU LES GERMES DE LA RIVALITÉ
Mais c’est surtout la rhétorique associant l’UE et la paix qui retient l’attention. Car l’actualité commence à illustrer d’inquiétante manière cette imposture idéologique aussi ancienne que mensongère. Ainsi, en Grèce, les journaux comparent les diktats de la Troïka à l’occupation nazie, un parallèle auquel recourent même certains dirigeants des partis gouvernementaux. Aux Pays-Bas, des médias désignent à la vindicte publique les Portugais coupables de se mettre en grève contre l’étranglement de leur pays. A Bratislava, on attise les colères contre ceux qui voudraient « donner de l’argent » à Athènes quand les Slovaques sont plus pauvres que ceux qu’on est censé « aider ». Et ainsi de suite.
Dès lors qu’on veut contraindre à habiter sous le même toit des gens qui ne demandaient qu’à entretenir des relations de bon voisinage, on prend le risque de créer des tensions entre ceux-ci, et, qui sait, de les voir dégénérer. Non seulement la « construction européenne » n’est pas un facteur de paix ; mais elle porte dans son principe même les germes de rivalités, de conflits, d’oppositions, là où la solidarité entre les peuples serait plus nécessaire que jamais – et pas seulement en Europe. Gageons que ce débat-là ne sera pas au cœur de la campagne présidentielle.
A moins que.
Retrouvez Pierre Lévy sur le nouveau Bastille République Nations (BRN)
Dès lors qu’on veut contraindre à habiter sous le même toit des gens qui ne demandaient qu’à entretenir des relations de bon voisinage, on prend le risque de créer des tensions entre ceux-ci, et, qui sait, de les voir dégénérer. Non seulement la « construction européenne » n’est pas un facteur de paix ; mais elle porte dans son principe même les germes de rivalités, de conflits, d’oppositions, là où la solidarité entre les peuples serait plus nécessaire que jamais – et pas seulement en Europe. Gageons que ce débat-là ne sera pas au cœur de la campagne présidentielle.
A moins que.
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« Désormais, l’Europe parle allemand ! ». Le 15 novembre, le président du groupe parlementaire des chrétiens-démocrates allemands (CDU), Volker Kauder, affichait par ces mots sa satisfaction en constatant que les normes, règles et désidératas économiques et monétaires d’outre-Rhin sont en passe de s’imposer au sein de la zone euro.
ΑπάντησηΔιαγραφήΕn economie il y a de regles qu'il faut respecter.Et les Allemands vu leur reussite sont le meilleur exemple.En commencant depuis 1966 ils collaborent les parties dans de gouvernements ils etaient realistes et leur politique economique etait dessine a long terme ce qui n'etait pas le cas pour le reste de l'occident et de l'Europe.On n' a pas besoin de dire de phrases genre que l'Europe parle Allemand mais il faut poursuivre leur exemple le seul qui puisse garder l'Europe en competitivite economique avec le reste du monde.
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