Le populisme électoral rogne la social-démocratie partout en EuropeVincent Barros - Marianne | Mercredi 9 Novembre 2011 à 15:01 | Lu 6984 fois Les partis dits « populistes » continuent de progresser sur le continent européen. Au point que le politologue Dominique Reynié nous alerte sur le fait qu'un peu partout, ces formations deviennent l'alternative à la droite conservatrice, au détriment de la social-démocratie.En ces temps de crise et d’abstentionnisme, le national-populisme se pare de vertus enchanteresses et salvatrices. L’extrême droite prospère, et dans son sillage, les partis dits « populistes » cheminent partout en Europe, en siphonnant l’électorat déçu des gouvernements de droite comme de gauche. En Norvège, en Suisse, en Autriche, ces partis dépassent les 20% aux élections législatives. En Finlande, ils y sont presque et tournent autour de 15% au Danemark, en Hongrie, aux Pays-Bas, comme le note Yann Mens, le rédacteur en chef d’Alternatives internationales (voir encadré ci-dessous). De cette montée en puissance du « populisme », c’est ainsi qu’en parlent journalistes et commentateurs politiques anxieux, le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste des nationalismes et extrémismes en Europe, distingue trois catégories : l’extrême droite traditionnelle (comme le FPÖ, Parti autrichien de la liberté), les partis issus de l’extrême droite qui se sont modernisés et qui ont réussi leur enracinement (comme le Front national en France ou le Vlaams Belang en Belgique) et enfin les droites populistes xénophobes radicalisées, enfantées par la droite conservatrice ou libérale (comme l’Union démocratique du centre (UDC) en Suisse, le Parti du peuple danois (DF) ou le Parti de la liberté (PVV) du néerlandais Geert Wilders, lequel compare le Coran à Mein Kampf). Tous ces mouvements rejettent d’une même vocifération les élites politiques, la mondialisation et le multiculturalisme, avec pour principaux ennemis l’Europe et l’étranger – la première étant jugée responsable de l’« invasion » du second. DÉFENSE DU NIVEAU DE VIE ET DU STYLE DE VIEDans le dernier numéro de la revue Commentaire , le politologue Dominique Reynié interprète une étude sur l’état de la droite en Europe, réalisée par la Fondation pour l’innovation politique, créée en 2007 avec le soutien de l’UMP et dont il est le directeur général. La poussée populiste qui s’opère depuis le milieu des années 1990 résulte notamment, écrit Reynié, du basculement électoral des classes populaires, abandonnées par les partis socialistes et séduites aujourd’hui par un « ethno-socialisme » efficace, en clair la préférence nationale. « Les partis populistes, argumente le politologue, articulent une proposition de défense du niveau de vie menacé par la globalisation – soit le patrimoine matériel – avec une proposition de défense du style de vie menacé par l’immigration et le multiculturalisme – soit le patrimoine immatériel. Ce sont les seuls à prendre ainsi en charge politiquement toutes les dimensions de l’existence. » Les gouvernements de droite et de gauche étant devenus purement matérialistes. Considérant cette avancée, les partis de droite devraient-ils s'approprier les thèmes des populistes pour affaiblir leurs mouvements, comme l’avait fait Nicolas Sarkozy en 2007, en reprenant les thèmes de prédilection de Jean-Marie Le Pen – la violence, l’immigration et l’identité nationale ? Surtout pas ! rétorque Dominique Reynié, qui alerte sur ce danger : « La conjonction d’une disparition de la social-démocratie et d’une montée en puissance du populisme a pour effet logique de recentrer la droite européenne. Il est donc inapproprié à la nouvelle situation politique de rapprocher la droite des partis populistes. » A QUI LA FAUTE ?Car oui, pour le politologue de droite, la gauche social-démocrate n’est plus une menace. Comme le communisme il y a vingt ans, elle est en passe de disparaître. Et ce pour « trois raisons historiques » : la globalisation met la pression sur les travailleurs, l’Etat-providence mine la puissance publique, alors que les thèmes de sécurité et d’immigration s’imposent du fait du vieillissement de la population, en proie à une déprise inquiète de son identité culturelle. « L’histoire ferme la porte du pouvoir à la gauche. La crise de la dette la ferme à double-tour », condamne Reynié. Du Parti socialiste européen (PSE), jugé trop libéral, trop atlantiste, trop compromis, trop éloigné du peuple parce qu’embourgeoisé (jugent même certains), les électeurs n’attendent plus de réelles perspectives mais une alternance, à défaut d’une alternative au libéralisme économique et ses conséquences sociales – une alternance en dépit de velléités politiques réformistes, comme par exemple celles en France de Mélenchon, Montebourg et aujourd’hui Chevènement qui tentent de faire « bouger les lignes ». De l’aveu même du porte-parole du PS français, Benoit Hamon, « une partie de la gauche européenne ne conteste plus qu’il faille, à l’instar de la droite européenne, sacrifier l’Etat-providence pour rétablir l’équilibre budgétaire et flatter les marchés. (…) Nous avons été en plusieurs lieux du globe un obstacle à la marche du progrès. Je ne m’y résigne pas (1) »… Si la dépréciation de la gauche européenne participe inévitablement du déclin de l’Europe au profit des nouvelles forces populistes, doit-elle pour autant en être jugée responsable ? Dominique Reynié ne rappelle-t-il pas, dans son article, que dix-neuf des vingt-sept pays de l’Union européenne sont dirigés par la droite ? Que les euroseptiques se rassurent : leur salut passera par la droite, persiste Dominique Reynié, puisqu'elle présente « un profil philosophique, idéologique et culturel plus en phase avec le monde qui s’impose : celui du marché, de l’entreprise, de l’Etat économe, des sociétés vieillissantes, de la préoccupation pour la sécurité… » C'est ainsi que la droite se défausse des responsabilités qui sont aussi et surtout les siennes, en taxant de « populisme » - mot désormais dévoyé - des personnalités nationalistes voire d'extrême droite. N'est-ce pas le meilleur moyen d'en faire les garants de la parole du peuple ? Aussi Dominique Reynié ne fait-il pas du « populisme » un mot-valise confortable, évitant ainsi d'évoquer les vraies raisons de son ascension, à savoir l'effondrement d'un système ? (1) Benoit Hamon, Tourner la page. Reprenons la marche du progrès social (Flammarion, 2011). LES FORCES POPULISTES EN EUROPEEn Suède, les Démocrates suédois (SD), formation populiste et xénophobe, issue de la mouvance néonazie, a fait une entrée fracassante au Parlement en septembre 2010, décrochant 20 sièges de députés et privant la coalition gouvernementale de droite d’une majorité. En Finlande, le parti des Vrais Finlandais, formation agrarienne et ultra-nationaliste opposée à l’establishment et aux immigrants, est devenu la troisième force parlementaire en obtenant plus de 19% des voix aux élections législatives d’avril 2011. En Suisse, le premier parti du pays est l’Union démocratique du centre (UDC), un parti conservateur, isolationniste, populiste et xénophobe qui veut limiter la liberté de circulation des travailleurs étrangers, tout en prônant le libéralisme et la concurrence. En Norvège, le Parti du Progrès, conservateur et économiquement libéral, anti-immigration et anti-UE, est le premier parti d’opposition depuis 2005. Il dispose de 41 sièges au parlement depuis les législatives de 2009. Le « tueur d’Oslo », Anders Behring Breivik, a appartenu dix ans à ce parti. Aux Pays-Bas, le Parti pour la liberté (PVV), qui combat la religion musulmane au nom de la défense des droits de femmes et des homosexuels, a remporté 17% des voix lors des élections européennes de juin 2009, puis raflé 24 sièges sur 150 au Parlement en juin 2010, s’imposant comme la troisième force du pays. En Autriche, le Parti autrichien de la liberté (FPÖ) lutte contre l’immigration extra-européenne, pour le renforcement des lois, l’autoritarisme, la promotion de la famille et le renforcement de la natalité européenne. Deuxième force politique du pays, il a rassemblé 15,24 % des voix lors de l’élection présidentielle de 2010, et 27% lors des élections municipales à Vienne de la même année – un score historique qui priva la gauche de la majorité absolue. En Italie, la Ligue du Nord, parti régionaliste et xénophobe est allié au Peuple de la liberté, le parti présidé par le président du Conseil Silvio Berlusconi. La Ligue du Nord conserve de solides positions au niveau parlementaire et gouvernemental comme au niveau local, malgré une perte d’électeurs en 2011. En Hongrie, le Jobbik, parti d’extrême droite, prospère en menant une lutte radicale contre le capitalisme, la mondialisation, l'Union européenne, l'élite politique, les Roms, les Juifs… En avril 2010, lors des élections législatives hongroises, Jobbik a recueilli 16,67 % des voix soit 47 sièges à l'Assemblée nationale. |
L'ECONOMIE MONDIALE EST UN ENSEMBLE UNIQUE,PSYCHOSOMATIQUE. AUSTÉRITÉ VIATIQUE VERS LA CROISSANCE POUR L'OCCIDENT. Η ΠΑΓΚΟΣΜΙΑ ΟΙΚΟΝΟΜΙΑ ΕΙΝΑΙ ΕΝΑ ΕΝΙΑΙΟ ΣΥΝΟΛΟ,ΨΥΧΟΣΩΜΑΤΙΚΟ.Η ΛΙΤΟΤΗΤΑ ΕΙΝΑΙ Ο ΔΡΟΜΟΣ ΓΙΑ ΤΗΝ ΑΝΑΠΤΥΞΗ ΤΗΣ ΔΥΣΗΣ
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Παρασκευή 11 Νοεμβρίου 2011
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