La Serbie veut entrer dans l'Union européenne ? Qu'elle fasse d'abord ces 3 gestes forts
INTERNATIONAL. Candidate idéale à l'entrée dans l'Union européenne, la Serbie s'est fait sonner les cloches.Pour autant, tout n'est pas perdu. La balle est dans le camp du président serbe, Boris Tadic. Y a plus qu'à...
Sélectionné et édité par Amandine Schmitt

Un chef d’État a enfin mis les pieds dans le plat. En visite à Belgrade le 23 août, Angela Merkel a osé dire ce que ses homologues européens refusaient d’avouer : si la Serbie veut vraiment entrer dans l’Union européenne, elle doit normaliser ses relations avec le Kosovo. Un geste de bon sens qui fragilise cependant la position du président Boris Tadic.

Angela Merkel et Boris Tadic pendant une conférence de presse à Belgrade le 23 août 2011(AFP).
Ces derniers mois, la Serbie était le bon élève des pays "candidats à la candidature" à l’adhésion à l’Union européenne. L’arrestation le 26 mai de l’ancien commandant en chef de l'armée de la République serbe de Bosnie Ratko Mladic et le 20 juillet de l’ancien président de l’auto-proclamée République serbe de Krajina durant la Guerre de Croatie Goran Hadzic et les commentaires élogieux de nombreux dirigeants européens incitaient les dirigeants serbes à l’optimisme quant à l’imminence de l’obtention du statut de candidat à l’UE pour la Serbie.
Mensonge par omission
Mensonge par omission
Boris Tadic et son gouvernement se gardaient bien de parler du Kosovo et se contentaient d’énumérer les progrès, notamment législatifs, réalisés par Belgrade. Qu’espéraient-ils ? Que l’Union européenne omette de mentionner comme condition sine qua non au statut de candidat à l’adhésion la normalisation des relations avec un État voisin ?
Depuis la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo le 17 février 2008, les relations entre Belgrade et Pristina sont figées.
Belgrade ne permet pas le passage par la Serbie des produits portant le tampon de la douane de la République du Kosovo. Pristina a imposé de son côté un embargo sur des produits serbes.
Le nord du Kosovo mal contrôlé
Le nord du Kosovo mal contrôlé
La partie nord du Kosovo (15 % du territoire) est difficilement contrôlée par les autorités kosovares, les tensions entre Serbes et Albanais sont très fréquentes. Les Serbes du Nord du Kosovo utilisent pour monnaie le Dinar serbe, les plaques de leurs automobiles, leurs assurances, les factures qu'ils payent sont payées à Belgrade et non à Pristina. Le nord du Kosovo ainsi que les enclaves serbes à l’intérieur du territoire élisent leurs propres structures parallèles : conseils municipaux, tribunaux et écoles dépendant de la Serbie.

Enfants kosovars célébrant l'indépendance du pays en brandissant un drapeau albanais le 17 février 2008 devant le Conseil de l'Europe à Strasbourg (AFP).
Que l’on considère l’indépendance du Kosovo comme légitime ou pas est un autre débat. Plusieurs pays en Europe, comme l’Espagne, la Roumanie ou la Grèce par exemple, ne reconnaisse ainsi pas le Kosovo comme un État indépendant. Cependant, une telle situation entre deux pays voisins comme la Serbie et le Kosovo n’est pas viable à moyen et long terme.
Tadic, à protéger et à soutenir pour l'UE
Pour être élu et canaliser l’influence des nationalistes, Boris Tadic (démocrate) a fait croire aux Serbes que Belgrade n’aurait jamais à choisir entre le Kosovo et l’Union européenne. Selon certains, le président serbe espérait contraindre Pristina à une division de facto durable. On peut le comprendre, cependant on ne peut que constater qu’il a échoué et que l’Union européenne ne veut pas rediscuter des frontières balkaniques.
A cause de l’importance de l’extrême-droite, les dirigeants européens doivent veiller à protéger Boris Tadic et le soutenir, ce qu’a fait Angela Merkel en déplacement à Belgrade. Néanmoins, l’UE doit "forcer" la Serbie à trois gestes forts et urgents.
- Tout d’abord, la fin des administrations parallèles. Toutes les structures évoquées précédemment sapent l’autorité du gouvernement central kosovar. Belgrade doit démanteler ces administrations et obtenir des serbes du Kosovo qu’ils entrent dans le jeu démocratique kosovar.
- La reconnaissance d’Eulex. La mission Eulex Kosovo est une mission civile menée par l'Union européenne dans le cadre de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD), qui vise à promouvoir l'État de droit au Kosovo. Il n’est pas possible que la Serbie veuille entrer dans l’Union européenne tout en refusant de reconnaître l’une des missions européennes. De plus, la Serbie doit accepter qu’Eulex ait également une présence dans le nord du Kosovo. Les pourparlers, en place depuis mars dernier, sont au point mort. Ils devraient reprendre en septembre.
- Enfin, la fin des tensions entre Serbes et Albanais. En juillet, des tensions avaient réapparu dans le nord du Kosovo à majorité serbe quand des policiers kosovars albanais avaient tenté de reprendre le contrôle de postes frontières. Les Serbes du Kosovo avaient alors violemment manifesté et un membre des forces de l’ordre de Pristina avait été tué. Belgrade doit cesser de soutenir les associations, souvent nationalistes, serbes du nord du Kosovo et peser de tout son poids afin de les inciter à accepter la présence d’une police kosovare, quitte à ce qu’une force européenne joue ce rôle pendant un temps.


Barricade recouverte d'un drapeau serbe dans le nord du Kosovo, le 1er août 2011 (Sipa).
Boris Tadic doit entendre ces vérités et agir rapidement. Il ne s’agit cependant pas d’accorder un chèque en blanc à Pristina qui, de son côté, doit cesser ses actes unilatéraux. Les deux voisins ont repris le chemin des négociations et ont annoncé leur volonté de régler, tout d’abord, la question des tampons douaniers.
La Serbie sera jugée sur sa bonne volonté et ne dispose de toute façon que de peu de marge de manœuvre, car l’Europe n’acceptera plus de rediscuter des frontières balkaniques. La Serbie n’a donc le choix qu’entre entrer dans l’Union européenne sans le Kosovo ou rester à l’écart, toujours sans le Kosovo.
La Serbie sera jugée sur sa bonne volonté et ne dispose de toute façon que de peu de marge de manœuvre, car l’Europe n’acceptera plus de rediscuter des frontières balkaniques. La Serbie n’a donc le choix qu’entre entrer dans l’Union européenne sans le Kosovo ou rester à l’écart, toujours sans le Kosovo.
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