samedi 22 octobre 2011
Euro: le pas de deux périlleux du couple franco-allemand
Si depuis deux ans, l’Élysée s’efforce avec constance de minimiser les risques que représente la crise de la dette souveraine pour l’existence même de la monnaie unique, cette fois-ci, c’est terminé. On est persuadé que l’euro survivrait difficilement à un échec : il faut non seulement régler une bonne fois pour toutes le problème grec et établir des pare-feux pour éviter la contagion aux autres pays et aux banques les plus fragiles, mais il est aussi nécessaire d’offrir une perspective à plus long terme aux marchés sur les réformes qui empêcheront la zone euro de répéter les erreurs qui l’ont amené là où elle est. Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand, admet aussi que « la situation est sérieuse » : « nous avons une responsabilité vis-à-vis de l'Europe, de la zone euro, mais naturellement aussi de l'économie mondiale ».
Les partenaires de Berlin et de Paris ainsi que les institutions communautaires sont les spectateurs impuissants de ce pas de deux franco-allemand : la crise de la dette souveraine se règle, en effet, directement entre les deux principales économies de la zone euro, l’Allemagne menant la danse. « On ne peut pas aller à l’encontre de la principale économie de la zone euro », se justifie-t-on à Paris. Mais, pas question pour autant d’accepter en l’état les solutions allemandes « alors que nous sommes persuadés qu’ils se trompent ». C’est notamment le cas de la nouvelle « décote » des obligations grecques réclamée par Berlin afin de rendre la dette « soutenable ».« Nous n’étions pas d’accord dès le début sur la participation du secteur privé, mais les Allemands l’ont exigé à cause de leur opinion publique », explique-t-on à Paris : « cela a déclenché un début de contagion à l’Espagne, à l’Italie. On en est là. Maintenant, les marchés attendent qu’on rende la dette soutenable une bonne fois pour toutes. Mais entre 21 %, qui était le chiffre arrêté avec les banques le 21 juillet, et 100 %, comme certains le veulent à Berlin, il y a une marge. L’événement de crédit, c’est la certitude de l’embrasement ». Comme le note un diplomate d’un petit pays, « c’est Schäuble et non Merkel qui insiste pour mettre la Grèce en défaut afin de plaire à son opinion publique ». « C’est vrai qu’on a du mal à dire : il y a un truc qui a formidablement échoué, c’est la faillite de Lehman Brothers, faisons la même chose avec la Grèce », ironise un négociateur français. Aujourd’hui, il semblait acquis que la décote pourrait dépasser 50 %.
Ces chamailleries risquent de déboucher sur un compromis boiteux, comme c’est le cas depuis deux ans. Or, à chaque fois, ces demies solutions ont aggravé la crise. Les partenaires du couple franco-allemand commencent donc à s’interroger ouvertement sur la pertinence de leur leadership. Hier, Jean-Claude Juncker, le Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, l’enceinte qui regroupe les ministres des Finances, a laissé éclater sa colère : « j’aurais préféré que nous n'ayons pas eu besoin de deux rendez-vous, dimanche et mercredi, et que nous ayons pu nous mettre d'accord sur une solution globale dimanche (…) L'impact à l'extérieur est désastreux. Nous ne donnons pas vraiment l'exemple éclatant d'un leadership qui fonctionne bien ».
Beaucoup de capitales européennes jugent que Berlin porte une lourde responsabilité dans cette crise qui s’éternise : « Il y a un clair problème de leadership en Allemagne », tempête un diplomate d’un petit pays traditionnellement proche de Berlin. « Angela Merkel n’ose pas s’imposer à sa coalition et affronter son opinion publique. Elle choisit toujours le moindre mal d’un point de vue de politique interne ce qui est souvent le pire du point de vue de la zone euro ». « Ce n’est pas la chancelière qui hésite, c’est l’Allemagne », tempère-t-on à Paris : « les Allemands ont du mal à s’engager à payer pour l’Espagne ou l’Italie : or, notre sort est lié et il commence à en prendre conscience. Personne ne s’en sortira tout seul ». Un diplomate résume ainsi la situation : « nous sommes encordés. L’Allemagne est première de cordée. L’Italie, dernière, est grosse et maladroite. Si elle tombe, on tombera tous, l’Allemagne y compris, même si elle tombera en dernier ».
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