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Δευτέρα 5 Σεπτεμβρίου 2011


Et si la mondialisation était positive ?

Elie Arié - Tribune | Lundi 5 Septembre 2011 à 05:01 | Lu 645 fois

Remise en cause de l'ordre établi, progrès sociétaux : nombreux, pour cet amoureux des paradoxes qu'est Elie Arié, sont les points positifs liées à la mondialisation. Et même s'il y a une sorte de vertige à considérer tout ce qui aura été balayé en une trentaine d’années, remarque-t-il, cela n'empêchera pas pour autant les générations futures d'écrire leur histoire...



Il y a de nombreux éléments réconfortants dans certaines disparitions liées à la mondialisation, et que l’on ne peut qu’espérer définitives.

La plus positive est sans doute celle des grands appareils à penser, religieux ou politiques, dans lesquels il ne faisait pas bon manifester ses divergences : car le plus grand des crimes, le seul à y être vraiment imprescriptible, était celui de s‘être opposé à la hiérarchie, à tort ou à raison ; crime qui restait impardonnable même si celle-ci venait ultérieurement à admettre les positions de ses contradicteurs : il a fallu plusieurs siècles à l’Eglise pour réhabiliter Galilée en toute discrétion et de mauvaise grâce – on sentait bien que le cœur n’y était pas – et Kravtchenko, qui fut le premier à faire état des camps staliniens, attendra éternellement de ne plus être considéré comme un « traître » par tous les communistes qui l’avaient si copieusement injurié à l’époque et qui ne nient pourtant plus aujourd’hui leur existence.

Positifs, sans doute, et conséquence directe de cet effondrement de la tyrannie des systèmes imposés, les progrès des libertés dites « sociétales », des conditions des femmes, des libertés de comportement et des mœurs individuelles, notamment sexuelles. 

Positifs, sans doute, dans l’absolu, les changements permanents et à un rythme accéléré de toutes les professions, la disparition de beaucoup d’entre elles et l’apparition incessante de nouvelles, obligeant chacun à s’adapter et à évoluer sans cesse, à en changer plusieurs fois dans sa vie, voire à en inventer lui-même, permettant l’épanouissement de toutes les capacités d’imagination, de créativité et d’initiative, et libérant enfin les hommes du lugubre enfermement dans la même activité répétitive et toujours identique à elle-même, exercée de la même façon immuable et au même endroit toute leur vie, alors qu’ils n’en disposent que d’une seule ; enfermement pourtant recherché par certains, au nom d’une illusoire sécurité dont ne bénéficient effectivement que les condamnés à la prison perpétuelle (1). Encore faut-il ne pas avoir la malchance de vivre cette mutation dans des pays, comme la France,  voués à la décroissance économique, et dans lesquels la débrouillardise obligée ne sera que la condition pour pouvoir survivre de petits boulots en contrats éphémères…

Positif enfin, peut-être, Internet, en tant que moyen de communication globale, si nous parvenions un jour à trouver le moyen de le doter du recul indispensable à toute réflexion, alors qu’il n’est aujourd’hui qu’un outil de décervelage, de diffusion d’informations invérifiables, de rumeurs, de fantasmes, et du triomphe de la réaction immédiate et purement émotionnelle.

On ne peut néanmoins qu’être saisi d’une sorte de vertige à la vue de tout ce qui aura été balayé en une trentaine d’années et qui paraissait éternel : le sentiment de vivre en  démocratie et de pouvoir influer sur la politique de son pays, l’engagement militant désintéressé, tous les systèmes de valeurs autres que celles du CAC-40, la recherche de davantage d’égalitarisme et de justice sociale, la solidarité collective, le patriotisme, le respect du savoir, des connaissances, et de la rigueur intellectuelle…Difficile, par exemple, de ne pas considérer comme une démarche voulue par les pouvoirs financiers qui dominent le monde  la régression de tout esprit critique grâce à un mode d’enseignement qui privilégie l’acquisition des seules connaissances techniques porteuses potentielles de rentabilité, mais qui a su imposer, pour créer des citoyens majoritairement dociles,  le « pédagogisme » démagogique et le mythe des connaissances qui pourraient s’acquérir passivement par seule immersion dans une école-lieu-de-vie-épanouissant et en se dispensant de la contrainte ingrate de l’effort personnel.

Après le maelström qui a vu se succéder, en France, en à peine 25 ans, la Révolution, le Directoire, le Consulat, l’Empire et la Restauration monarchique, Alfred de Musset  pouvait écrire : «Alors, sur ce monde en ruines, s’assit une jeunesse soucieuse» (2) Celle d’aujourd’hui se trouve à nouveau face à une page blanche, et tout dépend de  ce qu’elle saura y inscrire , sans chercher à reconstituer le passé ; son grand atout est qu’elle l’ignore largement, grâce à cette inculture qui pourrait bien se retourner contre ceux qui l’ont sciemment organisée ; car les mieux armés pour écrire l’Histoire d’un monde nouveau sont toujours ceux qui ont oublié les chapitres précédents, ou, mieux encore, qui ne les ont jamais lus.

(1)   «Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux.», phrase attribuée à Benjamin Franklin
(2)    « Confession  d’un enfant du siècle », 1836

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