La drôle de journée d'Aubry et de Hollande

Mots clés : Primaire PS, Logement, Martine Aubry, François Hollande, PS
Par Nicolas BarottePublié le 29/09/2011 à 22:09 Réactions (27)

François Hollande et Martine Aubry, jeudi à Bordeaux, lors du congrès HLM, où ils ont rencontré l'association «La fête des voisins». (Crédits photo : AFP et Reuters)

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REPORTAGE - Les deux favoris étaient jeudi à Bordeaux, en campagne au même endroit.

Deux pour le prix d'un. À neuf jours du premier tour de la primaire socialiste,François Hollande et Martine Aubry poursuivent leur campagne… au même endroit. «Vous arrivez à tout faire ?» interroge le député de Corrèze en direction des journalistes. Rieur et vigilant. Les rivaux se surveillent. Au lendemain du deuxième débat, les deux principaux candidats étaient près de Bordeaux au congrès de l'Union sociale pour l'habitat, pour parler logement. «J'ai le sentiment que certains connaissent mieux le sujet que d'autres», persifle Martine Aubry. L'ambiance est à la campagne.
Les deux candidats avaient prévu d'assister au grand rendez-vous du mouvement HLM. Le logement est une des premières préoccupations des Français et dans ce milieu-là, il y a des voix à gagner. Sur le fond, l'un et l'autre défendent les mêmes propositions : encadrement des loyers à la relocation, renforcement de la loi SRU. Mais Hollande prévient : «Attention à ne pas additionner les propositions. Il faut une politique cohérente.» Dans son entourage, on explique avoir «hésité à annuler à cause de la présence de Martine. Et puis on s'est dit que c'était un salut et c'est tout», dit-on.

«Ils sont là mes réseaux »  

Le salut a eu lieu dans l'avion, sous le regard de Jean-Louis Borloo. L'ex-ministre, qui était lui aussi sur place, a échangé quelques mots avec Aubry. Puis celle-ci l'a évité dans les allées du congrès, pour ne pas lui serrer la main devant les caméras. «Je connais Jean-Louis Borloo depuis longtemps. C'est quelqu'un que j'aime bien parce qu'il est fragile, dit-elle. Mais je lui en veux parce qu'il s'est tu à des moments où il n'aurait jamais dû se taire.»
Offensive, Martine Aubry ne laisse rien passer. À la rencontre des professionnels du logement, elle veut démontrer qu'elle sait mener campagne. L'ancienne ministre est d'ailleurs chaleureusement accueillie. «Vous voyez, ils sont là mes réseaux», souffle-t-elle, tout sourire. En termes de popularité de terrain, elle a l'air de ne rien avoir à envier au favori des sondages. Des sondages qu'elle considère «faux» et qu'elle propose d'«interdire» dans la dernière semaine de campagne, comme le suggère la Haute Autorité des primaires, qui veille au bon déroulement du scrutin. Elle s'interroge sur la manipulation dont ces enquêtes seraient l'objet pour «appuyer le candidat le plus facile à battre pour Nicolas Sarkozy. Moi, je m'appuie sur les Français», affirme-t-elle.
Pendant que la maire de Lille fait le tour des stands et pour ne pas surjouer le match, François Hollande a choisi d'aller rencontrer les lecteurs de Sud-Ouest (elle fera de même dans l'après-midi). C'est à l'heure du déjeuner que le député de Corrèze se lance sur les traces de sa rivale. «Thierry Repentin, le président de l'USH, est avec nous», fait-on remarquer dans son entourage. Le député de Corrèze cajole les élus avec qui il prend le temps de déjeuner, alors qu'Aubry annule son rendez-vous avec eux. Favori, Hollande est accueilli avec respect et bienveillance. «Il faut faire attention : il n'y a que les gens pour vous qui vous arrêtent», commente-t-il. Prudent, il évite le piège de l'excès de confiance.

«Je suis un édredon» 

Mais sa stratégie reste la même : éviter le combat. «Ne vous disputez pas entre vous !» , l'implore une militante. «Avec moi vous ne risquez rien, répond-il. Je suis un édredon. Je ne fais de mal à personne.» Plus tard, il précise quand on l'interroge sur Aubry : «Je ne suis pas dans un duel».
Ah bon. Côté Aubry, en revanche, on ne retient pas ses critiques, au nom de la «clarté». Sur le non-cumul des mandats, elle charge. «Sur certains sujets comme le cumul des mandats, certains, aujourd'hui, ont changé de position», affirme-t-elle. François Hollande est désormais favorable à une loi. «Ce que je n'ai pas compris c'est quand cela s'appliquerait», ironise-t-elle. En tant que première secrétaire, elle avait demandé aux candidats aux sénatoriales et aux législatives de s'engager sans attendre à ne pas cumuler. «Les candidats ont signé cette attestation sur l'honneur. Va-t-on la déchirer ou la faire appliquer ?» demande-t-elle. La compétition n'est pas terminée.
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