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Τετάρτη 21 Σεπτεμβρίου 2011


DSK et la com' : Mister satyre ou Docteur en économie ?

LE PLUS. En intervenant sur TF1, Dominique Strauss-Kahn était attendu au tournant. Son interview avait bien sûr était soigneusement préparée. En même temps, pouvait-on vraiment s'attendre à autre chose ? Une chose est sûre : DSK a bien joué son texte.

Olivier Cimelière
> Par Olivier Cimelière communicant
Edité par Aude Baron   Auteur parrainé par Daphnée Leportois
D’un point de vue strictement technique, l’interview-confession télévisée de Dominique Strauss-Kahn relève du travail d’orfèvre. Les spin-doctors de DSK n’ont pas lésiné sur la potion communicante en y insérant tous les ingrédients classiques du parfait petit manuel de communication de crise pour extirper leur champion du bourbier médiatique dans lequel il se débat depuis la fatale gâterie de la suite 2806.

Même si la stratégie élaborée est techniquement de bonne facture, il n’est pas certain qu’elle suffise à redorer l’image de l’ex-prétendant à la compétition élyséenne. Petit décryptage d’un plan com’ aux boulons (trop ?) bien huilés.

 Interview de DSK sur TF1 : l'intégrale

Le choix du terrain et du timing

Dans les rédactions françaises, nul doute que tous les journalistes s’agitaient pour être les premiers à recueillir les commentaires du déchu patron du FMI depuis son retour sur le sol français. Un scoop pareil ne peut dignement pas s’ignorer à moins d’être un journaliste pépère. Autant dire que le staff communicant de DSK était d’emblée en position de force pour élire l’heureux récipiendaire de la contre-offensive médiatique de DSK et imposer ses règles du jeu quant à la teneur de l’interview.

Dans ce contexte, le choix du 20 heures dominical de Claire Chazal sur TF1 ne relève en rien hasard. On ne pouvait pas rêver mieux comme tribune en termes d’audience. Malgré une érosion avérée, le JT de 20 heures de la Une reste attractif auprès du grand public. Les résultats d’audience de l’intervention de DSK en attestent d’ailleurs nettement : plus de 13 millions de téléspectateurs se sont rués sur leur écran dimanche soir.

Ensuite, le terreau de l’opinion publique était lui-même fertile. Dans un sondage paru ce même dimanche dans le Journal du Dimanche, 53% des Français déclaraient vouloir voir DSK se retirer de la scène politique mais 64% comptaient entendre son diagnostic sur la crise financière, l’euro balloté et la dette grecque. Cette appétence du public était donc le signal qu’il fallait désormais sortir DSK de la réserve où il s’était claquemuré jusqu’alors et le repositionner comme l’expert économique reconnu qu’il est.

Ensuite, le casting était parfait avec une Claire Chazal qui n’est pas précisément connue pour sa pugnacité d’intervieweuse. D’aucuns se sont même émus que celle-ci est par ailleurs une amie proche de l’épouse de DSK, Anne Sinclair comme elle le déclarait cet été (1) : "On s’envoie des petits messages de sympathie et de tendresse de temps en temps". Difficile dans ces conditions d’endosser la casquette du journaliste inflexible, soucieux de poser les questions qui dérangent mais surtout d’obtenir des réponses allant au-delà du storytelling ciselé en coulisses.

Une scénographie bien calibrée

Une fois le décor et les acteurs sécurisés, il convenait alors d’écrire le scénario idoine pour redorer le blason de Dominique Strauss-Kahn auquel rien n’aura été épargné depuis quatre mois. De ce point de vue, la scénographie de l’interview fut une "pure merveille" de discours rodé dans ses moindres détails.
DSK sur TF1

Costume sobre et regard solennel, Dominique Strauss-Kahn a d’emblée attaqué avec le mea culpa, histoire de désamorcer de potentielles critiques et de susciter l’empathie. Les mots employés sont forts de sens comme "faute morale" ou "cette légèreté, je l’ai perdue". Cette résipiscence discursive est un grand classique de la communication de crise : d’abord se frapper le cœur et inspirer l’humilité avant de développer le reste de sa pensée. DSK aura d’ailleurs exploité à fond le registre, rendant de surcroît un vibrant hommage à son épouse trompée, la dépeignant comme "une femme exceptionnelle" et soulignant la "chance folle de l’avoir à mes côtés. Je lui ai fait du mal, je le sais, je m’en veux".

La régie du plateau de TF1 n’aura pas été en reste pour capter et appuyer par des plans séquences adéquats la force de l’émotion que DSK s’ingéniait à transmettre. A cet égard, on peut citer le moment crucial où l’ex-n°1 du FMI évoque son arrestation : "J’ai eu peur. J’ai eu très peur. Quand vous êtes pris dans les mâchoires de cette machine, vous avez l’impression qu’elle peut vous broyer". Et le réalisateur du JT de zoomer alors en gros plan le poing énergiquement serré de DSK pour souligner la violence de la scène vécue.
DSK sur TF1

Cette symbolique a été tout autant exploitée avec la copie du rapport du procureur Cyrus Vance ayant instruit l’affaire de la chambre du Sofitel. A plusieurs reprises, DSK n’a pas hésité à brandir physiquement l’exemplaire qu’il avait apporté sur le plateau de TF1 comme pour mieux souligner l’absolution dont le gratifiait au final ce rapport après les auditions chaotiques et contradictoires de Nafissatou Diallo. Une façon habile et subliminale de dire aux Français qu’aucun mot du rapport Vance n’a échappé à la sagacité de DSK. Comme si au final, il constituait une preuve irréfutable de la machination qui s’est exercé à son encontre.
DSK sur TF1

Une rhétorique impitoyable

Durant les 20 minutes que TF1 lui a généreusement allouées, Dominique Strauss-Kahn a déroulé une rhétorique extrêmement habile où chaque mot prononcé, l’était au trébuchet d’une tactique verbale savamment peaufinée. Ainsi, à aucun moment, il n’a dit le mot "excuse" qu’on aurait pourtant été en droit d’attendre. Ni Nafissatou Diallo, ni Tristane Banon, ni ceux qui avaient placé leurs espoirs sur le candidat DSK, ni même les responsables du PS n’ont eu droit à ce mot clé. Pour Tristane Banon, c’est même pis puisque son nom même a été sciemment gommé des propos de DSK.

Ensuite, l’ex-chef du FMI a décoché ses flèches pour signifier qu’il n’est pas pour autant un homme définitivement écarté de la vie publique même si sa carrière politique ne sera pas celle que certains lui prédisaient. C’est d’abord Nafissatou Diallo qui a eu droit à quelques uppercuts habilement placés pour achever de la discréditer aux yeux de l’opinion, puis Tristane Banon qui fut balayée habilement par un "j’ai dit la vérité (…) c’est une affaire en cours, je n’en dirai pas plus".

Autre levier activé par DSK : le contrefeu discursif. Pour déplacer la polarité des questions autour de l’affaire, il n’a pas hésité à subtilement laisser entendre que celle-ci pourrait potentiellement relever du coup monté en assénant : "Un piège, c’est possible, un complot, nous verrons. Il y a des zones d’ombre". Sans doute faut-il y voir un message à ceux ou celles qui auraient des velléités de continuer à instrumentaliser l’affaire pour écarter définitivement DSK. D’autant que l’éternelle théorie du complot a le vent en poupe ces dernières années. Il suffit pour s’en convaincre de se référer aux conspirationnistes du 11 septembre 2001 qui s’acharnent à voir une toute autre histoire que celle officielle dans l’attentat du World Trade Center.

Pour alimenter sa contre-attaque, ce dernier n’a pas non plus oublié de manier l’antienne archi-éculée (mais toujours marquante auprès de l’opinion) de la presse immonde. Cette fois, c’est l’hebdomadaire L’Express qui a été désigné à la vindicte en étant qualifié de "tabloïd". Le magazine dirigé par Christophe Barbier (qui a d’ailleurs vertement répliqué) paie sans nul doute la couverture minutieuse de la carrière agitée de DSK et notamment son premier dérapage conjugal avec une salariée du FMI en 2008. Drôle d’argument cependant qui semble oublier les gros titres autrement plus insultants et orduriers de la presse de caniveau américaine le baptisant "Le Perv" !

Et maintenant la rédemption ?

La construction de l’interview de DSK par Claire Chazal laisse à cet égard un bien étrange sentiment de plan com’ parfaitement rôdé. Après avoir longuement disserté sur ses mésaventures et sa position vis-à-vis des primaires socialistes, la journaliste le lance alors en guise de bouquet final sur son terrain de prédilection où sa compétence est avérée : l’analyse de la crise financière et le problème de la dette grecque. Il est alors frappant de remarquer que l’attitude de DSK change. Il redevient fringant. Son visage s’éclaircit et il n’hésite pas à prendre des positions tranchées en suggérant par exemple l’annulation de la dette de la Grèce. Pari gagné puisque de la polémique initiale autour de la chambre 2806, on est désormais passé médiatiquement à une vive réaction du premier ministre François Fillon jugeant totalement inopportun une telle leçon d’économie.

Peut-on pour autant parler de pari gagné pour DSK ? Peut-être pas dans l’immédiat car les procédures judiciaires des deux côtés de l’Atlantique poursuivent leur cours et peuvent réserver des rebondissements. Toutefois, il est indubitable que DSK est en partie parvenu à se remettre en selle et se présenter comme une option politique possible pour d’importants dossiers économiques. A l’heure où la crise bat son plein et n’a probablement pas fini d’éborgner le niveau de vie des ménages, c’est peut-être l’image du DSK expert en économie qui pourrait progressivement supplanter l’image du DSK satyre compulsif. La bataille de la com’ ne fait que commencer !



Sources
(1) - Raphaël Garrigos & Isabelle Roberts - "DSK, acteur studieux de TF1" - Libération - 19 septembre 2011
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