La France est-elle prête à affronter le choc économique que risque bien d'être 2013 ?
Alors que le gouvernement maintient son objectif de 3% de déficit en 2013, le FMI a d'ores et déjà estimé que la France ne pourrait pas tenir cet engagement. La France est-elle suffisamment armée pour faire face à 2013 ?
Moment décisif

Le chomâge sera le plus grand défi qu'aura à relever la France en 2013
Atlantico : L'économiste Christian Saint-Etienne a déclaré que "2013 [allait] être un choc d'une violence telle que les couleurs politiques [allaient] disparaître" [¹]. Dans le même temps, le Fonds monétaire international appelle la France à "rediscuter" l'objectif des 3% de déficit en 2013 parce qu'il l'estime inatteignable. François Hollande a lui-même reconnu que l'année allait être difficile. Quels sont les grands défis qui nous attendent en 2013 ?
Christian de Boissieu : Le principal défi est celui du chômage. Les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI) pour 2013 prévoient 0,4% de croissance, contre 0,8% selon le gouvernement. Or, il faut être à peu près au-dessus de 1,5% pour commencer à le réduire. La situation de l'emploi est donc le principal enjeu économique, social et socio-politique des prochains mois dans un contexte où l'Europe sera une zone en ralentissement par rapport au reste du monde.
Pour y faire face, il faut prendre des mesures pour relancer la croissance et ne pas se satisfaire des ces prévisions. Au plan national, les mesures prises en faveur de l'emploi -que se soient les emplois d'avenir, les contrats de génération - jusqu'à présent ne seront pas suffisantes pour contrer la hausse du chômage. Il faut également des mesures supplémentaires en faveur des PME qui constituent la principale source d'emplois et d'activités. Il faut les aider à survivre et à se développer.
Thomas Guénolé : Les grands défis qui attendent la France et donc François Hollande ne sont pas particuliers à 2013 puisqu'il s'agit de défis structurels arrivés à maturité. Il existe plusieurs dettes : la dette de l'Etat, celle des collectivités locales, des fonctions publiques, la dette sociale, la dette environnementale et la dette intergénérationnelle (celle que les actuels trentenaires vont hériter des générations au-dessus).
François Hollande a donc plusieurs options :
- une politique de relance mais qui requiert des moyens financiers que la France n'a plus puisqu'il faudrait accepter d'augmenter significativement notre dette sans gage de succès puisque la dernière relance - au début des années 1980 sous Pierre Mauroy - avait aggravé la situation en augmentant les importations ;
- une politique de relance par une croissance endogène en investissant dans les transports, les infrastructures, l'information... mais ce type de croissance, au delà des moyens financiers, ne produit ses effets qu'à moyen terme ;
- une politique d'austérité afin de réduire massivement la dépense publique ce qui laisse entendre une baisse du nombre de fonctionnaires, voire du périmètre de l'action publique.
Pour le moment, le gouvernement donne surtout l'impression de tâtonner le terrain. Seule chose qui semble certaine : la fiscalité augmentera pour tous.
Dans ces conditions, la France est-elle suffisamment armée pour affronter 2013 ?
Christian de Boissieu : Au delà des mesures budgétaires, il existe une marge de manœuvre considérable : l'épargne importante. En France, la taux d'épargne est en moyenne légèrement supérieur à 16% du revenu disponible. Alors que les banques risquent de freiner le financement de l'économie et que les finances publiques sont sous contraintes, il faut mobiliser cette épargne en faveur de l'investissement, du financement des PME et des dépenses d'avenir. Il faut une politique de l'épargne afin de générer de la croissance.
Au niveau européen, les mesures adoptées lors du sommet du mois de juin ont été insuffisantes. Le premier semestre 2013 doit être totalement consacré au problème de la croissance en Europe ce qui passera nécessairement par des mesures nationales en sus des initiatives européennes : il faut jouer sur les deux piliers. La crise n'est pas terminée mais est en bonne voie de résolution : la zone euro restera à 17 pays, la monnaie unique a été secourue... même s'il convient d'être vigilent.
Il y a un an, il aurait fallu que les Européens décident ensemble de décaler l'objectif des 3% de déficit à 2014 plutôt que 2013 afin de donner plus de temps au "noyau dur" des économies européennes dont la France fait partie. Sans cet accord, la France est tenue de respecter cet engagement. Cette révision du calendrier aurait permis d'éviter que la rigueur budgétaire ne pèse sur l'activité... Désormais, si la France ne respecte pas cet objectif, elle le paiera sur les marchés financiers par des taux d'intérêt plus élevés sur sa dette.
Thomas Guénolé : Sur le plan politique, les divisions à l'UMP ne sont qu'un problème secondaire pour la France car ce qui compte pour gouverner c'est d'avoir une majorité à l'Assemblée, ce qu'à François Hollande d'autant plus que celle-ci reste assez solide à ce stade même si nous constatons déjà quelques tensions, notamment au sein de la "gauche populaire". Mais ces fractures restent d'une ampleur normale. Il est encore impossible de pronostiquer réellement un éclatement de la majorité actuelle.
Jean-Luc Mélenchon incarne une opposition sur la gauche au pouvoir. Il a dit et répété que son objectif est la création d'une majorité alternative incluant le Front de gauche, l'aile gauche du PS et les écologistes qui sont plutôt sur une ligne "Les Verts" que sur une ligne "Europe-Ecologie". Il est alors important de rappeler que dans les dix jours qui ont précédé le premier tour de la présidentielle de 2012, seuls dix points de pourcentage séparaient les électeurs qui hésitaient à voter entre Hollande et Mélenchon. Leur vote d'adhésion se portait sur Mélenchon mais leur "vote utile" les a conduit a glissé leurs bulletins sur Hollande. Conclusion : la frontière qui sépare le vote Hollande du vote Mélenchon est un mur en papier qui se franchit très facilement et l'espace potentiel de Mélenchon est largement supérieur à son espace politique effectif. Les élections européennes de 2014 seront déterminantes en termes de fragilité politique du gouvernement et de sa majorité.
En savoir plus sur http://www.atlantico.fr/decryptage/france-est-elle-prete-affronter-choc-economique-que-risque-bien-etre-2013-thomas-guenole-christian-boissieu-589915.html#rWSYqfyWOq08HMTE.99
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