mardi 18 octobre 2011
La dette grecque à la retraite
En effet, à chaque fois que les gouvernements ont voulu impliquer le secteur privé, c’est-à-dire lui faire payer une partie de la facture, la crise de la dette souveraine a contaminé d’autres pays. On ne voit vraiment pas pourquoi il en irait différemment cette fois-ci : à force d’être incapable de tenir une ligne d’action, le pouvoir politique accroit la défiance des marchés. Comme l’a répété le 13 octobre dernier la Banque centrale européenne (BCE) qui reste vent debout contre cette participation du secteur privé, cela peut « empêcher l’accès des autres pays aux marchés même si leurs fondamentaux économiques n’ont pas varié ».
En outre, cette décote supplémentaire pourrait obliger les États à mettre la main au portefeuille pour aider leurs banques si la panique s’étend à l’Espagne et à l’Italie, voire à la France, la décote grecque ayant déjà été largement anticipée par les banques. Là aussi, la BCE met en garde :« une participation du secteur privé pourrait avoir des effets négatifs directs sur le secteur bancaire de la zone euro (…) et accroître le besoin d’une large recapitalisation des banques ».Georges Papaconstantinou, l’ancien ministre des finances grec et actuel ministre de l’Environnement, a aussi tiré la sonnette d’alarme, le 10 octobre : « on entre dans des terres inconnues en ce qui concerne les répercussions sur le reste de la zone euro et l’euro lui-même ».
Mais surtout, cette décote va avoir des effets dévastateurs en Grèce même. Comme l’a souligné Papaconstantinou, « une décote importante mettrait en grand danger l’économie du pays, le système bancaire, les caisses de retraite et les liquidités ». Pourquoi dit-il cela ? Il faut savoir que, sur les 350 milliards de dettes grecques, 141 milliards sont détenus par les investisseurs grecs eux-mêmes (banques, assurances, caisses de retraite, etc.), le reste étant entre les mains de la BCE, du Fonds monétaire international et de l’Union européenne (120 milliards) et, enfin, des investisseurs étrangers (89 milliards). Ces chiffres montrent donc que l’essentiel de l’effort sera fourni par les détenteurs grecs eux-mêmes : si la décote est finalement de 30 %, les étrangers perdront dans l’affaire environ 27 milliards, si elle est de 50 %, environ 45 milliards. Les Grecs, eux, perdront entre 42 et 70 milliards d’euros.
Pour Michalis Sallas, le président de la Banque du Pirée, numéro quatre du secteur en Grèce, « ceux qui soutiennent une grande décote des obligations sont soit ceux qui n’ont rien à perdre de l’effondrement de la Grèce, soit ceux qui n’ont rien compris à la nature de l’opération ». Après deux ans de crise et d’incapacité des gouvernements européens à comprendre la nature de la crise, la seconde branche de l’alternative est sans doute la plus probable.
Photos: Reuters
Δεν υπάρχουν σχόλια:
Δημοσίευση σχολίου
Σημείωση: Μόνο ένα μέλος αυτού του ιστολογίου μπορεί να αναρτήσει σχόλιο.