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Πέμπτη 27 Οκτωβρίου 2011


Crise de la dette

La "deutsche rigueur" l'emporte

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Nicolas Sarkozy et Angela MerkelL’Allemagne a fait prévaloir ses vues : pas de banque européenne des États en péril, participation accrue des banques, discipline budgétaire resserrée. Mais tout le monde n’est pas prêt pour l’austérité.
Une gigantesque partie s’est jouée à Bruxelles le week-end dernier qui devait aboutir à un accord ce mercredi. En jeu, plus de 1 000 milliards d’euros de dettes publiques qu’il s’agissait pour les uns de faire disparaître, pour les autres de rembourser. Deux écoles s'affrontaient.
La première aurait permis au travers de la création de monnaies sans contre-partie réelle, au risque de l’inflation, de faire supporter à l’ensemble des citoyens européens la charge des excès de “l’Europe du Club Med”, la Grèce et le Portugal d’abord, puis l’Italie et l’Espagne ensuite et, qui sait, peut-être la France dans un avenir plus ou moins rapproché. La seconde école visait à subordonner l’aide aux pays en difficulté à un effort massif d’économie de leur part et à une contribution des banques et des compagnies d’assurances qui, sans discernement, avaient souscrit leurs emprunts dans l’espoir d’en tirer un meilleur rendement que sur le Bund.
Bien entendu, aucune de ces positions n’était exprimée aussi crûment. Mais la France souhaitait transformer le Fonds européen de stabilité financière (FESF) en banque.
Comme telle, le FESF aurait pu souscrire des emprunts d’État et les amener à la Banque centrale européenne pour se refinancer. Ce qui aurait certes décuplé les 440 milliards d’euros du Fonds qui aurait ainsi disposé de plus de 4 000 milliards (une banque peut en effet prêter environ dix fois son capital). Les marchés auraient été rassurés temporairement sur la capacité de l’Europe à faire face au défaut d’une grande économie de la zone comme l’Italie (1 900 milliards d’euros de dettes), et le risque systémique se serait éloigné.
Mais la création de monnaie sans contrepartie aurait porté atteinte à l’indépendance de la Banque centrale européenne (BCE) qui n’aurait plus eu la totale maîtrise de sa politique monétaire. Cette solution revenait à faire financer à grande échelle les États par la BCE, contrairement aux traités, avec le risque d’avoir à recapitaliser la Banque au frais des contribuables européens.
Surtout, le refinancement des États par la Banque centrale, la planche à billets en langage courant, porte en germe l’inflation, en totale opposition avec l’objectif fixé à la BCE par les traités : le maintien de la stabilité des prix.
L’Allemagne ne voulait en aucune manière de cette solution trop laxiste à son goût. Contestée au sein même de sa majorité pour avoir cédé trop facilement aux pressions de ses partenaires afin de sauver la Grèce, contrainte par un arrêt de la Cour de Karlsruhe à ne pas engager l’Allemagne dans des décisions qui affecteraient ses finances et sa souveraineté sans l’accord préalable du Parlement, la chancelière Angela Merkel était obligée de s’en tenir à une solution le plus proche possible des traités. C’est pourquoi, à la proposition française, la transformation du FESF en banque, elle a préféré celle suggérée par la compagnie d’assurances allemande Allianz de faire du FESF un assureur crédit.
Un pays désireux d’emprunter 100 auprès du secteur privé peut se tourner vers le FESF pour lui emprunter 20 (ou plus selon ce qui sera précisé dans l’accord) qui seront mis sous séquestre en garantie des 100 empruntés au secteur privé. Ces 20 mis de côté porteront intérêts, ce qui permettra d’augmenter au fil du temps la garantie. Cela accroît la capacité d’intervention du Fonds et permet aux États en difficulté de retourner sur les marchés en obtenant des taux d’intérêt plus cléments puisque leurs emprunts seront partiellement garantis. Ce système d’assurance présente néanmoins un inconvénient souligné par les Français : les emprunts non garantis verront leur taux grimper et seront immédiatement dépréciés, au risque d’accroître le besoin de recapitalisation des banques.
D’où la nécessité de faire accepter aux banques, qui n’auront guère le choix, une dépréciation supplémentaire de leurs titres grecs. Alors que l’accord du 21 juillet avait conduit à une dépréciation de 21 %, ce pourcentage devrait atteindre 50 %. C’est une mauvaise nouvelle pour les banques françaises, qui portent une partie non négligeable de cette dette, qui les obligera à augmenter leur capital. Sans être catastrophique pour la plupart de nos grandes banques puisque cette dépréciation ne représenterait que six mois à un an de résultat, elle est surtout inquiétante pour la suite. Fera-t-elle jurisprudence au cas où l’Italie, ou l’Espagne, viendrait à son tour à être en difficulté ?
Bien que cette dépréciation n’ait rien d’automatique, c’est ce qu’en concluront les marchés et le FMI, qui appelle depuis des mois à une recapitalisation des ban ques françaises alors que celles-ci assurent ne pas en avoir besoin. L’accord qui se dessinait avant le sommet de mercredi prévoyait que le FESF pourrait participer pour une somme de 108 milliards d’euros pour recapitaliser les banques qui en auraient besoin.
On voit bien que les sommes dégagées par l’accord qui se profilait en début de semaine, sans être négligeables, ne suffisaient pas à elles seules à régler les problèmes de fond de la zone euro qui sont la faiblesse de sa gouvernance et les écarts de compétitivité entre les économies qui la composent. Sans doute pouvaient-elles calmer temporairement la spéculation. Mais pour rassurer pleinement sur la pérennité de l’euro, des mesures de nature institutionnelles visant à instaurer un début de gouvernement économique étaient nécessaires. La nomination de Herman Van Rompuy comme président de la zone euro, sans grande portée dans l’immédiat, marque cette volonté de renforcer la gouvernance de la zone monétaire.
Angela Merkel a souhaité consolider la discipline budgétaire et fiscale de la zone, au besoin en modifiant les traités. En attendant, la pression se fait de plus en plus vive sur les maillons faibles de la zone pour qu’ils accentuent leurs réformes. L’Italie est apparue en position d’accusée au sommet de Bruxelles dimanche dernier. Dès lundi, Silvio Berlusconi réunissait le Parlement pour essayer d’aller plus loin dans la réforme des retraites en portant l’âge de départ à 67 ans.
Le France non plus n’était pas en position de force au lendemain de l’annonce par Moody’s de la mise sous surveillance de sa note AAA : sa loi de finances 2012, qualifiée d’historique de ce côté du Rhin pour sa rigueur, n’est pas perçue aussi positivement outre-Rhin. Basées sur une croissance estimée à 1,5 % pour 2012, les recettes semblent déjà entamées par une activité plus faible que prévu. Selon les premières estimations, la France serait rentrée en récession en octobre et la croissance l’an prochain sera sans doute plus proche de 1 % que de 1,5 %. Tout le monde s’attend à la nécessité de mesures supplémentaires d’économie. Car sans triple A pour la France, le triple A pour le FESF serait lui aussi compromis et avec lui tout le mécanisme imaginé pour sortir de la crise de la dette.
Les Allemands ne veulent plus payer pour les autres
Reste que tout le processus de sauvetage de l’euro semble avoir été jusqu’à présent dicté par la seule Allemagne, forte de sa puissance économique et contrainte par sa Constitution. Pour avoir l’appui du Bundestag, préserver la cohésion de sa majorité et reconquérir son électorat, Angela Merkel en vient à imposer à l’Europe la rigueur à laquelle l’Allemagne s’est elle-même soumise il y a dix ans et dont elle récolte aujourd’hui les fruits. Mais la légitimité démocratique à l’allemande peut-elle tout justifier ?
Déjà, les pays membres de l’Union qui n’ont pas adopté l’euro s’irritent à la perspective de voir de nouvelles disciplines budgétaires leur être infligées alors qu’ils sont restés à l’écart de la monnaie unique. L’altercation entre le premier ministre britannique David Cameron et Nicolas Sarkozy qui lui a reproché de faire la leçon à la zone euro illustre une tension montante. Déjà une partie des conservateurs demande la tenue d’un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union ou au moins sur une révision des conditions d’adhésion. Sur vingt-sept pays de l’Union, dix ne sont pas membres de la zone euro et supportent de plus en plus mal que des décisions susceptibles de les engager soient prises dans des sommets auxquels ils n’ont pas part. Beaucoup reprochent d’ailleurs, non sans raison, au marasme de la zone euro d’être responsable de leurs propres difficultés économiques. À exiger davantage de disciplines, les Allemands ne vont-ils pas pousser à une rupture entre ceux qui ont opté pour l’euro et les autres ? Parmi eux, d’anciens pays du bloc de l’Est avec qui l’Allemagne entretient des relations économiques très étroites.
Si Angela Merkel a pu faire prévaloir son point de vue à Bruxelles, c’est aussi parce qu’elle sait devoir compter sur le consensus d’un peuple qui ne veut plus payer pour les autres après avoir lui-même consenti de lourds sacrifices. Le point de vue de l’Allemagne est partagé par quelques pays comme l’Autriche et les Pays-Bas, prêts à faire traduire devant la Cour de justice de l’Union européenne les pays qui ne respecteraient pas le pacte de stabilité, ou encore la Finlande qui demande à garder par-devers elle en garantie les fonds correspondant à sa part de l’aide à la Grèce. L’accord du 21 juillet, déjà caduc, a été ratifié à grand-peine il y a quinze jours par la Slovaquie qui, elle aussi, estime avoir consenti beaucoup de sacrifices pour passer du socialisme à l’économie de marché et intégrer l’union monétaire sans avoir à payer pour l’impéritie des Grecs.
En face, nombreux sont les pays où il n’existe aucune unanimité pour consentir davantage de sacrifices. Les émeutes en Grèce, le mouvement des “indignés” en Espagne et en Italie, les socialistes et l’extrême gauche qui prêchent en France un retour à la retraite à 60 ans… les marges de manoeuvre de leur gouvernement, en période préélectorale, sont étroites.
L’accord conclu mercredi suffira-t-il à convaincre les marchés qu’une solution durable a été apportée aux excès de dettes ? Sans doute faudra-t-il attendre les conclusions de cet autre sommet, celui du G20, pour voir si les moyens mis en œuvre pour sortir de la crise sont assez puissants pour rétablir la confiance. David Victoroff
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Photo © AP/SIPA

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