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L’euroscepticisme, exacerbé par la crise de l’eurozone, est à son comble au Royaume-Uni où un tabou est tombé: le scénario d’une sortie ou «Brixit» (pour «British exit") est désormais ouvertement évoqué, si les exigences de réformes de Londres ne sont pas entendues.
Certains historiens invoquent la menace d’invasion espagnole de l'Invincible Armada» en 1588 ou les campagnes napoléoniennes. Paul Whiteley, professeur à l’Essex University, explique l’ambivalence de la Grande-Bretagne et les difficultés de greffe par un malentendu originel.
«L’appartenance de la Grande-Bretagne (qui a rejoint l’Europe en 1973) a toujours été très pragmatique, centrée sur le commerce», expose-t-il à l’AFP.
«Elle n’a jamais réellement souscrit à la dimension politique», renchérit Philip Whyte, du Centre for European reform (un institut de recherches europhile).
Avec la crise économique, «l’opinion publique a radicalement changé en 5 ans», relève Whiteley. Dans le baromètre mensuel qu’il supervise, le nombre des Britanniques favorables au maintien dans l’UE a chuté à 39% en août 2012. 61% souhaitent la sortie.
Trois facteurs ont nourri la désaffection, selon Philip Whyte: l’élargissement de l’UE à l’Europe centrale et orientale en 2004, assimilée «à une perte du contrôle aux frontières du Royaume-Uni» qui a vu affluer 1 million d’immigrants; le sentiment des milieux d’affaires d’une «inflation de réglements superfétatoires»; la crise, qui présente l’UE et l’eurozone «sous un jour défavorable».
Ces éléments ont un peu plus radicalisé les conservateurs --qui ont repris l’étendard de l’opposition à Bruxelles surtout brandi par les travaillistes dans les années 70-80- au prix de tiraillements avec leurs alliés libéraux-démocrates, généralement europhiles.
«Jamais rien de bon n’est venu du continent», disait Margaret Thatcher (1979-90). L’euroscepticisme «empoisonne» depuis les tories, commente Paul Whiteley.
«La différence est qu’aujourd’hui les divisions internes au parti conservateur n’opposent plus les eurosceptiques aux supporteurs de l’Europe, mais deux clans eurosceptiques: ceux qui veulent rester et les plus radicaux qui souhaitent partir», note-t-il.
La surenchère à droite est encouragée par la montée en puissance du UK Independence Party (UKIP) exclusivement intéressé par «un divorce européen à l’amiable».
Le dénigrement des médias fait le reste, soulignent les experts. A l’instar du tabloïde Sun qui évoquait récemment «la gabegie, la corruption et l’incompétence notoire des dirigeants européens irresponsables».
Une mèche à combustion lente
«Le statu quo n’est pas tenable», résume Stephen Booth, directeur de recherches à Open Europe, un institut de réflexion eurosceptique.
Alors le Premier ministre David Cameron, «prisonnier des plus eurosceptiques dans son camp», selon Whyte, entend négocier des exemptions, des garanties pour la City, rapatrier des prérogatives.
Le hic est que les autres Etats membres «craignent d’ouvrir la boîte de Pandore», relève Robin Niblett, directeur du prestigieux Institut de recherches Chatham House.
L’inconfort de M. Cameron s’est accru en octobre quand, débordé sur la droite et la gauche par une alliance improbable d’eurosceptiques et députés Labour, il a reçu pour «mission impossible» d’obtenir des coupes au budget pluriannuel de l’UE. Là où il espérait s’en sortir avec une demande de gel, assortie d’une menace de veto.
Il y a pire. Peter Mandelson, ancien commissaire européen blairiste, est de ceux qui se demandent si Cameron n’a pas allumé «une mèche à combustion lente», en envisageant le principe d’un référendum sur les nouvelles relations de son pays avec l’UE.
Les eurosceptiques se sont engouffrés dans la brèche pour réclamer un scrutin à la question tranchée: «in/out» (dedans ou dehors).
«La sortie britannique n’est plus totalement taboue, si des accommodements sont impossibles», relève Booth.
«Il y a une réelle possibilité de Brixit» à l’horizon 2017, confirme Whyte. «Si un référendum se tenait demain, il semble que les Britanniques voteraient en faveur de la sortie».
«L’opinion peut se retourner en cas de retour rapide à la prospérité», souligne toutefois Whiteley.
En 1999, Blair actait la pérennité du débat en termes shakespeariens: «On revient toujours au même dilemme. Etre ou ne pas être en Europe, telle est la question». Qui demeure d’actualité.
Certains historiens invoquent la menace d’invasion espagnole de l'Invincible Armada» en 1588 ou les campagnes napoléoniennes. Paul Whiteley, professeur à l’Essex University, explique l’ambivalence de la Grande-Bretagne et les difficultés de greffe par un malentendu originel.
«L’appartenance de la Grande-Bretagne (qui a rejoint l’Europe en 1973) a toujours été très pragmatique, centrée sur le commerce», expose-t-il à l’AFP.
«Elle n’a jamais réellement souscrit à la dimension politique», renchérit Philip Whyte, du Centre for European reform (un institut de recherches europhile).
Avec la crise économique, «l’opinion publique a radicalement changé en 5 ans», relève Whiteley. Dans le baromètre mensuel qu’il supervise, le nombre des Britanniques favorables au maintien dans l’UE a chuté à 39% en août 2012. 61% souhaitent la sortie.
Trois facteurs ont nourri la désaffection, selon Philip Whyte: l’élargissement de l’UE à l’Europe centrale et orientale en 2004, assimilée «à une perte du contrôle aux frontières du Royaume-Uni» qui a vu affluer 1 million d’immigrants; le sentiment des milieux d’affaires d’une «inflation de réglements superfétatoires»; la crise, qui présente l’UE et l’eurozone «sous un jour défavorable».
Ces éléments ont un peu plus radicalisé les conservateurs --qui ont repris l’étendard de l’opposition à Bruxelles surtout brandi par les travaillistes dans les années 70-80- au prix de tiraillements avec leurs alliés libéraux-démocrates, généralement europhiles.
«Jamais rien de bon n’est venu du continent», disait Margaret Thatcher (1979-90). L’euroscepticisme «empoisonne» depuis les tories, commente Paul Whiteley.
«La différence est qu’aujourd’hui les divisions internes au parti conservateur n’opposent plus les eurosceptiques aux supporteurs de l’Europe, mais deux clans eurosceptiques: ceux qui veulent rester et les plus radicaux qui souhaitent partir», note-t-il.
La surenchère à droite est encouragée par la montée en puissance du UK Independence Party (UKIP) exclusivement intéressé par «un divorce européen à l’amiable».
Le dénigrement des médias fait le reste, soulignent les experts. A l’instar du tabloïde Sun qui évoquait récemment «la gabegie, la corruption et l’incompétence notoire des dirigeants européens irresponsables».
Une mèche à combustion lente
«Le statu quo n’est pas tenable», résume Stephen Booth, directeur de recherches à Open Europe, un institut de réflexion eurosceptique.
Alors le Premier ministre David Cameron, «prisonnier des plus eurosceptiques dans son camp», selon Whyte, entend négocier des exemptions, des garanties pour la City, rapatrier des prérogatives.
Le hic est que les autres Etats membres «craignent d’ouvrir la boîte de Pandore», relève Robin Niblett, directeur du prestigieux Institut de recherches Chatham House.
L’inconfort de M. Cameron s’est accru en octobre quand, débordé sur la droite et la gauche par une alliance improbable d’eurosceptiques et députés Labour, il a reçu pour «mission impossible» d’obtenir des coupes au budget pluriannuel de l’UE. Là où il espérait s’en sortir avec une demande de gel, assortie d’une menace de veto.
Il y a pire. Peter Mandelson, ancien commissaire européen blairiste, est de ceux qui se demandent si Cameron n’a pas allumé «une mèche à combustion lente», en envisageant le principe d’un référendum sur les nouvelles relations de son pays avec l’UE.
Les eurosceptiques se sont engouffrés dans la brèche pour réclamer un scrutin à la question tranchée: «in/out» (dedans ou dehors).
«La sortie britannique n’est plus totalement taboue, si des accommodements sont impossibles», relève Booth.
«Il y a une réelle possibilité de Brixit» à l’horizon 2017, confirme Whyte. «Si un référendum se tenait demain, il semble que les Britanniques voteraient en faveur de la sortie».
«L’opinion peut se retourner en cas de retour rapide à la prospérité», souligne toutefois Whiteley.
En 1999, Blair actait la pérennité du débat en termes shakespeariens: «On revient toujours au même dilemme. Etre ou ne pas être en Europe, telle est la question». Qui demeure d’actualité.
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