Belgique: les Francophones capitulent face aux revendications flamandes
Mais, au-delà de ces revendications économiques en grande partie alimentées par le fait que la Wallonie est dirigée par un PS clientéliste et en partie corrompu, il s’agit aussi pour la Flandre de préparer les conditions de son éventuelle indépendance, notamment en transformant la frontière linguistique entre Néerlandophones et Francophones fixée en 1962-63 en une quasi-frontière d’État incontestable. C’est tout l’enjeu de la scission de l’arrondissement électoral et judiciaire bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvordes (BHV), revendiqué par toute la Flandre. Cet arrondissement permet aux 150.000 Francophones installés en Flandre autour de la capitale belge d’être jugés dans leur langue et de voter pour des partis politiques francophones à Bruxelles (en Belgique, on vote pour les partis de sa communauté, faute de parti fédéral). BHV est donc une exception dans la continuité territoriale flamande, ce qui pourrait permettre aux Francophones, en cas de scission du pays, d’obtenir des compensations territoriales. Or, pour les Flamands, le « territoire » flamand fixé par la frontière linguistique n’est pas négociable.
Ainsi, la scission de BHV a été actée sans aucune contrepartie pour les Francophones, signant l’abandon de 80.000 Francophones de la grande périphérie à leur sort (hormis des droits judiciaires dont on verra comment ils seront appliqués). Quant aux 70.000 Francophones des six « communes à facilités » linguistiques qui jouxtent Bruxelles, les quelques droits politiques dont ils jouissent déjà sont préservés (ils sont dans la Constitution), mais absolument pas renforcés. En particulier, ils devront continuer à demander à chaque fois à recevoir des documents officiels dans leur langue, l’enseignement ou les bibliothèques resteront sous tutelle flamande, la Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des minorités ne sera pas ratifiée, etc. Bref, la Flandre a obtenu, sous la menace d’une nouvelle percée de la N-VA, la continuité territoriale qu’elle revendique depuis toujours, ce qui facilitera une éventuelle séparation....
Mieux : la Flandre gagne aussi une large autonomie fiscale (plus de 50 % des ressources fédérales, y compris une partie de la sécurité sociale) et évite que Bruxelles soit considérée comme une région à part entière afin de ménager une future revendication territoriale. Elle devrait aussi voir ses compétences largement élargies. En échange, et comme cela se passe depuis cinquante ans, les Francophones ont obtenu le maintien de l'essentiel des transferts financiers flamands: en clair, la Flandre achète le sud du pays.
Si côté flamand, on se réjouit quasi unanimement de la tournure des événements, même la N-VA ne parvenant pas vraiment à trouver d’angles d’attaques, il y a quelques remous côté francophone comme le montre la scission du MR, le parti libéral francophone, sa composante FDF (très sourcilleux sur la défense des Francophones), implantée à Bruxelles, ayant décidé de reprendre son autonomie. Mais ces manifestations de mauvaise humeur sont très limitées : la Flandre obtient tout ce qu’elle pouvait espérer sans scission, les Francophones sont soulagés d’avoir sauvé le pays et de continuer à bénéficier de l’argent flamand…
En outre, la configuration politique actuelle est lourde de danger : l’opposition chez les Francophones se limite au seul FDF et chez les Néerlandophones à la N-VA et aux Vlaams Belang. Trois partis qui font des questions linguistiques leur miel et qui ne pourront que progresser lors des élections de 2014, le mécontentement profitant toujours à l’opposition. Autant dire que l’abdication des Francophones dans les négociations actuelles ne règle aucun des problèmes de fond et ne fait que prolonger l’existence d’une Belgique en phase terminale. Comme le disait Winston Churchill au lendemain des accords de Munich : « You were given the choice between war and dishonour. You chose dishonour, and you will have war ». Des propos prophétiques qui peuvent être transposés à la Belgique : « vous avez choisi la soumission, vous aurez la scission ».
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