Quelles chances pour Sarkozy? Teinturier (Ipsos) répond (1/3)
Propos recueillis par Laureline Dupont - Marianne | Jeudi 15 Septembre 2011 à 12:01 | Lu 6908 fois
Cote de popularité en berne, sondages défavorables, Nicolas Sarkozy semble en bien mauvaise posture. Marianne a demandé à trois sondeurs d'analyser et d'expliquer les scores médiocres du chef de l'Etat. Pour Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos, Sarkozy paye l'absence de résultats et un contexte externe peu brillant.
Marianne : Après une légère remontée au début de l'été, Nicolas Sarkozy continue de chuter dans les sondages, comment l’expliquez-vous ?
Brice Teinturier : Une désillusion s’est fabriquée très vite, très tôt, liée aux engagements de 2007 et à l’espoir suscité au moment de la campagne. La cote de popularité de Sarkozy baisse dans les huit premiers mois du quinquennat. Cette chute est liée au pouvoir d'achat et à la sécurité, deux marqueurs importants de la campagne. Les Français ont le sentiment que les résultats ne sont pas au rendez-vous.
A cela s’ajoute aussi le sentiment d’une politique très inéquitable dans la répartition des efforts demandés.
Aujourd'hui, il ne remonte pas parce que l’environnement externe reste très mauvais, la crise donne le sentiment que les résultats ne sont toujours pas là, voire que la situation s’aggrave, pour quelqu’un qui est au pouvoir c’est une contrainte très lourde. Le plan de mesures du gouvernement est un plan qui ne peut pas être populaire mais qui, surtout, donne l’impression d’être une forme de colmatage, qui n’est pas de nature à rassurer fondamentalement les Français. Donc, Sarkozy cumule les handicaps.
On a le sentiment que son dynamisme sur le plan international et son succès en Libye ne lui rapportent presque rien…
La Libye contribue à façonner une image présidentielle à Sarkozy. Il apparaît comme quelqu’un qui à démontrer une aptitude au commandement mais ça ne pèse pas beaucoup par rapport aux éléments économiques et sociaux et à la situation d’inquiétude du pays.
Pour vous, Nicolas Sarkozy est fini ?
On n’en sait rien aujourd’hui, c’est une présidentielle qui est très mal partie pour lui. C’est la première fois depuis Giscard qu’on aura un président sortant qui va affronter les Français dans la pureté de cristal d’un bilan puisque Sarkozy n’a pas connu la cohabitation. En plus, comme Giscard, il est confronté à la crise. Or pour ce dernier, ça s’est achevé par une défaite. Pour Sarkozy, ça devrait, si on file l’analogie, se solder également par une défaite. A moins qu'il mette en avant sa capacité à prendre des décisions dans une période au pouvoir particulièrement difficile et ce, même si les résultats ne sont pas au rendez-vous. Si ça se joue sur une capacité à agir, ça nuance un peu ce que j’ai dit sur la crise du résultat.
De plus, il existe une différence - et c’est pour cette raison que je suis prudent- entre la période Giscard et le contexte actuel, c’est le poids de l’individu qui est aujourd’hui beaucoup plus fort que celui du projet. Les Français sont revenus de tout, ils croient moins à la possibilité du politique de fabriquer du résultat, gauche et droite confondues. En 81, la gauche représentait une espérance, on n’avait pas essayé, on pensait qu’elle pouvait réellement améliorer la situation. Ce n’est pas le cas en 2011, on voit du rejet et de la lassitude à l’égard du pouvoir en place. Il n’y a pas une espérance forte à l’idée que la gauche l’emporte. Ça rend le système quand même un peu plus imprévisible.
Selon vous, quel est l’enjeu pour Sarkozy durant cette campagne ?
Savoir dans quelle histoire il va embarquer les Français pour les cinq ans à venir. Et être crédible là-dessus. L’histoire qu’il racontait en 2007 était cohérente : « Je réhabilite le travail, la responsabilité individuelle, je fais la critique de l’assistanat, de la pensée de mai 68 et je dis qu’avec tout ça on est capable de faire revenir la croissance et le pouvoir d’achat. » Aujourd’hui, cette histoire, on ne peut plus la raconter. Il y a eu la crise.
De plus, il va devoir répondre à la question : comment rendre crédible l’idée d’équité ? Efficacité et équité, ce couple-là est essentiel ; ça dépendra fondamentalement de ce que proposeront les autres par comparaison, et de la capacité d’un candidat à apparaître plus crédible là-dessus. Aujourd’hui, on perçoit Sarkozy comme le réceptacle des frustrations, mais demain on sera dans la comparaison de ce que les uns et les autres nous proposent. Rien n’est joué.
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