La chancelière allemande Angela Merkel a assuré mardi que tout était fait pour prévenir une faillite de la Grèce, après que son pays ait provoqué l'inquiétude des marchés lundi, et déjà la semaine dernière, avec la démission de son chef économiste de la BCE.
Le ministre allemand de l'Economie, le libéral Philipp Rösler, avait mis le feu aux poudres lundi en évoquant l'éventualité d'un défaut de paiement d'Athènes, faisant plonger les bourses européennes et
notamment les valeurs bancaires.
"La priorité absolue est d'éviter un défaut de paiement incontrôlé parce que cela ne toucherait pas seulement la Grèce, et parce que le risque que cela nous affecte tous, ou du moins beaucoup d'autres pays, est très élevé", a dit Angela Merkel mardi matin, répondant à la panique des marchés. "La déclaration de Angela Merkel doit se comprendre comme une mise au point", a commenté pour l'AFP Thorsten Polleit, économiste de Barclays Capital.
Le président américain Barack Obama avait plus tôt exprimé son inquiétude.
"Je pense que nous continuerons à voir des faiblesses dans l'économie mondiale tant que cette question ne sera pas résolue", a déclaré celui-ci lundi à propos des tourmentes que traverse la zone euro. "La Grèce est évidemment le problème le plus urgent", a-t-il ajouté.
En l'absence de procédure de faillite contrôlée, l'Europe en aura une à partir de 2013, par le biais du
mécanisme européen de stabilité(MES), les propos de Angela Merkel reviennent à exclure une faillite totale d'Athènes, fait-on valoir à Berlin.
Celle-ci aurait des conséquences catastrophiques, a prévenu l'économiste allemand renommé Peter Bofinger. "Si la Grèce ne reçoit plus d'aides, il y aura une faillite incontrôlée, avec pour résultat que le système bancaire grec s'effondre, et le risque d'une réaction en chaîne énorme, potentiellement encore plus dévastatrice que la faillite de Lehman en 2008", selon lui.
Alors que la Grèce annonce une mesure d'économie après l'autre et fait face à une nouvelle vague de grèves, Angela Merkel a souligné le chemin parcouru par les autorités du pays.
"D'après tout ce que j'entends en provenance de Grèce, le gouvernement grec a pris conscience de la situation et fait ce qu'il doit faire", a jugé la chancelière, qui avait déjà appelé il y a quelques jours à la patience à l'égard d'Athènes."Le fait que la troïka revienne suggère que la Grèce a lancé un certain nombre de chantiers nécessaires", a-t-elle estimé.
L'Allemagne, trop orthodoxe ?
Déjà la semaine dernière, l'Allemagne avait été à l'origine d'une chute des Bourses alors que le chef économiste allemand de la Banque centrale européenne, Jürgen Stark avait annoncé sa démission, officiellement pour raisons personnelles.
A plusieurs reprises au cours des dernières semaines, il avait exprimé ses doutes sur le programme de rachat d'obligations publiques mené par l'institution monétaire de Francfort pour soulager les pays les plus fragiles de la zone euro.
La BCE, qui avait adopté ce programme à contrecoeur en mai 2010 pour porter secours à la Grèce, l'avait mis en sommeil cette année avant de reprendre ses achats en août en raison de l'aggravation de la crise de la dette qui menaçait l'Italie et l'Espagne.
Déjà en février, un autre Allemand, l'ex-président de la Bundesbank Axel Weber avait décidé de claquer la porte de la BCE en raison de son opposition à ce programme de rachats d'obligations.
Ce que reprochent les Allemands à cette politique, c'est de donner l'impression de cautionner les dérives budgétaires des autres Etats membres de l'Union européenne et, en monétisant la dette, de rajouter des liquidités sur le marché, en prenant le risque de générer des tensions inflationnistes, alors que
son mandat est justement de garantir la stabilité des prix dans l'Union.
Mystère autour de la politique du nouvel économiste en chef de la BCE
Mais, peut-être signe que l'Allemagne est en train de changer son fusil d'épaule : la nomination de Jörg Asmussen pour remplacer Jürgen Starck. "Comment il va réfléchir et agir est encore un mystère. Personnellement, je crois qu'on peut le ranger davantage dans la catégorie des faucons que dans celle des colombes, mais j'imagine qu'il va adopter une position de médiateur", a déclaré Manfred Neumann, professeur émérite qui a connu Jörg Asmussen comme étudiant en économie à Bonn.
Jürgen Stark, que Jörg Asmussen remplacera au sein dudirectoire de la BCE, était un partisan de la ligne dure en termes de politique monétaire, incarnant la tradition orthodoxe allemande dans ce domaine.
En raison de son appartenance au SPD (socialistes), certains conservateurs allemands redoutent que Jörg Asmussen ne fasse trop de concessions aux "colombes" de l'Europe du Sud.
"Il a certainement les qualités et le profil pour le poste.Mais je me demande s'il jouera le même rôle qu'Otmar Issing(ancien économiste en chef de la BCE), Stark ou Weber dans la défense de la stabilité de la politique monétaire", s'est interrogé Klaus-Peter Willsch, un élu de la CDU, le parti d'Angela Merkel.
D'autres estiment que, comme le président de la Bundesbanket membre du conseil des gouverneurs de la BCE Jens Weidmann, Jörg Asmussen, natif de la ville de Flensburg, à deux pas de la frontière danoise, se coulera dans le moule de la tradition allemande une fois qu'il arrivera à Francfort.
"Et que veut Jürgen Stark, et avec lui de nombreux Allemands ? Une BCE qui cherche sa raison d’être dans un objectif devenu vain depuis longtemps : empêcher les Etats de faire faillite au moyen d’une politique de stabilité. A l’évidence, c’est mission impossible. Ces gens-là vivent dans un monde illusoire, dans un passé depuis longtemps révolu. En tant que première puissance économique du continent, l’Allemagne est désormais la seule à pouvoir garantir la confiance dans les capacités de l’Union. Une faillite de la Grèce ne serait possible que si l’on garantit en même temps que les autres pays de la zone euro ne connaîtront pas le même sort. Mais c’est peu probable : les Allemands n’ont tout simplement pas la détermination nécessaire", constatait notamment le journal.
La semaine dernière, la Cour constitutionnelle allemande a exclu la possibilité pour l'Allemagne de ratifier des accords prévoyant une "
communauté de dettes (...) surtout si elle est liée à des conséquences difficilement prévisibles", ce qui peut donner des argument aux adversaires des obligations européennes communes ou "
eurobonds", qui permettraient de constituer une sorte de dette européenne commune, solution à la crise préconisée par beaucoup de dirigeants européens,
dont la Belgique.
Julie Calleeuw, avec AFP et Reuters
Δεν υπάρχουν σχόλια:
Δημοσίευση σχολίου
Σημείωση: Μόνο ένα μέλος αυτού του ιστολογίου μπορεί να αναρτήσει σχόλιο.