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mardi 13 septembre 2011
Le défaut grec bien coté
Pour les marchés, l’affaire est entendue : le défaut de la Grèce n’est qu’une question d’heures, de jours, au mieux de semaines. La valeur des obligations d’État grecques continue à s’effondrer et les CDS (credit default swap, assurances contre le défaut d’un État) atteignent des rendements records. L’incapacité d’Athènes à tenir ses objectifs budgétaires, faute de volonté politique, a
déclenché une nouvelle panique qui s’étend désormais aux banques européennes les plus exposées au risque souverain grec. Pourtant,une faillite de la Grèce n’est pas à l’ordre du jour puisqu’elle ne dépend plus des marchés pour se financer, mais de ses partenaires de la zone euro et du FMI.Or, il est tout simplement exclu qu’ils coupent le robinet du crédit, le risque de contagion aux autres pays sous assistance financière, mais aussi à l’Espagne et à l’Italie, étant trop élevé, avec les conséquences catastrophiques que l’on imagine pour la survie de l’euro…
Bref, les marchés jouent à se faire peur. Reste que leur panique peut fragiliser le secteur bancaire européen si les établissements commencent à refuser de se prêter de l’argent faute de connaître l’état réel de l’exposition de telle ou telle banque au risque souverain et surtout sa capacité à y résister. Comme toujours en Europe, les politiques en ont rajouté une louche en évoquant soit un défaut de la Grèce, soit carrément sa sortie de la zone euro, ce qui a donné corps aux craintes des marchés. En effet, certains, notamment en Allemagne, mais aussi dans les pays confrontés à la montée de mouvements populistes, voient d’un mauvais œil « l’union des transferts » financiers qui se met en place depuis deux ans sous les coups de boutoir des marchés : pour eux, payer pour un État mal géré ne fait pas partie du contrat de départ. Or, ils sont inquiets de voir la majorité de la classe politique allemande basculer dans le camp fédéraliste et se rallier, en maugréant, à l’idée de mutualiser une partie des dettes publiques.
Dans le rôle des boutefeux, les Néerlandais, traditionnellement proches des monétaristes allemands, excellent. Jeudi dernier, le ministre des Finances néerlandais, Jan Kees de Jager, a mis le feu aux poudres en estimant qu’un pays qui ne respecte pas la discipline budgétaire doit pouvoir être exclu « en dernier recours » de la zone euro. Même s’il a précisé qu’il faudrait d’abord modifier les traités, les marchés ont considéré que l’hypothèse était bel et bien sur la table. Or, une sortie de l’euro, cela signifie une faillite…
« Cette agitation autour de la Grèce peut la servir », estime un analyste de marché : « tous ceux qui ont des obligations grecques vont maintenant se précipiter pour les échanger contre des titres de moindre valeur, comme cela a été prévu par le sommet européen du 21 juillet, afin de limiter leurs pertes éventuelles : il vaut mieux récupérer 80 % de sa mise de départ, que 40 ou 50 % en cas de défaut... Au final, cela permettra à la Grèce d’alléger sa dette d’une vingtaine de milliards ». Pour l'instant, le taux de 90 % de participation fixé par les Grecs n'est pas atteint (on est plus prêt de 70 %), les compagnies d'assurance, en particulier, espérant que d'autres se sacrifieront à leur place. Bref, la panique actuelle pourrait au final aider Athènes à sortir la tête de l’eau.
N.N.: article paru aujourd'hui dans Libération
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