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Le psychodrame a atteint son paroxysme à l'UMP. Après avoir "pris acte" des résultats qui, lundi 19 novembre au soir, donnaient Jean-François Copé vainqueur de l'élection à la présidence du parti, François Fillon est reparti à l'attaque mercredi 21 novembre : il dénonce la non-prise en compte par la Cocoe, la commission interne de l'UMP chargée de valider le scrutin, des scores de trois fédérations d'outre-mer. Un "oubli" qui, selon les fillonistes, inverserait l'issue du scrutin.
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L'ancien premier ministre a déclaré qu'il accepte de renoncer à la présidence de l'UMP et demande à son rival d'en faire autant pour laisser Alain Juppé assurerl'intérim en attendant qu'une solution soit trouvée. Sinon, il menace d'aller devant les tribunaux. Dans ce nouveau bras de fer, inédit dans l'histoire de la droite française, Jean-François Copé reste inflexible. Décidé à garder un fauteuil conquis de haute lutte, il en appelle à "l'apaisement". Récit d'une journée où la bataille rangée s'est transformée en guerre totale.
Acte I : les mécomptes des DOM-TOM
Ce nouvel épisode démarre mardi soir au siège du mouvement. Laurent Wauquiez, partisan de François Fillon, siège à la Cocoe qui décompte les résultats des motions. Il découvre que trois fédérations d'outre-Mer (Nouvelle-Calédonie, Mayotte et Wallis-et-Futuna) n'ont pas été intégrées à la totalisation effectuée par la commission pour départager les deux candidats à la présidence de l'UMP. Convaincu qu'il s'agit là d'une erreur délibérée, il prévient aussitôt François Fillon.
A 11 h 30, mercredi, l'ancien premier ministre appelle Patrice Gélard, le président de la Cocoe, pour lui faire remarquer que 1 304 voix n'ont pas été intégrées dans le résultat. Si elles l'étaient, il aurait été proclamé vainqueur avec 26 voix d'avance, veut-il croire. Le président de la Cocoe n'aurait pas nié l'erreur, mais refuse derevenir en arrière. François Fillon téléphone alors à Alain Juppé pour lui demanders'il accepterait d'être président du parti par intérim en attendant que la situation soit éclaircie. Le maire de Bordeaux demande à réfléchir. Il ne veut rien faire sans l'accord de Jean-François Copé.
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Acte II : la conférence surprise du clan Fillon
Le téléphone sonne toute la matinée entre les proches de François Fillon. Pendant ce temps, ne sachant pas ce qui se trame, Jean-François Copé, qui sort d'une réunion du bureau politique du parti, joue au rassembleur affirmant que contrairement aux "caricatures", il n'a jamais incarné "une ligne à droite contre une ligne au centre". Les fillonistes ont la tête ailleurs. En secret, ils décident d'organiser une conférence de presse à l'Assemblée nationale.
A 14 h 30, Laurent Wauquiez, Eric Ciotti et Valérie Pécresse, mines sombres, rendent publics les dysfonctionnements de la Cocoe estimant qu'il s'agit d'une"erreur manifeste et grave" qui doit être "réparée" par la commission. L'effet de surprise est total. Les chaînes d'information en continu se remettent à diffuser le feuilleton UMP. Dans la foulée, François Fillon publie un communiqué dans lequel il affirme ne pas vouloir déposer de recours, mais "réclamer simplement la vérité".
A 15 h 13, informé du coup d'éclat de ses adversaires, le président officiellement élu affiche sa stupéfaction dans les couloirs de l'Assemblée nationale : "Je n'ai jamais été informé de quoi que ce soit." Jean-François Copé défie les fillonistes desaisir la commission des recours de l'UMP et menace : "Cela permettra deregarder au plus près les résultats à Nice", une ville où les copéistes accusent le camp d'en face de fraudes, mais dont les résultats ont finalement été validés par la Cocoe. Un argumentaire qui sera repris en boucle tout l'après-midi par ses soutiens.
Acte III : l'appel au grand sage Juppé
Les fillonistes tentent de décrédibiliser la Cocoe. "Elle n'est pas à la hauteur depuis le début, accuse Eric Woerth. Si elle ne revient pas sur le résultat, elle perd son âme et son indépendance." Patrice Gélard, son président, oppose une fin de non-recevoir à François Fillon – "On ne peut plus revenir sur les résultats " – renvoyant les plaignants à la commission des recours du parti. Alors que le dialogue de sourds s'installe entre les deux camps, des personnalités du parti en appellent à la solution Juppé. Tous les regards se tournent alors vers Bordeaux. Les fillonistes Jean Leonetti, Dominique Bussereau, Philippe Bas et Benoist Apparu demandent une "direction neutre pour faire cesser la "guéguerre"" et"éviter l'éclatement de l'UMP".
Interrogé, l'ancien premier ministre de Jacques Chirac, qui s'est placé tout au long de la campagne interne au-dessus de la mêlée, indique qu'il "a besoin de réfléchir". Les deux camps durcissent leurs positions. Les supporteurs de François Fillon et de Jean-François Copé défilent devant les micros pourreprendre la guerre psychologique entamée depuis dimanche. L'équipe Copé déplore qu'un ancien chef de gouvernement qui se dit "homme d'Etat" prenne le risque d'affaiblir plus encore l'UMP. " C'est indigne ", s'offusque un jeune sarkozyste.
Pro-fillon, le député de Savoie Dominique Dord se dit "certain que dimanche soir Jean-François Copé n'était pas en mesure d'annoncer sa victoire" et supplie : "Ne rajoutons pas au coup de force médiatique de dimanche un nouveau putschphysique sur le thème "J'y suis, j'y reste"." Bruno Le Maire demande de mettre fin"au psychodrame". En vain. "On pensait qu'on avait touché le fond de la piscine, on est en train de la creuser", constate Benoist Apparu.
Acte IV : l'ultimatum et la contre-attaque
Pendant ce temps, Laurent Wauquiez organise au débotté le rassemblement d'un maximum de députés au Musée social dans le 7e arrondissement. Vers 17 heures, François Fillon arrive sur place, veste de chasse sur les épaules. Il entre sans un mot dans la salle qui contient, selon les fillonistes, une centaine de parlementaires. Le débat est vif. Certains menacent de quitter l'UMP, d'autres évoquent la création d'un groupe parlementaire autonome.
Finalement, il est décidé de poser un ultimatum : si Alain Juppé ne devient pas président par intérim, la scission aura lieu. "Pour ceux qui ne veulent pasrespecter les résultats, la porte est ouverte", s'agace Henri Guaino, partisan de Jean-François Copé, parlant de "suicide collectif". Les copéistes continuent la guerre des nerfs. Valérie Rosso-Debord qualifie l'attitude des fillonistes de"tentative de putsch pour intimider et tenter de l'emporter", affirmant qu'"ils n'ont pas de billes". Roger Karoutchi, directeur de campagne de Jean-François Copé, refuse l'option Alain Juppé. Pour Nadine Morano, "l'image de François Fillon va être lourdement entachée".
Preuve que l'heure est à la confusion la plus totale, Gérald Darmanin, filloniste déjà rallié à M. Copé, en "appelle à Nicolas Sarkozy pour qu'il vienne siffler la fin de la récré". A 19 heures, Jean-François Copé prend la parole depuis l'UMP. Sur un ton solennel, il fait part de sa "totale détermination à tout faire pour favoriserl'apaisement". "J'appelle François Fillon et surtout ceux qui le conseillent àretrouver le sens des responsabilités et de l'intérêt général."
Acte V : le face-à-face des journaux télévisés
Quelques secondes auparavant Alain Juppé, sur son compte Twitter, se dit "prêt àorganiser une médiation à la condition absolue qu'elle se fasse avec l'accord" des deux candidats. Et d'ajouter : "Cette condition n'est à l'évidence pas remplie aujourd'hui."
A 20 heures, François Fillon arrive sur le plateau de TF1. Il annonce qu'il "renonce à la présidence de l'UMP". Mais pas à la guerre. Il jure qu'il ne quittera pas l'UMP, – "ma famille" –, demande qu'Alain Juppé accepte une médiation "et nous propose une sortie de crise". "J'irai jusqu'au bout, assène-t-il. Si personne n'écoute ce que je demande aujourd'hui, je déposerai un recours" devant la justice et non devant la commission des recours de l'UMP en laquelle il n'a "pas confiance". Et deconclure : "l'UMP ne peut pas vivre sur un mensonge".
A quelques encablures de là, sur le plateau de France 2, Jean-François Copé lâche : "Je ne peux pas imaginer qu'il aille à une telle extrémité." Une position confirmée le jeudi matin sur Europe 1 : M. Copé accuse désormais son adversaire d'être "un mauvais perdant qui vient donner des leçons de morale sans se lesappliquer à lui-même".
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