Par exemple, le sens de manger est que si je ne mange pas je vais mourir; le sens donc de manger c'est que cela contribue à me faire vivre et le sens de ne pas manger contribue à me faire mourir. Je comprend le sens que cela à de manger car je comprend également le sens que cela a de ne pas manger. Si le fait de ne pas manger n'avait aucun sens pour moi, le sens de manger n'en n'aurait pas non plus. Nous voyons ici que le fait de savoir le sens contraire d'une chose permet alors d'en comprendre le "bon sens". Nous nous demandons la même chose pour ce qui est de la vie : le fait que j'en arrive pas à comprendre le sens ne serait-il pas dû au fait que je ne cherche pas à comprendre le sens de la mort ? Car si l'on ne peut comprendre une chose qu'en comprenant son contraire, ne devient-il pas alors impossible de comprendre la vie sans comprendre la mort ?
Dans la "Critique de la raison pure (A 575/B 603)" Kant dira : « personne ne peut penser une négation de façon déterminée sans disposer comme fondement de l'affirmation opposée. L' aveugle de naissance ne peut se forger la moindre représentation des ténèbres, parce qu'il n'en a aucune de la lumière; le sauvage ne peut se représenter le dénuement, parce qu'il ne connaît pas le bien être. L'ignorant n'a aucune notion de son ignorance, parce qu'il n'en a aucune de la science, etc. » Quand à Jung, dans "Les Racines de la conscience (Ed. BUCHET/CHASTEL, 1971)" écrira : « Il n'est pas de position sans négation correspondante (p.150)», ou encore : « Il n'y a pas de conscience sans distinction des contraires (p.132) ». C'est en cela que nous demandons s'il est possible d'avoir conscience du sens de la vie sans avoir conscience du sens de la mort, qui est son contraire. Faut-il donner un sens à sa mort pour que sa vie en prenne un ?
Sogyal Rinpoché écrit dans "Le livre tibétain de la vie et de la mort (Ed. La Table Ronde, 2003)" : « Malgré ses prouesses technologiques, la société moderne occidentale ne possède aucune compréhension de la mort (...) Je découvris que, de nos jours, on apprend aux gens à nier la mort et à croire qu'elle ne représente rien de plus qu'un anéantissement et une pure perte (p. 37) » Si la mort est un pure anéantissement et une pure perte, ne faut-il pas alors admettre que la vie est également un pure anéantissement et une pure perte ? Si la mort n'a aucun sens comment la vie peut-elle en avoir un ? Pour comprendre le sens de la vie faut-il nécessairement comprendre le sens de la mort ? Peut-on comprendre le sens de la vie sans comprendre le sens de la mort ?
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