Voici donc ces résultats: PASOK et Nea Demokratia obtiennent respectivement 13,5 et moins de 19% des suffrages, le parti de gauche Syriza 16,5%, les « Grecs Indépendants », (droite-extrême), 10,5%, la « Gauche Démocratique » 6%, le parti néo-nazi « Chrissi Avghi » 7%, et le parti communiste 8,5%. Près de 20% des électeurs ont d’autre part voté pour des partis qui ne seront pas représentés au parlement, ayant réalisé chacun moins de 3% des voix. Le taux d’abstention est très fort (le vote est obligatoire en Grèce), à 35%.
Il est logique que les 2 partis qui dirigent alternativement la Grèce depuis 40 ans aient été sanctionnes: leurs gestions désastreuses laissent un pays totalement désarmé et ruiné face a la crise économique mondiale. Pire encore, ils l’ont mis en porte à faux vis a vis d’une Europe qui a évolué depuis 1980 alors que la Grèce n’a, en réalité, pas bouge d’un iota, en se nourissant d’illusions, d’emprunts, et de corruption…
Ceci pose, les réactions du corps électoral hellène ont de quoi inquiéter: d’abord avec l’entrée fracassante d’une vingtaine de nazillons au nouveau parlement: précisons bien qu’il ne s’agit pas d’extrême-droite « classique » (le parti LAOS, qui jouait ce rôle, n’a aucun élu), mais bien de bandits, qui recourent quotidiennement à la violence politique contre des immigrés ou des opposants…
Ensuite avec l’audience relativement forte dont bénéficient des partis populistes, voire fantaisistes, de gauche comme de droite: le Syriza de M. Tsipras tout d’abord, qui se dit certes « pro-européen », mais se targue, lorsqu’il parviendra au pouvoir, de déclancher la révolution des peuples dans l’Union Européenne afin de parvenir a pérenniser le subventionnement ad vitam aeternam de la Grèce. Les « Grecs indépendants » ensuite, de M. Kammenos, dissident de Nea Demokratia, qui compte fermement « faire chanter » l’Europe pour lui imposer le même subventionnement, et mener une politique étrangère nationaliste avec des voisins comme la Macédoine ou même la Turquie.
Quant aux partis (hors PASOK et ND) qui avançaient des propositions tant soit peu courageuses et constructives pour un avenir européen réaliste, leurs scores sont malheureusement minables: « Drassi » (Action) de M. Stéphanos Manos est à moins de 2% malgré une campagne courageuse et des arguments pertinents, l’ Alliance Démocratique de Mme Bakoyannis et les écologistes chacun à 2,5%, et la « Gauche démocratique » de M. Kouvelis, à 6%. Cette dernière, tout en combattant l’austérité imposée aux plus démunis, reconnaît toutefois la nécessité urgente de modernisation et d’évolution de la Société hellénique vers les standards de la fédération d’Etats dont elle fait partie .
Car la question est bien là: le vote d’hier réflète la colère d’une population à qui on retire beaucoup après l’avoir bercée confortablement durant des décennies en l’assurant que tout allait bien. Dont acte. Mais il symbolise aussi et surtout un refus d’évoluer vers un monde et une Europe qui pensent et raisonnent différemment, que cela plaise ou non… Dans ce sens, quelque 85 députés de MM. Tsipras et Kammenos qui semblent croire dur comme fer que la Grèce est un « village d’Astérix » dans l’Union Européenne et que cette dernière doit à ce titre lui assurer subsistance et potion magique, représentent presque un tiers de la société grecque. Ce fait est presque aussi préoccupant (naturellement sur un autre registre) que les 21 nazis élus par des jeunes décervelés et des retraités apeurés par la délinquance qui règne en maître dans certains quartiers d’Athènes depuis quelques années: les militants de « Chrissi Avghi » y assurent entre autres des tâches de police que l’Etat néglige… Pour terminer avec les nazillons grecs, il est intéressant de relever que de nombreuses consignes de vote en leur faveur ont notamment été diffusées sur les réseaux sociaux d’internet par des moines du Mont Athos durant les semaines précédentes…
Le vote d’hier a remodelé le paysage politique de la Grèce. Plaisant ou déplaisant, il représente une opinion certes en colère, mais une opinion réelle, qui s’est fait entendre. Une conséquence apparemment négative est le fait que le pays est ingouvernable en l’état par un ou même deux partis. Un aspect positif est que la Grèce montre malgré tout un attachement à son appartenance à l’Europe, dans le sens où plus du 70% du total des voix est allé à des partis pro-européens et démocratiques, même si certains d’entre eux refusent une austérité en bonne partie nécessaire. En fin de compte, si M. Tsipras devenait un peu plus réaliste sur la situation et la place de son pays, il ne différerait pas beaucoup de Jean-Luc Mélenchon, ou des « Linke » allemands. Le fait de pouvoir prétendre maintenant arbitrer la vie politique grecque du haut de son 16,5% favorisera peut-être cette évolution.
Ce n’est peut-être pas des partis politiques, enfoncés pour l’instant dans une rigidité dogmatique d’un autre âge que viendra la prise de conscience par les Grecs de leurs responsabilités. Par contre, des citoyens eux-mêmes, pourraient à court ou moyen terme mettre en route des mouvements, notamment au niveau des grandes villes: exemplaire à cet égard est le regroupement autour du maire de Thessalonique, M. Boutaris, qui réussit depuis 2 ans à accomplir un remarquable travail dans une ville problématique à maints égards, soutenu par des membres de partis politiques aussi différents que le PASOK, Syriza ou Drassi, que nous avons mentionnée plus haut…
Inversement, l’Union Européenne devra également mettre quelques gouttes d’eau dans son vin, moins au niveau du fond que sont les exigences d’austérité et de gestion efficace, incontournables, que de la forme, et surtout des délais : on ne peut exiger d’une société qu’elle parcoure en 2 ou 3 ans l’évolution accomplie par d’autres en 20 ou 30 ans. Depuis 47 ans maintenant, la Grèce est considérée comme « adolescente» et se veut telle. Il est certes grand temps qu’elle grandisse, mais qu’on lui en laisse le temps, d’autant plus que jusqu’il y a 3 ans, son adolescence était acceptée par tout le monde non sans une certaine complaisance. Rappelons que jusque dans les années 2000, les entreprises allemandes qui fournissaient l’Etat hellénique avaient leur département spécial « corruption »… Par ailleurs, et cette perspective semble se dessiner au niveau de l’Union, austérité et économies devront aller de pair avec relance et développement, et surtout épargner les plus faibles.
Très attachés à l’Histoire de notre pays, nous autres Grecs avons tendance à nous conditionner depuis près de 2 siècles à ressembler à nos ancêtres, réels ou supposés. Le fait est que les défauts desdits ancêtres (individualisme outrancier, divisions, palabres interminables devant l’urgence, manque de patience et de continuité dans l’action) semblent avoir été bien intégrés. Ne pourrions nous pas nous efforcer également de mettre en avant certaines de leurs qualités, comme le respect des lois et des accords, le sens des responsabilités, le simple bon sens ou la logique, née sur nos rivages mais qui semble les avoir quittés depuis longtemps?
L'ECONOMIE MONDIALE EST UN ENSEMBLE UNIQUE,PSYCHOSOMATIQUE. AUSTÉRITÉ VIATIQUE VERS LA CROISSANCE POUR L'OCCIDENT. Η ΠΑΓΚΟΣΜΙΑ ΟΙΚΟΝΟΜΙΑ ΕΙΝΑΙ ΕΝΑ ΕΝΙΑΙΟ ΣΥΝΟΛΟ,ΨΥΧΟΣΩΜΑΤΙΚΟ.Η ΛΙΤΟΤΗΤΑ ΕΙΝΑΙ Ο ΔΡΟΜΟΣ ΓΙΑ ΤΗΝ ΑΝΑΠΤΥΞΗ ΤΗΣ ΔΥΣΗΣ
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Τετάρτη 9 Μαΐου 2012
Posted on mai 7, 2012 by Nicolas Bloudanis La Radio Suisse m’a contacté tard dans la soirée d’hier pour une impression “à chaud” sur les résultats des élections grecques. Sans vraiment réfléchir, j’ai répondu à la première question « off the record » du journaliste : « Il faut bien qu’adolescence se passe! »… La spontanéité fait parfois déboucher sur de justes remarques…
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