L’arrogance de Juppé offre le point du débat à Hollande

Difficile d’y échapper ce matin. Le portrait de François Hollande s’affiche en une de tous les journaux. Le candidat PS a dévoilé son programme jeudi dans la journée avant d’aller le défendre sur France 2 dans l’émission « Des paroles et des actes ». Il s’est retrouvé en débat face à Alain Juppé, le pire ministre des Affaires étrangères français depuis 15 ans. Retour dans le réveil politique sur ce tournant de la campagne en question. Et pour commencer, celle que tout le monde se pose un lendemain de débat… Qui a gagné le débat d’hier ?



Hollande est sorti plutôt gagnant de ce débat avec Juppé ! C’est la victoire d’un homme de gauche sur un politicien qui débecte les français. Envoyer Juppé au front pour combattre Hollande est certainement la plus grave erreur de ce début de campagne de Nicolas Sarkozy.

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Pendant 40 minutes, les deux hommes ont échangé sur un ton relativement cordial mais dans une ambiance tendue. Le ministre des Affaires étrangères a en effet attaqué son interlocuteur bille en tête, en l’accusant de faire de Nicolas Sarkozy « une méchante caricature » et de faire preuve d’ « arrogance ». « Si je suis élu, quand je serais élu, comme je suis déjà président de la République…», a moqué l’ancien Premier ministre. « Vous êtes un peu trop sûr d’avoir tourné la page. » Et son adversaire de rétorquer : « En matière d’arrogance, je pense que chacun a à faire son examen de conscience. »

Juppé n’a jamais été convaincu par le sarkozysme. Serviteur de ses propres intérêts, il est certes là où il est par goût du pouvoir mais aussi pour permettre au pays «de tenir son rang» (à travers lui, bien sûr…) sur la scène internationale. En août 2010, pressé par Sarkozy d’entrer au gouvernement mais ne croyant déjà guère dans les chances de ce dernier d’être réélu, l’ancien Premier ministre de Chirac lui avait lancé: «Ai-je intérêt à monter sur le Titanic?»

Cette question, Alain Juppé a donné le sentiment face à Hollande de toujours se la poser… Lorsque le terme «Sarko» lui a échappé alors qu’il parlait du chef de l’Etat, on a compris le degré de considération dans lequel il tient son «patron». Enfin ces mots dévastateurs et démobilisateurs quand Juppé a lâché à son adversaire: «On verra ce que vous ferez»… Sous-entendu, une fois à l’Elysée. Une erreur de débutant? Pas le genre de la maison Juppé. Plutôt l’aveu chez ce pur politique que la partie est déjà pliée.

Au final, il faut reconnaître que François Hollande est meilleur en débat à la télévision qu’en discours sous les préaux à imiter François Mitterrand. Alain Juppé relativement médiocre et peu combatif a payé pour son arrogance hier soir. Arrogance régulièrement marquée de son sourire ironique qui fait penser à celui des « méchants » dans les dessins animés.

Si Sarkozy veut-être réélu, il va devoir sérieusement repenser sa stratégie. En envoyant un représentant qui ne croit pas en lui, comment peut-il croire gagner des points dans les sondages ?

Jonathan-Simon Sellem – JSSNews
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