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Δευτέρα 3 Δεκεμβρίου 2012

Et si les dernières innovations technologiques permettaient de ramener en Europe et aux Etats-Unis les emplois partis en Chine ?


Et si les dernières innovations technologiques permettaient de ramener en Europe et aux Etats-Unis les emplois partis en Chine ?

Si le besoin de réduire les coûts a attiré la production hors des pays occidentaux vers les pays du Sud, la possibilité de gagner du temps pourrait la ramener en Occident.

Rapatriement

Publié le 3 décembre 2012
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La production en Chine se trouve dans une mauvaise passe : les changements sociaux et économiques rendent l’externalisation ne plus en plus couteuse pour les firmes les plus expérimentées.
La production en Chine se trouve dans une mauvaise passe : les changements sociaux et économiques rendent l’externalisation ne plus en plus couteuse pour les firmes les plus expérimentées. Crédit Reuters
La question a émergé vers la fin du second débat de la campagne présidentielle américaine, il y a quelques semaines : la journaliste de CNN Candy Crowley a interrogé les deux candidats, Mitt Romney et Barack Obama : "Qu’est-ce qui pourrait convaincre une grande entreprise de technologie (comme Apple, ndlr), de rapatrier sa production aux Etats-Unis ?".
Une interrogation d’actualité, alors que l’usine Foxconn qui fabrique entre autres les iPhone envisage d’ouvrir des usines aux Etats-Unis, pour y fabriquer, non pas des iPhone, au coût du travail trop élevé, mais des écrans télé LCD. Et si la technologie offrait une opportunité de réindustrialisation aux pays occidentaux ?
Le correspondant de The Atlantic James Fallows a décidé de prendre le problème à bras le corps, lui qui arpente la Chine et ses usines depuis longtemps. Le journaliste a constaté un phénomène surprenant, un retournement de la situation industrielle. "Pour la première fois, j’ai entendu des "producteurs" optimistes au sujet de projets de hardware qu’ils souhaitent lancer et d’usines qu’ils souhaitent construire, non seulement en Asie mais aussi aux Etats-Unis."
Pourquoi ? Il explique que : si "c'est le besoin de réduire les coûts qui a fait sortir la production des Etats-Unis, la possibilité de gagner du temps pourrait la ramener aux Etats-Unis." La technologie de l'impression en 3D est en train de révolutionner le processus de décision pour choisir quoi construire et où le construire. L’ingénieur Adam Mack explique qu’à A Time Lab, petite firme de design industriel de San Francisco, la technologie de l'impression en 3-D est en train de révolutionner le processus de décision pour choisir quoi construire et où le construire.
Grâce à l’impression 3D et à la modélisation informatique, des objets tangibles peuvent être produits en quelques minutes ou heures, sur la base de designs créés sur un écran. Le processus de développement d’un prototype et d’opérer de légers ajustements par petites touches est incroyablement réduit. Plus besoin de s’assoir à une table pendant des jours et de discuter de la chose que l’on voudrait créer, en tentant avec peine de la visualiser. L'impression 3D ne cesse d'émerveiller : elle est maintenant capable d'imprimer de l’électronique véritable, et des chercheurs sont parvenus à imprimer rien ne moins... qu'une manette de jeux vidéos prête à l'emploi. La production devient plus attractive et faisable, les nouveaux outils vont créer plus d’emplois aux Etats-Unis que l’on s’y attendait il y a encore quelques années.
Une révolution est en marche. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le processus de mondialisation n’avait cessé de faire reculer la production aux Etats-Unis et en Europe : il est devenu de plus en plus difficile de garder en Occident les emplois manufacturiers. Mais le vent tourne : la dernière vague d’innovation technologique, les nouveaux systèmes de communication, et les outils de production innovants rendent la production manufacturière plus facile dans les pays les plus développés. En particulier, pour lancer sur le marché de nouveaux produits plus rapidement que la concurrence en les designant et en les construisant direction sur place, aux Etats-Unis ou en Europe.
Au même moment, la production en Chine de son côté se trouve dans une mauvaise passe : les changements sociaux et économiques rendent l’externalisation ne plus en plus couteux pour les firmes les plus expérimentées.
Aux Etats-Unis, un très vieux problème pourrait bien être résolu sous peu grâce à de nouveaux outils. La problématique éternelle est celle du coût, du délai, et de la difficulté de transformer une idée en un produit fini : car avant de pouvoir gagner le premier centime à partir d’une idée, il faut décider si le produit peut être fabriqué, à quel prix, et à quelle vitesse, afin d’espérer griller la priorité à tout concurrent qui aurait eu la même idée…
La Silicon Valley semble donc de nouveau en ébullition, et un grand intérêt s’y développe autour du "hardware", des outils technologiques, d’après le manager Linus Chung, qui n’hésite pas à affirmer "Je n’ai jamais connu de moment plus excitant dans le business du hardware".
"Je parierais gros sur San Francisco, pour son énergie et sa créativité", assure Liam Casey, entrepreneur d’origine irlandaise, installé en Chine et patron de la fructueuse PCH International, entreprise de gestion de la chaine logistique. A ses yeux, les économies nationales ne sont qu’une collection de villes à l’économie vibrante, et les villes prospèrent lorsqu’elles favorisent un écosystème diversifié de petites entreprises dont la croissance se renforce mutuellement. Si Shenzhen a été le modèle de la croissance à la Chinoise, San Francisco est celui de la nouvelle économie de production qui va selon lui se répandre aux Etats-Unis.
Dans cette optique, il a loué un immense bâtiment à San Francisco, afin d’y établir l’état major de PCH. "Nous espérons favoriser la communauté croissante de producteur de Bay Area qui veulent avoir un impact massif sur le monde à travers leur dévotion au design, à l’image de marque et à l’expérience du consommateur", a –t-il expliqué.
Et Liam Casey n’est pas le seul à être de cet avis, puisqu’une coalition baptisée SFMades’est vouée entièrement à la promotion des start-up à San Francisco. Les 5 dernières années aux Etats-Unis ont été le théâtre d’une renaissance de la production à petite échelle. Bien sûr, elle reste incomparable à la Chine. Les 400 firmes qui possèdent des usines à San Francisco emploient au total plus de 3000 personnes, l’équivalent d’une semaine bien chargée à l’usine dortoir de Foxconn.
Qu'en est-il de l'Europe ? Atlantico a interrogé Jean-Yves Archer, économiste et spécialiste en conseil de haut de bilan.

Atlantico : Les innovations en matière de technologies haut de gamme offrent-elles une opportunité de réindustrialisation aux pays occidentaux ?

Jean-Yves Archer : Du fait de l’apparition de technologies de plus en plus pointues (robotique, biotechnologies, etc.) et de fréquence d'apparition de plus en plus rapprochée, la production d’un produit vraiment innovant ne nécessite que peu d’emplois par comparaison avec la décennie des années 80. Autrement dit, la fonction de production des économistes incorpore de plus en plus de capital financier et de capital immatériel (brevets, know-how) et proportionnellement moins de recours au facteur travail, aux opérateurs de fabrication.
Dès lors, l’Occident peut prétendre à redevenir compétitif face à des pays émergents majeurs comme le Brésil, l’Inde ou bien entendu la Chine.
Dans le droit fil de cette tendance, deux études du Boston Consulting Group (datant d’Août 2011 et de Février 2012) dont l’une était clairement intitulée : "Made in America Again – Why the manufacturing will return to the U.S" ont démontré que d’ici à 2020 le resserrement de l’écart salarial entre la Chine et les Etats-Unis permettra de remettre dans la compétition nombre de producteurs nord-américains.
L’irruption du fait technologique cher à Schumpeter et la diminution des écarts salariaux seront des atouts puissants pour l’Occident. Le "reshoring"  (relocalisation) est donc une hypothèse crédible qui mérite d’être approfondie par une série de cinq points d’analyse.
  • 1. Tout d’abord les coûts de logistique, notamment étudiés par l’éminent professeur Pierre Bauchet, ne sont plus à négliger et il est clair que produire près du lieu où réside le consommateur fait sens

  • 2.  Conformément aux enseignements de Michaël Porter, on réplique plus vite à un nouvel entrant sur le marché (un nouveau concurrent) si on est proche du marché. La célérité de réaction est un avantage concurrentiel qui relève de l’importante notion de compétitivité hors-prix.

  • 3. Les technologies apparaissent de plus en plus fréquemment en grappes d’innovation : ainsi, une innovation technologique en entraîne une autre, etc. Dès lors, il est là encore essentiel d’assimiler la vitesse de la demande. Nombre d’exemples (smartphones) montrent l’attente des consommateurs en termes de nouveauté et de disponibilité rapide du produit.

  • 4. Il reste toutefois la question de la propriété des nouvelles technologies. Il est établi que des groupes financiers issus des pays émergents vont être en capacité d’absorber des firmes du Nord, bureaux d’études inclus. Dans le cas d’Arcelor Mittal, il est patent de constater que les nouveaux propriétaires ont une logique de totale maîtrise des brevets et autres technologies d’ex-Arcelor pour ensuite faire « redescendre » la production physique au Sud dans des pays à moindres coûts salariaux. Ce point de la détention des firmes du Nord est une variable rarement prise en compte alors qu’elle vient nuancer les perspectives capitalistes de la relocalisation.

  • 5. L’Occident est actuellement confronté à un chômage de masse du fait de la crise et il est établi que le plein-emploi est une gageure pour nombre de pays à horizon dix ans. Or, la réindutrialisation envisagée à partir de l’atout des hautes technologies ne sera pas « labour-intensive » puisque le process de production ne nécessite que peu de main d’œuvre.

En quoi les technologies de pointe américaine (et occidentales) permettent-elles de gagner du temps ?

S’agissant des technologies américaines, il faut être lucide : l’Amérique a réussi une symbiose rare et percutante entre le monde de l’université (celui du savoir et des découvertes) avec le monde de l’innovation et du prototypage (pré-industrialisation).
Par conséquent, elle fait dans bien des domaines la course en tête d’autant qu’elle est un pays attractif pour de nombreux chercheurs. Certains informaticiens indiens brillants et réputés ont accepté de quitter leur pays pour rejoindre, à des conditions inégalables, des centres de recherches nord-américains.
Le premier élément de gain de temps, pour l’Amérique, c’est donc sa capacité à attirer les meilleurs ("brain-drain") et à les fidéliser.
Le deuxième élément nous ramène à une phrase du rapport de François Dalle (ex-patron de L’Oréal) et de Jean Bounine : "Une entreprise ne se limite pas à la simple juxtaposition de capital et travail. Une entreprise, c’est du capital, du travail et une organisation, composante essentielle du "facteur résiduel" des économistes". (1987 : page 68, "Pour développer l’emploi").
Les technologies de pointe supposent une organisation en réseaux et en îlots de créativité qui nous éloigne des concepts matriciels. Ce que l’on nomme "time to market", c’est à dire le temps requis entre la découverte et la mise du produit sur le marché est souvent plus faible aux Etats-Unis par le truchement d’organisations performantes comme le furent les "Bell labs" il y a quelques dizaines d’années.
Pour notre part, nous estimons que la montée en gamme de la Chine sera inexorable mais que ce grand pays mettra quelque temps avant d’optimiser son facteur résiduel. Rappelons que cette notion de facteur "résiduel" était à l’origine de près de la moitié de la croissance française dans les années 70 selon Edmond Malinvaud alors directeur général de l’INSEE. Il inclut notamment les externalités positives.
Pour prendre un exemple concret, le cas de la dématérialisation de la monnaie grâce aux technologies NFC incorporées aux caisses des hypermarchés et à nos smartphones a tout intérêt à être physiquement proches des consommateurs (maintenance, etc.) d’autant qu’elles évoluent fréquemment.
Lors d’un débat assez récent (19 mars 2012 au collège des Bernardins, voir site "La Fabrique de l’industrie"), Jean-Louis Beffa (Président d’honneur de Saint-Gobain et président de Lazard Asie) déclarait : "Même si le déclin industriel est inquiétant dans tous les pays occidentaux, il n’enterrera jamais les Etats-Unis". Le même type de raisonnement peut probablement être tenu vis à vis des avantages concurrentiels du Japon qui ont toutefois deux défis fort pénalisants : le coût croissant de l’énergie, la pyramide des âges de leurs travailleurs dans une société vieillissante.

La France est-elle aussi avancée que les Etats-Unis en matière de technologies de pointe, de matériel susceptible de faire gagner du temps ?

On voudrait – pour bien des raisons pouvoir répondre un "oui" sans ambages – mais la lucidité conduit à plus de réserve.
Tout d’abord, comme l’a rappelé le rapport de Louis Gallois, il y a un fossé à combler entre le système éducatif et l’entreprise. Ceci ne favorise pas l’émergence d’esprits pionniers et créatifs. Nous sommes trop souvent des défenseurs de l’intelligence reproductive qui conduit à des innovations graduelles (de type incrémental) par opposition à des innovations de type "break-through" (de type radicalement nouvelles).
Qu’il s’agisse du Professeur Luc Montagné (virus VIH) ou de Roland Moreno (inventeur de la carte à puce), la France a du mal à reconnaître le talent de ces inventeurs et des hommes et des femmes dont le savoir engendre des sauts technologiques.
Loyalement, nous ne sommes pas dans la même configuration que les Etats-Unis pour plusieurs raisons :
  • 1. Aversion au risque de notre système bancaire et financier.
  • 2. Certaines réussites nous placent en tête : ICM (Institut du Cerveau et de la Moêlle épinière) et quelques autres biotechnologies.
  • 3. D’autres réussites s’essoufflent faute de volonté politique commune comme Arianespace (voir déclarations de François Auque : Président d’Astrium, filiale espace d’EADS).
  • 4. Poids excessif d’une approche cartésienne là où les Etats-Unis misent au moins autant sur la "serendipity" (sérendipité) qui correspond à la notion de découverte fortuite. Voir certains succès pharmaceutiques fondés sur ce principe.

Fort de ce constat, notre pays n’est pas aussi bien placé dans la compétition que les Etats-Unis mais détient toutefois des atouts, notamment la capacité à générer des "circuits courts", c’est à dire à compresser la logistique de distribution et à optimiser ces coûts.
Grâce à des initiatives comme France Clusters et autres incubateurs d’entreprises, notre pays compte des milliers de gens prêts à relever le défi de la réindustrialisation et selon la logique du BCG, nous devrions y parvenir sous dix ans. Encore faut-il que les yeux de certains soient rivés sur cette ligne d’horizon.
Un exemple ?  L’hasardeux manque de synergies internes au CEA qui compte tout de même 1750 filiales dont certaines mériteraient de "chasser en meute"  (terme cher au Président Beffa) au lieu de travailler intensément mais de manière disruptive donc déceptive pour la collectivité. 
(Propos recueillis par Julie Mangem

En savoir plus sur http://www.atlantico.fr/decryptage/et-dernieres-innovations-technologiques-permettaient-ramener-en-europe-et-aux-etats-unis-emplois-partis-en-chine-jean-yves-arche-562331.html#Orv3kUQ2Yz7SdQch.99 

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