Mercredi 7 Mars 2012 à 01:13 | Lu 13307 fois I 54 commentaire(s)
LAURELINE DUPONT - MARIANNE
Journaliste politique à Marianne, chargée du suivi de la droite et du centre En savoir plus sur cet auteur
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Invité de l'émission «Des Paroles et des actes» sur France2, le président-candidat a déclenché l'opération humanisation. Victime des médias, malmené par son propre camp, et, même, par sa propre famille en 2007, parfois incompris des Français auquel il tient tant, Nicolas Sarkozy a souffert, aimé, fait des erreurs, comme un homme... normal. Ça vous rappelle quelqu'un ?
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Il était une fois, un nouveau candidat (pour la deuxième fois). « Un homme comme les autres », a-t-il lui-même conclu l'émission, comme s'il tenait par dessus tout à ce que l'on ne retienne que cela. Rejeté par les élites parce qu'il « ne leur ressemblait pas ». Pas de diplôme de l'Ena en poche (où, contrairement à ce qu'il a laissé entendre, on n'apprend pas Molière), tout juste une vague expérience de président de la République à son actif. Sur le plateau de l'émission « Des paroles et des actes », l'original s'est contenté de raconter aux Français ses amours, ses qualités, ses défauts. Sans « impudeur » - il n'aime pas ça - mais avec franchise. Son arme de séduction, de conviction ? Sa normalité.
Hollande n'a qu'à bien se tenir, le Sarkozy nouveau est arrivé ! Et il lui ressemble étrangement. Tandis que la droite dans sa totalité, raillait quelques semaines plus tôt la troublante normalité du candidat socialiste (c'était le candidat qui connait « Monsieur Dugenou » avait dit Sarkozy lui-même ), voilà que le président endosse à son tour ce costume déringardisé comme par magie. Objectif : humanisation.
Jeté aux orties le veston étriqué et froid de magistrat suprême, Nicolas Sarkozy est candidat et cette posture nouvelle implique un relooking express. Pour être sûr d'être à la mode des Français, mieux vaut copier le favori des sondages, voire, lui voler son rôle de challenger. La victime des médias, le mal-aimé des enquêtes d'opinion ? « C'est moi ! », semble crier le président-candidat, manifestement convaincu que le rejet médiatique de sa personne lui assurera l'adhésion du peuple français.
Alors qu'un escadron de journalistes tente de « dire aux Français ce qu'ils doivent faire », le candidat Sarkozy passe outre ces « corps intermédiaires », bien décidé « à rendre l'élection » au peuple. Et pour que ce dernier penche en sa faveur le moment venu, l'aspirant au trône élyséen est apparu résolument déterminé à prouver et à démontrer la presque banalité de son être. Démonstration.
En homme normal, le candidat de la droite a subi les critiques et la souffrance. Mésestimé par les siens, il a dû affronter l'épreuve de la campagne présidentielle de 2007 : « Je me demande si on a vécu la même campagne en 2007, ça a été très difficile pour moi. En 2005, s'est créé le "tout sauf Sarkozy" et même dans mon propre camp. Je n'avais pas la bonne coiffure, pas le bon positionnement. »
Finalement, en dépit des réticences des uns et des autres, le courageux a gagné l'élection. Grâce aux Français. S'il l'emporte à nouveau ? Il dédiera « sa victoire à tous ces braves gens qui font partie de la majorité silencieuse ». Et pas question de réitérer l'erreur du Fouquet's, si victoire il y a, Sarkozy la fêtera « avec [sa] femme et [ses] enfants », en toute simplicité. Avant d'être président, il est surtout mari et père de famille. Cette fois-ci, « je n'aurai pas besoin d'être hébergé ailleurs », poursuit-il pour rappeler à ceux qui l'auraient oublié que, « comme des millions de Français », il a connu des problèmes de couple et un divorce douloureux.
Séquence confidence : ce qui lui permet de tenir ? Son « énergie », sa principale qualité selon lui.
Mais attention, Sarkozy est comme tout le monde, il a aussi ses défauts. Il s'énerve, jure, insulte, parfois, comme au salon de l'Agriculture. Puis, il regrette, parce qu'au fond, Sarkozy reste un homme bien : « Je n'aurais pas du dire ça au salon de l'agriculture. Il y avait quelqu'un avec un téléphone portable, on a fait un million et demi de vues, j'étais malade mais je n'aurais jamais du le faire. »
Quand il s'adresse à ces homologues étrangers, il le fait avec une aisance et une familiarité surprenantes. Il tape sur l'épaule de l'un, interpelle l'autre par son prénom - « Hey Barack ! » - et leur parle comme s'il s'agissait de vieux copains de fac. Il est vrai Sarkozy. Sincère, entier. Il n'est pas le candidat du peuple, il est le peuple. Un président ne doit-il pas faire attention à ne pas désacraliser la fonction ? C'est en tout cas ce que de nombreux observateurs martèlent à longueur de journée. Mais Sarkozy s'en fiche. Il n'est plus président, il est candidat.
FACE À FABIUS, SARKOZY REVENDIQUE SON BILAN
Face à Laurent Fabius, Nicolas Sarkozy a paru changer de registre et même de stratégie. Depuis trois semaines, et même dans la première partie du débat lorsqu'il a évoqué la nécessité de baisser les flux d'immigration, il a semblé vouloir attaquer la campagne par sa droite en réitérant son hold up électoral de 2007 vis à vis des électeurs lepénistes. D'où ses sorties sur l'immigration et l'insécurité, thématiques fondamentales du Front national.
Face à l'ex-Premier ministre de François Mitterrand, Sarkozy a choisi, au contraire, de défendre et de valoriser son bilan. Il a, sur ce point, bien répondu à Laurent Fabius quand ce dernier lui rappelait qu'il avait prétendu être le président du pouvoir d'achat, en citant des statistiques indiquant que le pouvoir d'achat avait progressé de 1,4% par an. Le seul souci est que ce chiffre ne correspond sans doute en rien au ressenti des Français, qu'ils fassent partie de la classe ouvrière ou des classes moyennes. Ce qui témoigne pour le moins du divorce profond qui s'élargit entre les statistiques économiques et le commun des mortels. Sur l'avenir, le candidat-président a annoncé deux mesures quelque peu floues: la baisse de l'accès à certaines prestations sociales pour les immigrés dont il a annoncé qu'il voulait diviser par deux les titres de séjour; l'augmentation de l'impôt des sociétés pour les groupes du CAC 40.
Le candidat s'est également bien battu sur le front des libertés démocratiques en rappelant sa décision de confier la Cour des comptes au socialiste Migaud et la Présidence de la Commission des finances au PS. Nicolas Sarkozy a également annoncé que la proportionnelle qu'il voulait instaurer pour les législatives concernerait 10 à 15% des sièges. Mais Fabius a eu le dernier mot en citant ... Sarkozy cuvée 2007, lorsque, alors candidat, il avait déclaré sur France 2 que si le chômage passait à 10% - on y est presque - il devrait reconnaître que son quinquennat avait été un échec. La thématique du bilan est sans doute plus honorable que celle sur l'immigration. Mais elle aura du mal à faire mouche. Que l'on attrape pas avec du vinaigre...
Mais Fabius a eu le dernier mot en citant ... Sarkozy cuvée 2007, lorsque, alors candidat, il avait déclaré sur France 2 que si le chômage passait à 10% - on y est presque - il devrait reconnaître que son quinquennat avait été un échec. La thématique du bilan est sans doute plus honorable que celle sur l'immigration. Mais elle aura du mal à faire mouche. Que l'on attrape pas avec du vinaigre...
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