Repenser l'UE à la lumière de Havel
Les déficits démocratiques de l'Union européenne ne sont certes pas comparables au système totalitaire qu'a combattu le dissident tchèque. Mais les élites européennes seraient bien inspirées de "vivre dans la vérité" et de se mettre à l'écoute des citoyens.
19.12.2011 | Michael Fleischhacker | Die Presse

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Dessin de Corax, Serbie.
Avec Vaclav Havel disparaît cet homme qui incarne comme aucun autre l'"annus mirabilis" 1989. La "révolution de velours" qu'a conduite celui qui allait devenir le président tchécoslovaque, puis tchèque, a marqué la fin du socialisme d'Etat de type soviétique. Elle a ouvert la voie à la "réunification de l'Europe" qui a trouvé son terme provisoire le 1er mai 2004. Avec cet "élargissement à l'Est", le "projet de paix Europe" a connu son apogée, les nouveaux pays membres interprétant surtout leur "retour en Europe" comme la "fin de la Deuxième Guerre mondiale". Puis sont venues les difficultés en rase campagne (traité de Nice, Constitution, traité de Lisbonne, etc.)
Après la disparition de Vaclav Havel, dans cette Europe réunifiée qui serait difficilement pensable sans lui, la question se pose de savoir comment "vivre dans la vérité". Le discours de Havel sur le mensonge et la vérité se fondait sur sa conviction, elle-même nourrie de son expérience, que l'usage dévoyé de certains concepts – la "sauvegarde de la paix" signifiant par exemple la dictature militaire – était un moyen décisif pour maintenir des systèmes de domination qui condamnent les citoyens à vivre dans l'aliénation.
Il n'est pas question d'aller si loin dans le sillage de certains adversaires de l'Union européenne qui parlent d'"UERSS" pour voir que dans l'Europe actuelle une bonne dose de clarté du discours est sacrifiée à la stabilité institutionnelle. Ce serait une aberration de comparer les institutions européennes et les appareils du pouvoir actuel aux systèmes totalitaires du passé. Mais on devrait tendre l'oreille quand une élite politique utilise le concept de "solidarité" pour prendre des décisions d'envergure sans y impliquer les citoyens.
Il serait également exagéré de considérer de la même manière les mouvements de contestation tels Occupy Wall Street ou les "indignés", qui s'en prennent à la domination à leurs yeux totalitaire de l'industrie de la finance ; la comparaison conviendrait plutôt à la contestation actuelle des citoyens russes contre la poutinocratie. Mais il serait raisonnable de reconnaître que, dans les démocraties libérales du monde libre, il y a des signes de plus en plus nets que ce que font les gouvernants sert davantage au maintien des structures de domination qu'aux objectifs allégués.
Une bonne partie de ce qu'a rêvé Vaclav Havel concernant l'avenir européen s'est vraiment réalisée. En mémoire de ce grand homme, il conviendrait, tout en tenant compte de ce qui a été atteint et en sachant en reconnaître la valeur, de rester sensible aux dangers de l'instrumentalisation croissante de l'individu pour les objectifs des dominants.
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