Pascal Lamy: «Les dirigeants mondiaux sont épuisés par cette crise»
OMC | La huitième conférence de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) s'ouvre aujourd'hui à Genève, sur fond de négociations en panne et de crise financière. Son directeur général s'est confié au quotidien «Le Temps». Extraits.© Keystone | Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, avoue que la crise actuelle sape l'autorité et la légitimité des grands dirigeants.
Marion Moussadek | 15.12.2011 | 09:48
Non, ce n'est ni une réunion de négociations, ni une réunion de crise, assure en substance Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du Commerce, dont la huitième conférence s'ouvre ce jeudi à Genève. A en croire le Français, c'est une simple réunion qui donne l'occasion de «faire le point sur l'ensemble des activités de l'OMC», confie-t-il au quotidien Le Temps ce jour.
Une simple réunion entre décideurs mondiaux? Pas vraiment, quand on sait que la Conférence ministérielle est l'organe de décision suprême de l'organisation et que sa fréquence de rassemblement est de l'ordre de... une fois tous les deux ans. Le grand raout a commencé à Singapour en 1996, et compte tenu du trou béant de 2005 à 2009 dû au blocage des négociations du cycle de Doha, ce n'est donc que le huitième rassemblement du genre entre les représentants de... 153 pays. En plus, cette année, un nouveau venu fera beaucoup parler de lui: la Russie entre dans le cercle de ces décideurs après avoir attendu pas moins de... 18 ans.
Des dirigeants essorés
Pascal Lamy a beau dire qu'il «passe [son] temps à parler aux responsables politiques et économiques» et qu'il «poursuit [sa] mission avec autant d'énergie» qu'avant, son entretien avec le quotidien Le Temps respire la fatigue et l'usure: à plusieurs reprises, il y évoque «le déficit d'énergie chez les décideurs pour répondre aux défis internationaux»; parle de «ces compromis [qui] nécessitent une énergie politique qui, pour l'instant, fait défaut»; et déplore l'atmosphère des grands sommets: «Au dernier G20, j'ai vu les dirigeants mondiaux crispés, fatigués et épuisés par cette crise qui sape leur autorité, leur base politique, leur légitimité et leur confiance.
Pire, sur le plan des solutions pour sortir de la crise, le dirigeant français fait un constat amer: «nous voyons des signaux qui ne vont pas dans le bon sens [...] Le système international ne peut pas aller bien si ses composants nationaux vont mal [...] Le chacun pour soi qui se répand nous éloigne de la sortie de crise.» Le sujet de son anxiété? «Je suis préoccupé par le resserrement du crédit et donc le financement du commerce».
Des négociations en panne
L'ambition de ce sommet qui s'ouvre aujourd'hui à Genève est à la hauteur de ce contexte morose: «bouger les positions des négociateurs dans le cycle de Doha», en panne depuis des années: si cinquante décisions précisent, certes, les obligations des gouvernements des pays en développement en ce qui concerne l'agriculture, les subventions, les textiles et les vêtements, les obstacles techniques au commerce, les mesures liées aux investissements et au commerce, il n'en reste pas moins que la mise en oeuvre de ces accords obtenus de haute lutte est quasiment au point mort depuis...2001. Soit une décennie.
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