François Hollande, du salaire de Sarkozy à celui des Français
Daniel Bernard - Marianne | Jeudi 10 Novembre 2011 à 05:01 | Lu 7743 fois
Discourir du salaire du Président de la République, c'est bien. S'engager sur les revenus des Français, c'est mieux ! Retour sur une polémique qui dure.

Depuis trois jours, les meilleurs esprits de notre République rivalisent de commentaires piquants et de grands principes au sujet du salaire du chef de l’Etat. A l’origine de cette joute d’un parfait classicisme, François Fillon, qui prétend à l’exemplarité à l’heure où les ménages sont appelés à percer un trou supplémentaire à leur ceinture déjà serrée à bloc. Le Premier ministre aurait-il voulu détourner l’attention des autres mesures de son plan d’austérité, qu’il n’aurait agi différemment…
Pourtant, s’il faut débattre de ce point mineur, autant ordonner ses idées. Et se préoccuper de l’essentiel plutôt que de se perdre dans l’anecdote.
Premier sujet : baisse ou pas baisse ? « Le salaire des membres du gouvernement et du président de la République sera gelé jusqu'au retour à l'équilibre strict des finances publiques », a déclaré le Premier ministre. Immédiatement, les doctes spécialistes des finances publiques ont signalé que le gel était déjà décidé pour 2010 et 2011. L’effort vaut donc pour 2012 et 2013, ce qui laisse au chef de l’Etat, comme aux ministres, le temps de voir venir. Pas de doute sur ce point : Fillon enfume.
Second sujet : le président est-il trop payé ? Interrogé sur France 2 au soir de l’annonce du plan de rigueur, François Hollande a réaffirmé son engagement, annoncé lors des primaires citoyennes sur Marianne2 : élu, il amputerait son propre traitement de 30%. Il se contenterait donc de 15 000 euros mensuels, contre plus de 21 000 euros à l’actuel titulaire du poste. Par ce geste, le candidat socialiste souhaite marquer le contraste avec le « président des riches », auquel une partie de l’opinion reproche d’avoir augmenté son salaire de 172% dans le cadre d’une refonte générale du budget de l’Elysée.
Néanmoins, le coup tactique de François Hollande ne répond pas à la question suivante : combien «vaut» un président ? Pour Marine Le Pen, le traitement du chef de l’Etat ne devrait pas dépasser celui d’un parlementaire, soit 5 200 euros net mensuels. Un pécule misérable, en comparaison du salaires du président de la Commission européenne (25 000 euros) ou du président des Etats-Unis (24 000 euros), mais néanmoins comparable avec les 6500 euros du Premier ministre espagnol. En réalité, pareille comparaison relève du ping-pong politicien, faute d’une expertise fine et exhaustive de la comptabilité des différents chefs d’Etat (résidence, transport, représentation, réception, retraite etc. ).
En outre, le coût de la démocratie mérite d’être totalement repensée en France, ce qui implique notamment d’augmenter les indemnités des élus locaux. Qui osera ce débat-piège, au risque de heurter des citoyens qui se défient de leurs représentants ?
Dès lors qu’il est question de salaire, de symbole et d’exemplarité, un troisième angle d’attaque s’impose, encore plus explosif que le précédent. Depuis des lustres, des wagons de penseurs de l’économie cherchent à démontrer que seuls l’abaissement du coût du travail et l’allègement du fardeau des prestations sociales permettra à la France de jouer sa carte dans la mondialisation. Profitant de la crise, cette petite musique se diffuse de manière toujours plus insidieuse. Dès lors, il se pourrait que le coup de rabot sur le traitement présidentiel ne serve de prétexte à une baisse généralisée des salaires. Telle est notamment l’interprétation du député PS de Paris Jean-Marie Le Guen, qui sonne l’alarme : «l’idéologie déflationniste est mortifère. C’est celle de l’Allemagne, qui privilégie la rente, sur laquelle Sarkozy s’aligne de plus en plus ouvertement».
Ainsi, de fil en aiguille, le débat un peu creux sur le salaire du président pourrait conduire les candidats à l'élection présidentielle à s'engager sur le salaire des Français. Y compris François Hollande, qui fait encore mystère de ces choix économiques les plus lourds.
Pourtant, s’il faut débattre de ce point mineur, autant ordonner ses idées. Et se préoccuper de l’essentiel plutôt que de se perdre dans l’anecdote.
Premier sujet : baisse ou pas baisse ? « Le salaire des membres du gouvernement et du président de la République sera gelé jusqu'au retour à l'équilibre strict des finances publiques », a déclaré le Premier ministre. Immédiatement, les doctes spécialistes des finances publiques ont signalé que le gel était déjà décidé pour 2010 et 2011. L’effort vaut donc pour 2012 et 2013, ce qui laisse au chef de l’Etat, comme aux ministres, le temps de voir venir. Pas de doute sur ce point : Fillon enfume.
Second sujet : le président est-il trop payé ? Interrogé sur France 2 au soir de l’annonce du plan de rigueur, François Hollande a réaffirmé son engagement, annoncé lors des primaires citoyennes sur Marianne2 : élu, il amputerait son propre traitement de 30%. Il se contenterait donc de 15 000 euros mensuels, contre plus de 21 000 euros à l’actuel titulaire du poste. Par ce geste, le candidat socialiste souhaite marquer le contraste avec le « président des riches », auquel une partie de l’opinion reproche d’avoir augmenté son salaire de 172% dans le cadre d’une refonte générale du budget de l’Elysée.
Néanmoins, le coup tactique de François Hollande ne répond pas à la question suivante : combien «vaut» un président ? Pour Marine Le Pen, le traitement du chef de l’Etat ne devrait pas dépasser celui d’un parlementaire, soit 5 200 euros net mensuels. Un pécule misérable, en comparaison du salaires du président de la Commission européenne (25 000 euros) ou du président des Etats-Unis (24 000 euros), mais néanmoins comparable avec les 6500 euros du Premier ministre espagnol. En réalité, pareille comparaison relève du ping-pong politicien, faute d’une expertise fine et exhaustive de la comptabilité des différents chefs d’Etat (résidence, transport, représentation, réception, retraite etc. ).
En outre, le coût de la démocratie mérite d’être totalement repensée en France, ce qui implique notamment d’augmenter les indemnités des élus locaux. Qui osera ce débat-piège, au risque de heurter des citoyens qui se défient de leurs représentants ?
Dès lors qu’il est question de salaire, de symbole et d’exemplarité, un troisième angle d’attaque s’impose, encore plus explosif que le précédent. Depuis des lustres, des wagons de penseurs de l’économie cherchent à démontrer que seuls l’abaissement du coût du travail et l’allègement du fardeau des prestations sociales permettra à la France de jouer sa carte dans la mondialisation. Profitant de la crise, cette petite musique se diffuse de manière toujours plus insidieuse. Dès lors, il se pourrait que le coup de rabot sur le traitement présidentiel ne serve de prétexte à une baisse généralisée des salaires. Telle est notamment l’interprétation du député PS de Paris Jean-Marie Le Guen, qui sonne l’alarme : «l’idéologie déflationniste est mortifère. C’est celle de l’Allemagne, qui privilégie la rente, sur laquelle Sarkozy s’aligne de plus en plus ouvertement».
Ainsi, de fil en aiguille, le débat un peu creux sur le salaire du président pourrait conduire les candidats à l'élection présidentielle à s'engager sur le salaire des Français. Y compris François Hollande, qui fait encore mystère de ces choix économiques les plus lourds.
Enfin la logique.Pour un problème global il faut une solution globale. L’exemplarité.BRAVO
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