Comment la Grèce met en péril l'ensemble de la zone euro
Le Point.fr - Publié le 02/11/2011 à 14:35 - Modifié le 02/11/2011 à 14:44
La simple perspective d'un référendum a semé la panique sur les marchés financiers. La crédibilité de la monnaie unique est en jeu.
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L'annonce du Premier ministre grec a "surpris toute l'Europe". Cet aveu de Nicolas Sarkozy mardi à la sortie d'une réunion d'urgence à l'Élysée laisse deviner dans quel désarroi Georges Papandréou a plongé ses homologues européens en décidant la tenue d'un référendum sur le nouveau plan de sauvetage quelques jours seulement après son adoption.
Car un non du peuple grec signifierait probablement la faillite pure et simple de l'État grec. C'est l'avis de l'économiste chypriote Christopher Pissarides, lauréat du prix Nobel : "En cas de victoire du non, la Grèce ferait défaut immédiatement", juge-t-il. Le président français a d'ailleurs prévenu : "La solidarité de tous les pays de la zone euro ne saurait s'exercer sans que chacun consente aux efforts nécessaires." Et sans aide européenne, la Grèce ne peut plus honorer ses engagements. Le pays pourrait même se retrouver incapable de payer ses fonctionnaires à la fin du mois, sans le versement annoncé de la sixième tranche du premier plan d'aide de mai 2010.
Effet domino ?
La situation est suffisamment grave pour qu'une réunion de crise soit organisée entre Georges Papandréou, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, le président de l'Union européenne et la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde, mercredi après-midi à Cannes, juste avant la tenue du G20. Mais on voit mal ce qui pourrait en sortir, Nicolas Sarkozy ayant lui-même fait savoir que "le plan adopté jeudi dernier à l'unanimité par les 17 États de la zone euro est la seule voie possible pour résoudre le problème de la dette grecque".
C'est pourtant la survie même de la zone euro qui se joue en cas de référendum. La simple perspective de la consultation du peuple grec - encore suspendue au soutien du Parlement - a de quoi faire paniquer les investisseurs. Effrayés par de lourdes pertes potentielles sur la dette grecque, ils pourraient encore plus fuir la dette irlandaise, portugaise, espagnole et italienne. Car comment croire que tous ces pays se plieront longtemps à la rigueur pour honorer leur dette quand le peuple grec, lui, menace de dire stop ?
Un "non" augmenterait encore le risque d'un effet domino, un défaut de paiement déclenchant à coup sûr l'activation des CDS, ces titres d'assurances souscrits par certains investisseurs pour se prémunir d'un non-remboursement. Les spéculateurs qui ont massivement parié contre la Grèce seraient récompensés, avec le risque de voir se déclencher des attaques spéculatives contre d'autres pays et contre tout le système bancaire.
Retour à la drachme
La France ne serait pas à l'abri, après les alertes des agences de notation sur le maintien de sa note AAA. Les taux d'intérêt sur ses titres de dettes à 10 ans ont d'ailleurs déjà commencé à augmenter. Face à un tel scénario, le pare-feu dressé par la zone euro pourrait se révéler insuffisant, même avec l'effet de levier décidé le 26 octobre pour augmenter sa force de frappe. Le fonds de secours (FESF) n'a pas la puissance suffisante pour venir en aide à l'Italie, dont la dette atteint 120 % du PIB, et à l'Espagne. D'autant que ses moyens d'action reposent en grande partie sur la note souveraine de la France !
La question de la sortie de la Grèce de la zone euro serait par ailleurs de facto posée : privée d'aide européenne, incapable de se refinancer seule sur les marchés financiers, Athènes n'aurait d'autre choix que de quitter la monnaie unique. Avec des conséquences dévastatrices pour le pays lui-même, mais aussi pour l'avenir de l'euro. Cela montrerait que l'adoption de l'euro par un pays est réversible et porterait un grave coup à sa crédibilité comme monnaie d'échange internationale. Laurence Parisot, la patronne des patrons français, a d'ailleurs déjà appelé les dirigeants européens à se préparer juridiquement à cette issue pour parer à un risque d'éclatement pur et simple de la monnaie unique.
Paradoxalement, les dirigeants européens pourraient faire pression sur le gouvernement grec pour que la question du référendum porte sur le maintien ou non de la Grèce dans la zone euro. Avec l'espoir que les Grecs ne prennent pas le risque de répondre par la négative. Ou qu'ils portent seuls la responsabilité de l'échec européen.
Espérons que Papandreou sera du passe le Vendredi 4 novembre 2011.
ΑπάντησηΔιαγραφήEspérons qu'il n'obtiendra pas le vote de confiance au Parlement grec.