Un autre monde (2e partie)
Dans le premier billet je posais des questions sur la nature de la matière et de la réalité: bien que les murs soient presque vides, nous ne pouvons pas les traverser par une simple décision. Un champ puissant fait écran à nos particules. Si même nos atomes pouvaient se glisser entre les atomes du mur, leur structure risquerait d’être disloquée sans garantie de se reconstituer de l’autre côté.

Ouvert à tout mais ayant besoin de vérifier je questionnais entre autre la possibilité d’influencer le corps, et la maladie, par la pensée ou par une disposition psychique. Cette hypothèse accompagne l’humanité depuis très longtemps. Les religions supposaient déjà l’existence d’un lien, quand elles associaient la maladie au péché et quand les prophètes pratiquaient l’art de guérir par les mains au nom de Dieu.
Plus près de nous, la psychologie comme la médecine admettent l’importance du stress et des émotions dans l’espace de la maladie, soit comme co-facteur favorisant le développement des pathologies, soit comme soutien à la réparations du corps. Certaines cultures, comme celle des amérindiens, vont plus loin en associant l’individu, sa santé et son énergie à son environnement planétaire et aux grands symboles de la nature - les éléments et le monde animal, par exemple. Dans cette démarche, ce que l’on nomme un «gri-gri» peut simplement être un support symbolique incitant le patient à penser à ce qui doit le guérir.
On entre là dans un monde étrange, où un ressenti, une joie, une peur, seraient susceptibles de modifier l’état de nos cellules. Admettre cette hypothèse, ou faire ce constat clinique du lien entre le psychisme et le corps, amène à l’inévitable besoin de vérifier. Etre ouvert à toute hypothèse, oui; mais croire sans voir, non.
Mais comment vérifier l’action d’une pensée ou d’une émotion? Par l’observation clinique des modifications positives ou négatives de l’état de santé. Un seul cas ne suffit pas: il faudrait conduire des études à grande échelle pour valider l’interaction entre le corps et le psychisme. La vérification est le point le plus délicat dans une approche psychosomatique. Elle reste nécessaire, tant pour éviter certains écueils que pour valider une voie thérapeutique.
Le premier écueil est de croire que les interactions corps-esprit sont un peu comme de la magie. Cela se passerait on ne sait trop comment, sauf qu’il y faut de la foi et la croyance en une intervention de nature non logique. Je ne suis pas opposé à la foi, et après tout le résultat prime sur toute autre considération. Mais j’aimerais savoir comment cela fonctionne. Je pense que les phénomènes qui touchent le physique doivent avoir une logique. J’admets que la logique en question nous dépasse parce qu’impliquant des paramètres qui nous sont inconnus. Il devrait toutefois y avoir des traces de cette logique, ne serait-ce que dans une certaine répétition des phénomènes.
Un second écueil est de prendre le risque de susciter un espoir sans lendemain chez le patient, voire de lui faire renoncer à des approches rationnelles au profit d’une hypothétique solution miraculeuse.

Le corps, lieu de la vérification
Le corps peut-il donc être influencé par le psychisme - et vice-versa? Dans l’exigence de vérification il y a des débuts de réponses. Un certain nombre de liens et mécanismes sont assez bien connus. Par exemple, un état de stress continu et durable peut déclencher des irritations ou inflammations cellulaires, à cause de médiations neuro-chimiques surstimulées. La production répétée d’adrénaline peut ainsi induire un état congestif de certains organes, réduire l’homéostasie (auto-équilibrage) et faire basculer le corps dans la maladie.
Les hormones et le système nerveux sont de ces médiateurs entre le corps et les émotions. Nous n’en connaissons pas encore tous les effets mais certains sont observables, comme l’hypertension en cas de colère. Le corps manifeste ce que l’émotion exprime.
Inversement, un état d’épuisement physique est de nature à diminuer l’énergie nerveuse et à induire une image dépressive ou négative de soi. Les échanges et interactions semblent aller dans les deux sens et l’on peut aller à la découverte d’une émotion qui irrite notre corps en explorant ses signes et notre ressenti, comme on peut le faire par exemple avec la méthode Gestalt. La vérification est ici plus subjective puisqu’elle tient avant tout au ressenti du patient. Ce ressenti doit s’exprimer sans être induit par le thérapeute.
L’importance du psychisme sur le corps peut s’observer de deux autres manières. L’une est l’effet placebo. L’expérience a montré que le simple fait de croire qu’une pilule contient un agent thérapeutique utile (alors qu’elle n’en contiendrait aucun) suffit à induire le résultat recherché comme si c’était un vrai médicament, et cela chez un nombre important de patients. Pour cette raison les expériences se font avec la technique dite du double aveugle. Un groupe reçoit le vrai médicament, un autre reçoit un placebo. Mais personne ne sait ce qu’il reçoit afin de ne pas influencer le résultat.
L’effet placebo est déroutant parce que l’on ignore les voies corporelles impliquées. Il est possible que cela éveille les circuits de la récompense, diminuant ainsi les circuits de l’agressivité ou de l’inhibition, et permettant au corps de retrouver son homéostasie.
L’autre manière d’observer l’importance du psychisme sur le corps est l’effet de l’attitude du thérapeute et de la relation patient-praticien. J’y reviendrai dans la troisième partie.
Premier billet ici
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