L'ECONOMIE MONDIALE EST UN ENSEMBLE UNIQUE,PSYCHOSOMATIQUE. AUSTÉRITÉ VIATIQUE VERS LA CROISSANCE POUR L'OCCIDENT. Η ΠΑΓΚΟΣΜΙΑ ΟΙΚΟΝΟΜΙΑ ΕΙΝΑΙ ΕΝΑ ΕΝΙΑΙΟ ΣΥΝΟΛΟ,ΨΥΧΟΣΩΜΑΤΙΚΟ.Η ΛΙΤΟΤΗΤΑ ΕΙΝΑΙ Ο ΔΡΟΜΟΣ ΓΙΑ ΤΗΝ ΑΝΑΠΤΥΞΗ ΤΗΣ ΔΥΣΗΣ
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Σάββατο 30 Απριλίου 2011
ELIE ARIE Il en appelle donc la gauche à sortir du « déni de réel » au sujet de la globalisation et de l'Europe.
Globalisation : la gauche peut-elle ôter ses oeillères ?
Elie Arié - Tribune | Vendredi 29 Avril 2011 à 15:01 | Lu 3859 fois
Pour Elie Arié, construire un monde plus juste ne pourra se faire qu'en pensant le monde tel qu'il est aujourd'hui, et non en se référant aux évènements du passé, qui ne se reproduiront pas. Il en appelle donc la gauche à sortir du « déni de réel » au sujet de la globalisation et de l'Europe.
(capture d'écran Dailymotion - roosveltien - cc)
BOURLANGES PRÉFÈRE HOLLANDE À DSK. POURQUOI ?
IMMIGRATION : GUAINO REDEVIENT SOUVERAINISTE
POURQUOI NOUS DEVIENDRONS TOUS DES DÉCROISSANTS
Nous vivons une époque très particulière : une de celles où le monde est en train de changer totalement, comme lors de la chute de l’Empire Romain ou de la fin des empires coloniaux, mais que nous sommes incapables de verbaliser ou de penser, faute d’avoir réussi à la comprendre et à la théoriser : nous sommes pareils aux gens qui vivaient au début de la Renaissance et qui tentaient vainement de lire les grandes évolutions de leur temps avec les grilles du Moyen Âge .
Ce changement radical, majeur et irréversible est évidemment celui de la globalisation de l’économie ; phénomène qui n’en est qu’à ses débuts (le pouvoir des grandes nations comme la Chine ou les USA est loin de décliner), riche de contradictions qui nous permettent d’affirmer qu’elle n’en restera pas éternellement au stade que nous vivons aujourd’hui (la Chine ne continuera pas à acheter toujours les milliards de dollars que les États-Unis continuent d’imprimer pour maintenir leur train de vie ; sa puissance économique ne sera pas éternellement fondée sur le faible coût de sa main d’œuvre ; la moitié de la croissance des USA ne pourra éternellement être absorbée par les salaires astronomiques des dirigeants des grandes entreprises, etc.), mais dont le principe ne sera jamais remis en question : les centaines de millions de Chinois et d'Indiens enfin sortis d’une misère historique et que les pays nantis avaient crue éternelle (et dont ils s’accommodaient fort bien - y inclus leurs « peuples de gauche », qui s’étaient tout aussi bien accommodés de la colonisation) sont définitivement et massivement entrés dans l’Histoire et n’en sortiront plus jamais.
C’est cette perte de repères de l’Europe, grande victime de cette nouvelle redistribution des cartes qu’elle refuse de voir en face, qui explique la disparition de tout discours politique en son sein : car que faire ou que dire, lorsqu’on est dans le déni du réel ? Examinons le cas de la France, particulièrement caricatural : quels sont les discours politiques que nous entendons, et auxquels aucun d’entre nous ne peut croire, puisqu’aucun d’entre nous ne croit réellement à celui qu’il tient lui-même ?
- il y a tous ceux qui nient tout bonnement le phénomène, et qui tiennent toujours le discours primaire du « on va faire comme si la mondialisation n’existait pas » : il n’est pas étonnant de voir le Front National (et ses équivalents dans les autres pays européens) être les grands bénéficiaires de ce réflexe de défense si infantile ;
- ceux qui tentent le même refus du réel à gauche (Mélenchon, le Parti Communiste, et, dans une certaine mesure, Ségolène Royal : « Nous mettrons fin à la mondialisation : vouloir, c’est pouvoir, etc. »), s’adressant à des gens plus politisés, ne peuvent évidemment recueillir la même adhésion et sont condamnés à la marginalisation : quand on est de gauche, on sait que l’avenir n’est jamais dans la réédition du passé (un « nouveau » 1789, une « nouvelle » Commune, un « nouveau » Front Populaire, un « nouveau » Mai 68, etc.) ; l’exemple pathétique en fut donné lors des piteuses manifestations contre le relèvement de l’âge de la retraite à 62 ans ( « Les changements démographiques n’ont aucune influence sur l’âge de la retraite par répartition » : ben voyons ! Parmi ceux qui le proclamaient, il y avait-il un seul assez naïf pour y croire ?) ;
- il y a ceux, plus subtils, qui, tels le fou qui a perdu une nuit ses clés dans une rue mais la cherche dans une autre parce qu’elle est mieux éclairée, déplacent la question de la mondialisation sur celle de « l'Europe libérale » : certes, l’Union Européenne aurait pu (et peut toujours) être construite selon d’autres règles : mais ce débat (bien réel, et qui mérite de vrais combats) n’a pour but que de masquer une réalité incontournable : dans l’économie globalisée qui est celle dans laquelle nous vivons et qu’il n’est ni en notre pouvoir ni dans l’intérêt de la majorité de l’humanité de changer, la social-démocratie et l’Etat-Providence (sans doute le meilleur système que les sociétés aient jamais connu à ce jour, combinant la création de richesses et leur redistribution) sont condamnés.
Tout cela, bien sûr, tous les politiques le savent, mais ne peuvent pas le dire à un électorat qui n’est pas prêt de faire son deuil du monde d’hier, et qui rêve toujours du programme du Conseil National de la Résistance et des Trente Glorieuses ; c’est de là, et de là seulement, que vient cette sensation assez récente des « politiques coupés des préoccupations du petit peuple », que certains attribuent naïvement à leur niveau de vie et à leurs privilèges (comme si Robespierre, Saint-Just, Karl Marx, Jaurès, Blum, Mendès-France, Mitterrand, etc., auxquels ce reproche n’a jamais été fait, avaient été des prolétaires ou des paysans...).
Comment créer un monde plus juste dans le cadre de l’économie globalisée qui est appelée à beaucoup évoluer (nous ignorons comment) mais certainement pas à disparaître ? Tant qu’une réflexion partant du monde tel qu’il est n’aura pas été ébauchée, en faisant le deuil de nos souvenirs ou de nos rêves d’un passé bien souvent idéalisé (parce qu’enfin, peu de siècles auront été aussi horribles que le XXème...), nous resterons condamnés aux pseudo-discours politiques, aux pseudo-campagnes électorales, aux pseudo-grèves et aux pseudo-manifs auxquels ni ceux qui les tiennent ni ceux qui les font ne croient réellement.
« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Mais non, bien sûr : pour voir quelque chose, fais demi-tour, et au lieu de guetter un passé à jamais disparu, regarde vers l’avenir encore vierge de toute théorisation, et, par conséquent, aussi riche de menaces que de promesses : tout reste à inventer ».
Elie Arié - Tribune | Vendredi 29 Avril 2011 à 15:01 | Lu 3859 fois
Pour Elie Arié, construire un monde plus juste ne pourra se faire qu'en pensant le monde tel qu'il est aujourd'hui, et non en se référant aux évènements du passé, qui ne se reproduiront pas. Il en appelle donc la gauche à sortir du « déni de réel » au sujet de la globalisation et de l'Europe.
(capture d'écran Dailymotion - roosveltien - cc)
BOURLANGES PRÉFÈRE HOLLANDE À DSK. POURQUOI ?
IMMIGRATION : GUAINO REDEVIENT SOUVERAINISTE
POURQUOI NOUS DEVIENDRONS TOUS DES DÉCROISSANTS
Nous vivons une époque très particulière : une de celles où le monde est en train de changer totalement, comme lors de la chute de l’Empire Romain ou de la fin des empires coloniaux, mais que nous sommes incapables de verbaliser ou de penser, faute d’avoir réussi à la comprendre et à la théoriser : nous sommes pareils aux gens qui vivaient au début de la Renaissance et qui tentaient vainement de lire les grandes évolutions de leur temps avec les grilles du Moyen Âge .
Ce changement radical, majeur et irréversible est évidemment celui de la globalisation de l’économie ; phénomène qui n’en est qu’à ses débuts (le pouvoir des grandes nations comme la Chine ou les USA est loin de décliner), riche de contradictions qui nous permettent d’affirmer qu’elle n’en restera pas éternellement au stade que nous vivons aujourd’hui (la Chine ne continuera pas à acheter toujours les milliards de dollars que les États-Unis continuent d’imprimer pour maintenir leur train de vie ; sa puissance économique ne sera pas éternellement fondée sur le faible coût de sa main d’œuvre ; la moitié de la croissance des USA ne pourra éternellement être absorbée par les salaires astronomiques des dirigeants des grandes entreprises, etc.), mais dont le principe ne sera jamais remis en question : les centaines de millions de Chinois et d'Indiens enfin sortis d’une misère historique et que les pays nantis avaient crue éternelle (et dont ils s’accommodaient fort bien - y inclus leurs « peuples de gauche », qui s’étaient tout aussi bien accommodés de la colonisation) sont définitivement et massivement entrés dans l’Histoire et n’en sortiront plus jamais.
C’est cette perte de repères de l’Europe, grande victime de cette nouvelle redistribution des cartes qu’elle refuse de voir en face, qui explique la disparition de tout discours politique en son sein : car que faire ou que dire, lorsqu’on est dans le déni du réel ? Examinons le cas de la France, particulièrement caricatural : quels sont les discours politiques que nous entendons, et auxquels aucun d’entre nous ne peut croire, puisqu’aucun d’entre nous ne croit réellement à celui qu’il tient lui-même ?
- il y a tous ceux qui nient tout bonnement le phénomène, et qui tiennent toujours le discours primaire du « on va faire comme si la mondialisation n’existait pas » : il n’est pas étonnant de voir le Front National (et ses équivalents dans les autres pays européens) être les grands bénéficiaires de ce réflexe de défense si infantile ;
- ceux qui tentent le même refus du réel à gauche (Mélenchon, le Parti Communiste, et, dans une certaine mesure, Ségolène Royal : « Nous mettrons fin à la mondialisation : vouloir, c’est pouvoir, etc. »), s’adressant à des gens plus politisés, ne peuvent évidemment recueillir la même adhésion et sont condamnés à la marginalisation : quand on est de gauche, on sait que l’avenir n’est jamais dans la réédition du passé (un « nouveau » 1789, une « nouvelle » Commune, un « nouveau » Front Populaire, un « nouveau » Mai 68, etc.) ; l’exemple pathétique en fut donné lors des piteuses manifestations contre le relèvement de l’âge de la retraite à 62 ans ( « Les changements démographiques n’ont aucune influence sur l’âge de la retraite par répartition » : ben voyons ! Parmi ceux qui le proclamaient, il y avait-il un seul assez naïf pour y croire ?) ;
- il y a ceux, plus subtils, qui, tels le fou qui a perdu une nuit ses clés dans une rue mais la cherche dans une autre parce qu’elle est mieux éclairée, déplacent la question de la mondialisation sur celle de « l'Europe libérale » : certes, l’Union Européenne aurait pu (et peut toujours) être construite selon d’autres règles : mais ce débat (bien réel, et qui mérite de vrais combats) n’a pour but que de masquer une réalité incontournable : dans l’économie globalisée qui est celle dans laquelle nous vivons et qu’il n’est ni en notre pouvoir ni dans l’intérêt de la majorité de l’humanité de changer, la social-démocratie et l’Etat-Providence (sans doute le meilleur système que les sociétés aient jamais connu à ce jour, combinant la création de richesses et leur redistribution) sont condamnés.
Tout cela, bien sûr, tous les politiques le savent, mais ne peuvent pas le dire à un électorat qui n’est pas prêt de faire son deuil du monde d’hier, et qui rêve toujours du programme du Conseil National de la Résistance et des Trente Glorieuses ; c’est de là, et de là seulement, que vient cette sensation assez récente des « politiques coupés des préoccupations du petit peuple », que certains attribuent naïvement à leur niveau de vie et à leurs privilèges (comme si Robespierre, Saint-Just, Karl Marx, Jaurès, Blum, Mendès-France, Mitterrand, etc., auxquels ce reproche n’a jamais été fait, avaient été des prolétaires ou des paysans...).
Comment créer un monde plus juste dans le cadre de l’économie globalisée qui est appelée à beaucoup évoluer (nous ignorons comment) mais certainement pas à disparaître ? Tant qu’une réflexion partant du monde tel qu’il est n’aura pas été ébauchée, en faisant le deuil de nos souvenirs ou de nos rêves d’un passé bien souvent idéalisé (parce qu’enfin, peu de siècles auront été aussi horribles que le XXème...), nous resterons condamnés aux pseudo-discours politiques, aux pseudo-campagnes électorales, aux pseudo-grèves et aux pseudo-manifs auxquels ni ceux qui les tiennent ni ceux qui les font ne croient réellement.
« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Mais non, bien sûr : pour voir quelque chose, fais demi-tour, et au lieu de guetter un passé à jamais disparu, regarde vers l’avenir encore vierge de toute théorisation, et, par conséquent, aussi riche de menaces que de promesses : tout reste à inventer ».